mardi, mars 19, 2024

Twitter au Sénégal : On gazouille… en boitant !

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L’émergence des nouveaux médias dans le monde a fini d’instaurer une nouvelle sphère communicationnelle basée sur le networking. Le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux dans le monde tourne autour d’1,5 milliards. Un chiffre vertigineux qui montre la puissance des nouveaux médias. Au Sénégal, on est tenté de dire que l’utilisation des réseaux sociaux est plus ou moins en mutation.

Ne disposant pas de chiffres exacts, nous pouvons uniquement faire des estimations. Plus de 700.000 internautes (680180 Cf Socialbeakers) sénégalais sont déjà inscrits sur Facebook pour une population estimée à plus de 12 millions d’habitants avec plus de 2 millions d’internautes Cf Artp). Selon un récent rapport publié par People input, fournisseur africain d’accès Internet, « trois internautes sénégalais sur quatre sont membres d’un réseau social ».

Si sur Facebook les estimations sont possibles, tel n’est pas le cas pour les autres réseaux sociaux comme Twitter, linked-in, Viadeo Youtube, Instagram, etc…

Selon les derniers chiffres qui ont été avancés sur le réseau de micro-blogging, il y aurait en moyenne 3500 tweets par jour. Ce faible chiffre nous a poussés à faire un petit tour chez les twittos sénégalais pour savoir pourquoi la twittosphère sénégalaise tarde à décoller.

L’avènement de Twitter au Sénégal

C’est en 2007 voire 2008, soit deux ans après la création de Twitter (2006), que le réseau de micro-blogging est entré petit à petit au Sénégal. Au début c’étaient quelques internautes (souvent à l’étranger) qui utilisaient Twitter. L’engouement a réellement débuté au Sénégal juste après la révolution arabe qui a presque coïncidé avec les élections dans le pays.

Conscients de la force des réseaux sociaux dans beaucoup de pays notamment du Maghreb, certains sénégalais (une minorité) ont commencé à se servir de l’outil soit pour informer s’informer ou couvrir des évènements en live lors des manifestations durant la présidentielle 2012.

Kebetu, Sunu2012…. le déclic

On peut dire que c’est grâce à un ensemble d’initiatives, de programmes, que la communauté des twittos sénégalais s’est agrandie. Lors de la présidentielle, des blogueurs ont créé le hastag #kebetu pour « se différencier des autres twittos ». Un Hastag très suivi sur twitter et qui fait la fierté de bon nombre de Sénégalais.

Par la suite, d’autres hastag vont voir le jour comme sunu2012 (Plateforme citoyenne) déployée durant la présidentielle, et ses dérivés (sunutweetup, sununoel, sunutabaski…). Ainsi, commença une longue marche vers la massification des utilisateurs du réseau de microbloging. La naissance de certaines associations comme Sunucause qui a largement utilisé les réseaux sociaux au service des populations (web social) , ont permis également d’avoir des adhérents dans le monde de la twittosphere sénégalaise.

Aujourd’hui malgré toutes ses initiatives, il est difficile de donner un nombre exact de twittos au Sénégal. Quoi qu’il en soit, Twitter reste pour beaucoup un outil « compliqué » avec ses 140 caractères.

Booster Twitter au Sénégal ?

Facebook, le nœud du problème

Pour la majorité des twittos interrogée, le réseau de Marc Zukerkburg qui compte 1 milliard d’utilisateurs semble être le nœud du problème. « Facebook est plus convivial. Le réseau social pour faire simple est là avant. Le problème de twitter repose sur la maniabilité, le nombre de caractères en terme de textes pose problème pour certains », explique Oliver Ona, community Manger/CEO& fondateur Jofa, une startup spécialisée dans le développement d’applications web.

Pour un autre twittos interrogé, le problème est d’abord d’ordre technique. « Il y a une difficulté d’accès pour plusieurs raisons liées à une connexion internet nomade sachant que la raison d’être même du service est d’être utilisé ’on the go’. Sachant aussi que beaucoup préféreront utiliser l’API sur mobile que PC », dit-il non sans évoquer l’aspect pédagogique.

Les questions qui reviennent le plus souvent sont : à quoi ça sert » ou comment ça marche ?  » Les gens ont tendance à faire le parallèle avec Facebook où on n’est pas forcément limité dans ses publications (vidéos, articles, nombre de mots) et du coup ils se retrouvent largués sur Twitter dont le principe premier est le microblogging », poursuit le blogueur.

Selon Mamadou Ndiaye, professeur au Cesti, le faible taux d’utilisation du réseau de Micro-blogging s’explique par le fait que : « Twitter est moins connu que Facebook, ensuite, la faiblesse du nombre d’utilisateurs d’internet en est pour quelque chose, sans compter l’analphabétisme et la cherté des Smartphones ».

Implication des leaders d’opinion

Pour Demba Guèye, blogueur et Community Management, il faut simplement impliquer les médias, notamment les télévisions et les radios tout en travaillant avec les stars sénégalaises comme cela se passe dans les autres pays. « Il faut impliquer davantage les télévisions et les radios, car ce sont les médias classiques par excellence ! Pour moi, il suffira juste d’impliquer davantage les animateurs des émissions qui font le plus de Buzz et de travailler avec les techniciens des télévisions, les former un peu et le tour sera joué », précise le fondateur de l’Agence de communication Goviral

Les leaders d’opinions locaux tardent aussi à intégrer le réseau social (ou du moins ne communiquent pas à ce propos) et ceux-ci pourraient générer de nombreux leads pour Twitter grâce à leurs « suiveurs » à l’image de ce qui se passe sur Facebook.

Comparaison n’est pas raison mais aujourd’hui on voit un Lady Gaga qui a plus de 21 millions de followers sur Twitter alors qu’ici le plus grand chanteur à savoir Youssou Ndour, devenu ministre dans le nouveau gouvernement du Sénégal vient récemment d’intégrer le réseau de micro-blogging (même pas plus 1000 followers à son actif).

Et pourtant son tweet sur le rallye Dakar a fait le buzz sur internet avec plus de 200 retweets (RT). Cette prouesse devrait être un déclic pour You afin qu’il intègre Twitter dont les avantages pour les artistes ne sont plus à démontrer. You a retenu la leçon et désormais, son compte Twitter est en marche.

La Formation en puissance

« Organiser des rencontres sur la question, parler de Twitter, initier des jeunes et surtout les journalistes » : tels sont les propositions de Mamadou Ndiaye, qui soutient mordicus qu’un journaliste doit nécessairement être sur Twitter, un excellent outil de veille informationnelle.

A l’heure où nous sommes, Twitter grimpe de plus en plus dans le monde avec plus de 400 millions d’utilisateurs. De grands pays surtout anglophones sont très présents sur le réseau de microbogging.

Notre pays le Sénégal se cherche toujours dans la longue listes des pays africains qui twittent le plus. Pour preuve le Sénégal ne figure même pas dans la liste des cinq (5) pays africains qui sont les plus actifs sur réseau de microblogging.

Dans une étude publiée par Portland-communications le 26 janvier 2012, le Sénégal n’a pas été cité parmi les cinq pays d’Afrique francophone qui sont dans le « Top 10 » des pays du continent qui twittent le plus. On y retrouve le Maroc, Algérie, Tunisie, Mali et Cameroun. Ils sont 9 en tout dans le « Top 20 ».

Comme le disait le twittos Lamine Ndaw, il nous faut encore des efforts. On gazouille en boitant, mais quand-même on avance.

Post-Scriptum

Le Top 5 des pays les plus actifs sur Twitter en Afrique

#1 -L’Afrique du Sud (5 030 226 de tweets au dernier trimestre de 2011)

#2 – le Kenya (2 476 800 tweets)

#3 – Le Nigéria (1 646 212 tweets)

#4 – L’Egypte (1 214 062 tweets)

#5 – Le Maroc (754 520 tweets)

Basile Niane 

Social Media Manager

Web journalist Blogger 

Directeur chez Socialnetlink