samedi, avril 20, 2024

Dr Mariama Dalanda DIALLO: « Réhabiliter les sols dégradés avec la grande muraille verte »

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Triste nouvelle pour la communauté universitaire sénégalaise. Dr Mariama Dalanda DIALLO, Professeur de microbiologie et de biologie végétale à l’UFR de sciences agronomiques, aquaculture, et Technologie alimentaire (UFR S2ATA) à l’UGB, vient de nous quitter. Elle est décédée ce matin.

Nous partageons avec vous une interview que Dr Mouhamadou Moustapha SOW, ex Directeur du CNDST, et nous, avions réalisée avec elle en 2017. Cet entretien publié dans les « Nouvelles du CNDST » était l’occasion de revenir sur son parcours et ses domaines de recherches.

En dépit de sa jeunesse, Mariama Dalanda Diallo, enseignante-chercheure à l’Université Gaston Berger (UGB) peut être considérée une des plus grandes spécialistes des productions végétales et en Agronomie au Sénégal. Auteure de plusieurs publications dans son domaine, les recherches du DR Mariama Dalanda Diallo ont permis de démontrer que la mise en place de la Grande muraille verte dans la zone Ferlo peut contribuer à réhabiliter les sols dégradés de cet espace et de diversifier la végétation herbacée. Les nouvelles du CNDST sont allées cette semaine à la découverte de cette chercheure qui incarne le nouveau visage de la recherche à l’UGB.

Présentez-vous brièvement.

Je suis Maître de Conférences à l’UFR des Sciences Agronomiques, de l’Aquaculture et des Technologies Alimentaires (S2ATA) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. J’ai été Chef de la Section Productions Végétales et Agronomie, entre janvier 2012 et février 2015. Membre de plusieurs structures savantes, je suis Expert externe de l’Autorité Nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur (ANAQ-SUP) du Sénégal depuis avril 2016. J’ai également assumé les fonctions de Directrice Production et Développement Durable, Equilibre Production Environnement (EPE) Sarl (Mai 2009 – Novembre 2009) et de Directrice Régional Zone des Niayes à l’Institut National de Pédologie (2007 – 2009).

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Vous êtes à l’UFR agro de l’UGB, vous avez récemment soutenu une thèse sur l’influence de cinq espèces ligneuses de la Grande Muraille verte au Ferlo. Quels sont les principaux résultats auxquels vous êtes parvenues ?

L’objectif des travaux menés dans le cadre de la thèse de doctorat Unique était de caractériser la variabilité de la phénologie de cinq espèces ligneuses, Acacia senegal (L.) Willd, Acacia tortilis var. raddiana (Savi) Brenan, Balanites aegyptiaca (L.) Del., Boscia senegalensis (Pers.) Lam. ex Poir., et Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst., et leur influence sur la minéralisation de l’azote, la biomasse microbienne et la diversité floristique des herbacées dans le Nord Ferlo, Sénégal. Les cinq espèces ligneuses ont été choisies parmi les essences retenues pour la restauration des écosystèmes sahéliens dans le cadre du projet de reforestation panafricaine de la Grande Muraille Verte. L’expérimentation a été réalisée à Widou situé au Nord du Sénégal dans le Ferlo. Les résultats ont montré une variabilité interspécifique et intraspécifique de la phénologie des espèces végétales étudiées. Les espèces végétales ont améliorées de manière très significative les concentrations en azote minéral du sol, la biomasse microbienne et le nombre d’espèces végétales herbacées sous houppier par rapport au témoin hors couvert.

En quoi cette recherche peut-elle être aux pouvoirs publics ? Et quelles recommandations pouvez-vous donner aux décideurs ?

Les résultats obtenus au cours de cette étude ont montré que l’implantation de la GMV dans la zone semi-aride du Ferlo, permet de réhabiliter les sols dégradés en améliorant la disponibilité des éléments nutritifs notamment l’azote minéral et la diversité de la végétation herbacée.

Mes recommandations seraient de mieux valoriser les résultats de recherche obtenus par l’ensemble des chercheurs qui travaillent au niveau de la Grande Muraille Verte depuis des années et qui touchent des domaines variés comme de la sociologie, la santé et la production végétale et animale.

Récemment, en tant que point focal du Cadre de Concertation Système National de Recherches Agro-Sylvo-Pastorales (SNRASP), vous avez reçu la visite d’intégration des membres de ce cadre à l’UGB. Quelles sont les résultats et les décisions issues de cette rencontre ?

L’Université Gaston BERGER (UGB), à travers l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences Agronomiques, d’Aquaculture et de Technologie Alimentaire (UFR S2ATA), est la première institution à accueillir les membres de cadre de concertation pour une visite de travail.

L’objectif global visé dans l’organisation de ces visites est de présenter les programmes de recherche dans les institutions membres, les faire connaitre et de réfléchir davantage sur leur complémentarité et leur réponse à une demande actuelle ou future. Il s’agissait aussi de discuter sur une problématique intéressant l’institution visitée dans le but de permettre une grande mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’institution et ses partenaires.

A travers cette visite, l’l’UFR S2ATA, a développé un Panel sur le riz avec des présentations et discussions autour de la thématique du riz (riz et aquaculture ; riz et productions végétales et animales ; riz et transformations).

A la fin de cette visite d’intégration, une meilleure synergie a été développée entre les acteurs de développement et de recherche agricole de la zone de la Vallée du Fleuve Sénégal (UGB, ISRA, AfricaRice, SAED, CIFA, …) et entre les différentes institutions agricoles du Sénégal.

Quelles appréciations faites-vous de la recherche agricole au niveau de l’UGB et au niveau national en général ?

Au niveau de l’UGB, nous avons une équipe dynamique et engagée qui travaille sur beaucoup de projets agricoles et agroalimentaires. Nous avons aussi un atout à travers une ferme agricole de 30 ha dont les 26 ha sont pourvus de réseau goutte-à-goutte. Cette ferme agricole nous permet de faire de la recherche mais sert aussi à la pédagogie.

Au niveau national, il y a aussi une dynamique qui tend à fédérer les synergies pour une meilleure amélioration de la recherche agricole et agroalimentaire.