mardi, mars 19, 2024

Pape Ba Gahn : « J’ai toujours cru au potentiel des jeunes en Afrique »

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On ne le présente plus dans le monde de l’entrepreneuriat au Sénégal. Pape Ba Gahn puisque c’est de lui qu’il s’agit, est revenu dans un long entretien avec le site Lasia Sénégal sur ses ambitions et son amour pour l’entrepreneuriat. L’Expert Entreprise pour Positive Planet International en Afrique de l’Ouest explique son parcours et donne des conseils aux jeunes africains. Voici l’interview en question

Bonjour Pape. Très ravie de vous accueillir sur LASIA Sénégal pour parler des opportunités en entrepreneuriat qui s’offrent aux étudiants. Vous êtes très connu dans l’écosystème entrepreneurial au Sénégal. Personnellement, c’est au Synapse que je vous ai vu pour la première fois. Depuis, je retiens de vous une personne passionnée et au service de l’entrepreneuriat au Sénégal ???????? .

Que diriez-vous pour vous présenter à nos lecteurs ?

Merci LASIA! Je suis Pape Ba Gahn, Expert Entreprise pour Positive Planet International en Afrique de l’Ouest. J’ai plus d’une dizaine d’années d’expérience dans le développement de programmes d’entrepreneuriat au Sénégal. J’ai par ailleurs, 7 ans d’expérience en gestion de projet, 2 ans comme catalyst dans un incubateur et 2 ans dans l’accompagnement comme expert en entrepreneuriat. Je suis passionné par l’innovation et les méthodes agiles comme le design thinking.

Très beau parcours ! L’entrepreneuriat est une chose qui semble vous passionner. D’où cela vous vient ?

J’ai toujours cru au potentiel des jeunes en Afrique et des opportunités que présentent nos écosystèmes avec une population avec un âge moyen de 19 ans. Et je me suis dit qu’il fallait investir et travailler dans l’entrepreneuriat en Afrique. J’ai eu la chance d’intégrer très tôt une ONG qui fut pionnière dans l’entrepreneuriat au Sénégal. Donc, de là, j’ai pris goût. En plus, je lisais à l’époque le Prof. Muhamad Yunus de la Grameen Bank avec son ouvrage “vers un monde sans pauvreté” et Jeff Skolls sur le Social Business. Ces deux auteurs ont fortement influencé mon orientation durant mes débuts de parcours professionnel.

J’ai toujours cru au potentiel des jeunes en Afrique et des opportunités que présentent nos écosystèmes avec une population avec un âge moyen de 19 ans.

Passons maintenant à ce qui nous rassemble. Pape, à quoi pensez-vous si je vous dit entrepreneuriat et étudiant, ou entreprendre et jeunesse ?

Alors, je pense automatiquement “opportunité”. En effet, chaque matin, quand on se lève en allant à l’université, on croise au moins 3 idées d’entreprise si on sait bien observer notre environnement. Je dis bien observer son environnement et identifier un besoin non satisfait et se dire : “en partant de cela, comment je peux développer un produit pour répondre à ce besoin?”. J’ai l’habitude de dire que tout est à faire dans nos économies, ou du moins, à améliorer. En utilisant un simple outil de canevas de proposition de valeur les étudiants peuvent trouver quoi faire.

J’ai une expérience en entrepreneuriat quand j’étais étudiante qui m’a beaucoup forgée après et ouvert à un réseau et beaucoup d’opportunités. Je vous rejoins quand vous dîtes qu’on a tout à y gagner et que des opportunités sont là. Mais, comment procéder au juste. Comment s’organiser quand on a que sa bourse d’étudiant ? Quel accompagnement est disponible ?

On peut partir d’un peu pour développer son idée. Au départ, il faut démarrer petit et bien structurer son offre. En effet, de la bourse on peut économiser sur quelques mois et cette somme permettra d’acheter le petit investissement nécessaire au départ pour développer son activité. Le jeune étudiant vendeur de café sur un point stratégique et qui arrive à vendre 100 tasses de café par jour peux facilement gagner 5000 par jour. Et si on déduit les charges directes 1500, il peut rien qu’en une matinée se faire 3500 FCFA. Imaginez qu’il arrive à le structurer et à le développer durant des mois. Très souvent, les étudiants pensent trop grand avant de se lancer dans l’entrepreneuriat alors qu’au début, il faut partir sur de petites choses, ce qui fera que demain ils arrivent à faire les grandes choses que les autres n’arriveront pas à mettre en place.

Growth…

Pour l’accompagnement, c’est facile de se faire accompagner de nos jours. Si on sait analyser les opportunités de notre environnement et aller vers eux. On a des structures privées – publics , des ONG, des incubateurs, accélérateurs et des concours de plus en plus qui peuvent permettre aux étudiants d’avoir le pré-accompagnement nécessaire et le seed fund pour se lancer. Les étudiants doivent savoir comment détecter et aller vers l’information afin de pouvoir capter les opportunités de nos jours. Et pour cela, il y’a beaucoup de techniques malheureusement que l’on enseigne pas dans nos universités.

Exactement, l’un des défis aujourd’hui est d’avoir accès à la bonne information et profiter des opportunités qui se présentent. Les institutions de formation devraient également intégrer plus de modules en entrepreneuriat.

Si, Pape, un des étudiants qui nous lit veut se lancer, quels seront ses défis prioritaires ?

Le défi majeur qu’il aura est d’identifier un réel besoin et de savoir comment satisfaire ce besoin. Pour cela, il faut qu’il puisse répondre à ces quelques questions :

Comment développer un produit qui répond aux besoins du client ?Combien le client est prêt à payer pour ce produit ?
Comment le client voudrait qu’on lui distribue ce produit ?
Enfin, quels sont les retours du client pour améliorer le produit ?
S’il a la réponse à ces questions, il peut relever les défis qui se posent devant lui et avancer dans son projet entrepreneurial.

Je pense important quand même important de rappeler que l’entrepreneuriat n’est pas une solution magique qui va rendre les jeunes riches ou un secteur où tout le monde doit s’investir en même temps avec des œillères. Quelle lecture donner à cela ? Quels préalables ?

Oui, tout le monde n’est pas entrepreneur, d’autres seront plus bons en devenant des intrapreneurs en vendant leurs services à des entreprises. Sur 20 startups, 5 dépasseront la phase early stage pour se stabiliser dans le mid level. C’est difficile surtout pour stabiliser son modèle économique. Il faut se poser la question “où est-ce qu’on est bon et où est-ce qu’on veut se situer réellement sur la chaîne ? Veut-on réellement entreprendre ? Où veut-on vendre nos services, en interne et être en position d’intrapreneurs ? Enfin, il faut de l’endurance et surtout à chaque fois faire pivoter son modèle pour s’adapter aux marchés et avancer. Ne pas craindre l’échec et se dire qu’on apprend toujours de son échec. Les grands entrepreneurs que l’on cite aujourd’hui sont ceux qui ont le plus connu l’échec dans leurs vies.

On dit ensemble merci à Pape ! Ce fût un plaisir et ces échanges sur l’entrepreneuriat sont très intéressantes pour nous autres, étudiants. J’espère vivement qu’elles serviront à être réaliste, à se lancer et entretenir des business à fort impact.

Alors, aujourd’hui je vous emprunte le point habituel dans la rubrique entretiens où je partage “Mon grain de sel” pour un article ultérieur. Je ne me sens pas trop en forme. Promis ! Je ne manquerai de partager ce qu’entreprendre en étant étudiante m’a appris. Je vous souhaite bonne chance dans toutes vos entreprises ????.

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