samedi, avril 20, 2024

Les dérives de la télévision sénégalaise : du leurre populaire à l’exploitation des enfants

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Entre l’an 2000 et 2005, quand les télévisions du monde par le satellite-relais alertait l’opinion internationale sur le suicide social de jeunes africains en forte masse des Sénégalais qui, au nom de « l’ascension sociale fulgurante », s’entassaient dans des bateaux aux voiles sans lendemain, notre télévision valsait dans les couloirs du Palais et le peuple se disait en aparté « Barça ou Barsaak », autrement dit « Partir ou mourir ».

En réponse à ces images audiovisuelles, nous avons écrit le 25 septembre 2005 une lettre ouverte aux Africain (e) s titrée « Notre Télévision nous Leurre » (cf. Lefaso.net).

La libéralisation des chaînes de télévision privées au Sénégal est acquise. En 2006, la première chaine de télévision privée naquit officiellement, suivie de quelques mois par une deuxième.

Et en avant la « TVBOOM » au Sénégal qui déclencha une boulimie populaire audiovisuelle alors que nos télévisions nous servent à tire-larigot du navet qui se nomme « Happyness » ; « Racc » ; « Dakar ne dort » ; « Kaay Bégué » ; « Sen P’tit Gallé », etc. Dans cette carence en programme et en professionnalisme, légère chez les unes (Télévisions), profonde chez les autres, tout y passe :

[tabs type= »horizontal »][tabs_head][tab_title][/tab_title][/tabs_head][tab]le concours des shows de comédie où tout est permis « même mimer l’acte de pisser sur un plateau de télévision » ; prendre un évènement hautement religieux comme le Ramadan pour en faire de la pédagogie du jeûne et de la pénitence à contre cœur ; tourner en dérision d’une façon grossière la maison de la loi sociale dans un « Rirou Turbunal » ; «Un café avec » avec la mise en image en travelling d’un Sénégal hors du sénégalais ; de la publicité mensongère et/ ou dégradante qui sert au monde sans sourciller l’apologie du « Xessal » (dépigmentation éclaircissante) ; « Parlons Santé » en français avec des Sénégalais dont la masse est illettrée de cette langue, alors que la fameuse émission « Weur gui Yaraam » de la même télévision en disait tout sur la santé.[/tab][/tabs]

Cependant, de tous les consommateurs de la Télévision, l’enfant mérite plus d’attention, de révision et d’honnêteté professionnelle de la part du restaurant.

L’alerte populaire que Daaray SEMBENE MPI, Maison de la Pédagogie de l’Image adresse au peuple sénégalais à propos de l’émission télévisée « Sen P’tit Gallé » a débuté en 2011 dès le premier numéro de cette téléréalité destinée aux enfants. En effet, étant donné qu’il est 2 admis par la science audiovisuelle que la télévision est populaire, le 05 octobre 2011, auprès du peuple, nous avons adressé un message au PDG de la télévision en question« : « …. « veuillez » faire censurer l’émission SEN P’.TIT GALLE », (cf. Leral.net ; dakaractu.com ; seneweb.com ; assirou.net, etc.) alors qu’une semaine avant, par un souci pédagogique nous avons déclaré ouvertement à un PDG d’une autre télévision « … veuillez faire revoir le concept de Najemb Gunneyyi (cf. quotidien LAS du 30 septembre 2011 ; Leral.net ; sen24heures.com). En novembre 2012, nous avons publié « Sen P’tit Gallé ou l’exploitation financière des enfants: Trois points qui font de l’émission de la vente aux enchères » cf.Google;

 

A la même période, Daaray SEMBENE- MPI (Maison de la Pédagogie de l’Image) écrit au CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel) en lui faisant la copie des analyses sur le plan pédagogique, psycho-spectaroriel et cognitif des conséquences négatives de Sen P’tit gallé sur l’enfant. A la suite de cette alerte, le CNRA nous répond que le sujet sera soumis à l’Assemblée. A cette note, l’alerte est restée sans suite. En 2014, une autre alerte populaire intitulée « Sen P’tit Gallé » : du marketing mercantile sur le dos des enfants » est lancée. (cf.google). A la suite de cet historique, nous retenons à ce sujet l’ouverture d’esprit du PDG de la télévision serveuse de « Najemb Guneyyi » qui a fait revoir sans appel le concept et a félicité le sens de la responsabilité patriotique et pédagogique de Daaray SEMBENE -MPI. Quant à la télévision serveuse de « Sen P’tit Gallé », elle continue de faire la sourde oreille au profit d’intérêts budgétaires.

Quels seraient les facteurs socio-scientifiques qui font de « Sen P’tit Gallé » une émission dangereuse pour l’enfant ?

SEN P’.TIT GALLE est une émission destinée aux enfants. Le concept est musical sur un script de télé-réalité.

1) A un niveau social : l’image de l’enfant audiovisuel dans la société

Quelle est la réaction que l’on peut avoir devant les images de Sen P’.tit Gallé, selon le statut du téléspectateur et son état d’esprit ? Face à ces images d’enfants, micros à la main, sous les projecteurs, devant un orchestre et un public, chantant la vie et surtout l’amour d’après des textes de chanteurs connus : le frère, la sœur, les parents, téléspectateurs, soucieux d’une éducation à norme sociale peuvent se dire : « troublant». 3 Le frère, la sœur, les parents, téléspectateurs inconscients, pour ne pas dire « simples d’esprit », de l’effet psychologique et comportemental de ce genre d’émission sur l’enfant, pourraient applaudir.

Le pédagogue, qui sue sang et eau pour former un ou une élève ordinaire, sans tambour ni trompette, pour un résultat scolaire extraordinaire, peut se dire : « décourageant ». Pour une spécialiste en pédagogie de l’image audiovisuelle, que nous sommes, avertie de la portée pédagogique et psychologique de l’Image sur l’enfant, en voyant les images de Sen p’.tit Gallé, nous disons : « Troublant ».

Le titre de l’émission « votre petite maison » en dit long sur le cadre socialement déplacé dans le contexte sénégalais. Que le titre signifie littéralement « votre maison des petits » ou « votre petite maison » ou « la maison des enfants », ni l’un ni l’autre ne sied au cadre de vie social référentiel du Sénégal. En outre, la télévision est populaire, c’est un fait social, avec un « effet de réel », selon Christian Metz , alors si cette télévision se dit et à tort, vu sous un angle technique, « Miroir du Sénégal », on ne peut pas concevoir que sa première émission de « télé-réalité » sur la famille sénégalaise se résume en une petite famille ou un p’.tit gallé ou une « maison » où « des petits » mènent la barque.

2°) selon une approche sémiotique : quand l’enfant de Sen P’tit gallé vit la taximonie culturelle de la starmania

Les enfants de Sen P’tit Gallé sont exposés sous, ce que nous appelons, les cinq P de la star, qui constituent les schèmes du star system : paillettes- projecteurs-podium-public-people. Ces cinq P sont lourds à porter par un adulte et c’est trop pour un enfant. Les enfants de Sen p’tit gallé portent déjà les empreintes de la star marquée par le passage de l’ordinaire à l’extraordinaire, d’où les tresses en couleurs, leurs prestations musicales dans les évènements comme le Sommet de la Francophonie à la réception du Prix des Cinq Continents et dans ‘les arbres de noël’. Si l’influence fonctionne, que les parents et les maîtres d’écoles s’attendent que la « tendance » Sen p’tit gallé envahisse les écoles ; si l’influence fonctionne que les Sénégalais s’attendent à une invasion de petits chanteurs.

3°) Sous un angle cognitif : l’enfant est un fan fou

Eu égard à la faculté mentale naturelle chez l’enfant à recevoir fortement les influences, nous pensons que la magie de la télé va fonctionner sur les enfants.

Sen p’.tit Gallé , de même que la défunte émission « Relève bi » conçu sous le concept de prime qui réunit des apprentis chanteurs sur un podium n’apprend rien en matière de création de programme « à ceux qui savent »: TOUT est calqué sur « Star academy », une émission de télé-réalité musicale française qui passait sur TF1 et était présentée par Nikos Aliagas. Après huit sessions de 2001 à 2008, réunissant, en tout, une centaine d’apprentis chanteurs, dont seuls trois (Jenifer, Nolwenn Leroy et feu Grégory Lemarchal) ont connu un succès consécutif, Star academy finit par lasser le public français qui dénonce les limites et la publicité mensongère de l’émission. TF1 reconnaît qu’elle ne peut plus avancer avec et l’émission mourut le 19 Décembre 2008. Contrairement à Star academy qui recrutait des adolescents et des adultes, Sen p’tit Gallé s’intéresse aux « petits ». Et c’est là que se trouve le problème !

[tabs type= »horizontal »][tabs_head][tab_title][/tab_title][/tabs_head][tab]Des enfants exposés au grand public! L’idée de faire accompagner l’enfant par un chanteur connu peut faire développer chez l’enfant le sentiment de vivre l’adulte et la star. Encore, à un niveau cognitif, l’enfant apprenti-chanteur et le téléspectateur-enfant risquent d’être affecté d’homéostasie : en image audiovisuelle et cognition, la relation entre les émotions et la réflexion qui, dans ce cas, peut déclencher l’esprit du fan qui copie machinalement les actes, le comportement et le port vestimentaire de la star adulte. Une telle métamorphose de l’enfant provoque une croissance mentale précoce, laquelle entraîne un risque d’exposition à la pédophilie, à l’alcoolisme et à la drogue. Un tel méfait de Sen P’tit Gallé sur l’enfant est appelé « La métamorphose spirituelle », par le Directeur de l’Organisation Fair Education, M. Modou GUEYE.[/tab][/tabs]

Nous avons bien remarqué que la direction artistique de l’émission tient à habiller décemment les enfants. Mais l’habillement, si correct soit-il, ne peut compenser les dégâts mentaux et comportementaux que ce genre d’émissions peuvent causer à l’enfance. Au cinéma, au théâtre et à la télévision, l’adulte joue un rôle alors que l’enfant y vit un rôle qu’il prolonge en petit ou en grand format dans la vie réelle. C’est juste la réalité à retenir dans le traitement de l’image chez l’enfant. L’histoire nous rappelle que nombreux sont les enfants mis sous les projecteurs qui ont une triste histoire. Pour ne pas tous les citer ici, nous retenons la vie bouleversée de presque tous les Jackson five ; le petit chanteur Jordy dont le succès international précoce a divisé sa 5 famille pour un problème d’argent ; le même Jordy qui a vécu plusieurs cures de désintoxication ; l’enfant-acteur Macaulay Culkin, dans « Maman, j’ai raté l’avion », qui a connu le même sort que Jordy, et ont tous les deux eu une ascension fulgurante qui a fini par une chute brutale et prématurée.

Psychologiquement, l’enfant-star digère durement les échecs, et cette règle est internationale, car il est mentalement difficile pour l’enfant-star de gérer l’absence d’intérêt médiatique. Pour en être convaincu, allez demander à travers le monde comment finissent les enfants-star qui ont connu une chute ou une absence médiatique (exemple :Anissa Jones dans Chez Oncle Bill, Lindsay et Sidney Greenbush dans La petite maison dans la prairie, Mary-Kate et Ashley Olsen dans La fête à la maison, etc.»). Faites une recherche objective, selon une dimension heuristique, sur la vie des stars sénégalaises qui ont débuté leur carrière dès l’enfance ou l’adolescence.

Pour un cas que nous maîtrisons, le nôtre, pour vouloir devenir réalisatrice dès l’âge de 13 ans, notre père spirituel Sembène Ousmane nous donne une leçon de la vie en ces termes : « Les études d’abord, le cinéma après » ; plus tard la leçon sembénienne nous dit « L’art est tellement passionnant que quand vous y mettez tôt, il est fort probable que vous y restez toute la vie et sans partage … ». [tabs type= »horizontal »][tabs_head][tab_title][/tab_title][/tabs_head][tab]Le rapport entre image et enfant comporte une forte dose pédagogique. Pour en être convaincu, allez interroger le fin esprit du premier pédagogique africain de l’image audiovisuelle, SEMBENE Ousmane, qui déclarait urbi orbi « Le cinéma est une école du soir » et le même Sembène qui fait dire à la mère de FAAT Kiné, (film, en 2000), s’adressant à ses petits-enfants : « Vous avez reçu l’éducation de la Télévision. ».[/tab][/tabs]

De 7 à 77 ans, à tout niveau intellectuel, de tout peuple, avec toute bourse, nous sommes tous des enfants de la télévision, alors que la Télévision nous serve l’utile sous l’agréable.

A ce titre, nous espérons des échos de la déclaration du CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel en forte délégation à Daaray SEMBENE, Thiès à notre point de presse du 02 juin 2015 intitulé « Ces programmes qui polluent les radios et télévisions sénégalaises », dixit CNRA : « Plus rien ne sera comme avant » (cf. LAS quotidien du 03 juin 2015 ; Le quotidien du 04 juin 2015 ;).

[author image= »http://www.socialnetlink.org/wp-content/uploads/2016/01/Hadja-Mai-Niang_web.jpg » ]Dr Hadja Maï NIANG Ecrivain-cinéaste Enseignante-chercheure à l’Université de Thiès Directrice de Daaray SEMBENE Spécialiste en pédagogie de l’Image[/author]