Dans un contexte où le numérique transforme profondément les pratiques éducatives, une plateforme sénégalaise tire son épingle du jeu. Destinée aux élèves de la sixième à la terminale, Jangalma offre un accès facilité à des contenus pédagogiques de qualité, mêlant cours interactifs, bibliothèque numérique, évaluation continue et intelligence artificielle. Avec plus de 150 000 utilisateurs et un réseau de plus de 400 enseignants, ce projet ambitieux, né à Dakar, commence à rayonner bien au-delà des frontières sénégalaises. Moustapha Diop, cofondateur de l’initiative, revient sur les origines, les succès et les ambitions de cette révolution éducative portée par la technologie.

Face aux inégalités d’accès à un enseignement de qualité, l’idée de développer une application mobile s’est imposée naturellement.  « Nous avions d’abord lancé un service de cours à domicile, mais nous avons vite compris que tout le monde ne pouvait se permettre ce luxe. Il fallait démocratiser l’apprentissage », explique Moustapha Diop.

La solution imaginée propose aujourd’hui des leçons conçues par des enseignants expérimentés, en parfaite conformité avec les programmes officiels, enrichies par une bibliothèque numérique accessible à tous. Consciente des réalités locales, l’équipe a également développé une version hors connexion, permettant aux élèves de poursuivre leur apprentissage même sans Internet.

L’intelligence artificielle au service de l’élève

L’innovation majeure de cette plateforme éducative réside dans l’intégration de Kocc, une intelligence artificielle pensée pour accompagner les apprenants au quotidien.  « L’élève peut prendre en photo une leçon ou poser une question, à l’écrit ou à l’oral, et recevoir une explication détaillée et personnalisée », souligne le jeune entrepreneur..

Au-delà de cet assistant numérique, des quiz interactifs permettent aux utilisateurs de s’autoévaluer et de suivre leur progression au fil des modules. Une approche qui combine pédagogie classique et outils technologiques avancés, au service de l’engagement et de la réussite.

En l’espace d’un an, sans aucune communication institutionnelle, l’application a conquis plus de 150 000 élèves à travers le pays.  « Ce succès repose uniquement sur le bouche-à-oreille. Lorsqu’une solution fonctionne, les élèves en parlent entre eux », affirme fièrement son co-fondateur. Aujourd’hui, la note moyenne de 4,6 sur 5 obtenue sur les plateformes d’évaluation témoigne de la satisfaction des utilisateurs et de la pertinence de l’offre éducative proposée.

Derrière cette réussite se trouve également un réseau de plus de 400 professeurs rigoureusement sélectionnés. Chaque enseignant est recruté après un processus exigeant, mêlant examen des diplômes, évaluation pédagogique et entretiens approfondis. « Nous sommes extrêmement attentifs à la qualité humaine et professionnelle des intervenants », précise Diop. Présente non seulement au Sénégal, la communauté éducative liée au projet s’étend aujourd’hui en France, en Belgique, aux États-Unis et au Canada, avec une implantation prochaine en Mauritanie.

Une reconnaissance sur la scène mondiale

La qualité du travail accompli a récemment été saluée à l’international.  Sélectionnée parmi les 20 meilleures startups éducatives mondiales lors du World Summit on the Information Society (WSIS), initiative co-organisée par l’ONU et l’UNESCO, la plateforme représente désormais le Sénégal sur la scène globale. « C’est un immense honneur. Ce prix n’est pas seulement pour nous, il est pour tout un pays », se réjouit Moustapha Diop, avec une fierté palpable. Pour le cofondateur, l’avenir de l’éducation en Afrique passe inévitablement par l’intégration massive des outils numériques.  « Il est impératif d’enseigner aux enfants la programmation, la robotique, la création numérique dès le plus jeune âge », martèle-t-il.

Alors que le continent s’apprête à accueillir 440 millions d’élèves d’ici 2030 (selon la Banque mondiale), la formation à distance apparaît comme l’une des solutions les plus prometteuses pour surmonter le déficit de professeurs et d’infrastructures. Fidèle aux standards du ministère de l’Éducation nationale, le contenu pédagogique proposé est élaboré par des enseignants triés sur le volet.
Chaque leçon, chaque exercice est conçu avec une exigence constante de qualité et d’adaptation aux besoins réels des apprenants. Mais l’ambition va au-delà : préparer les jeunes générations à un usage intelligent des outils numériques.
« Nous devons former des créateurs et des bâtisseurs, pas seulement des consommateurs passifs », insiste Moustapha Diop. Avec sa vision inclusive, son ancrage local et sa capacité d’innovation, Jangalma incarne aujourd’hui l’espoir d’une éducation africaine tournée vers l’excellence et l’avenir.