vendredi, mars 29, 2024

Covid-19: recrudescence de sites et d’offres frauduleux

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D’habitude, ils ont de d’imaginations pour soutirer de l’argent à leurs victimes. Durant cette période de pandémie où l’épargne des Français atteint un niveau record, les escros ont doublé leurs inspirations.

Attention aux arnaques financières! Face au niveau record d’épargne collecté depuis le début de l’année – 13,5 milliards d’euros pour le livret A et LDDS – et un encours bancaire tout aussi impressionnant au premier trimestre – 35 milliards d’euros –, les autorités de surveillance des marchés et des placements financiers appellent les Français à la plus grande vigilance dans leurs investissements. Surtout en cette période de Covid-19 où se multiplient les risques d’arnaques en tout genre.

Hameçonnage, clonage de sites, usurpation d’identité, fausses valeurs refuges, cagnottes ou appels aux dons, vente pyramidale… Tous les moyens sont bons pour collecter vos données, les revendre quand il ne s’agit pas de vous détrousser en ligne. « On assiste à une recrudescence de sites et d’offres frauduleux, les escrocs se sont engouffrés dans l’opportunité offerte par le Covid-19, indique l’Autorité des marchés financiers (AMF). Mais on ne peut pas conclure à un bond des arnaques, car il y a toujours un délai de latence, d’inertie entre la réalisation d’une fraude et sa prise de conscience par sa victime ». En revanche, les deux autorités « redoutent » une hausse de réclamations et de contestations à venir.

Accélération de l’industrialisation des arnaques financières

Rien qu’entre janvier et avril dernier, 220 noms de nouveaux sites frauduleux sont venus rejoindre les 1250 sites déjà inscrits sur les listes noires du pôle commun entre l’AMF et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Créé en 2010, il est chargé d’identifier les principaux risques financiers auxquels les épargnants sont exposés. Il a vu sa tâche s’intensifier ces derniers mois.

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« En 2018, nos cinq listes noires recensaient 750 noms, nous en avons rajouté 500 de plus en 2019, explique Nathalie Beaudemoulin, directrice du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR, également coordonnatrice de ce pôle. Nous assistons à une accélération de l’industrialisation des arnaques. »

Des exemples? Le pôle n’en manque pas. « Beaucoup ont lieu par hameçonnage de données, par le biais des réseaux sociaux et applications, lesquelles collectent toutes vos données personnelles », souligne Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants de l’AMF. C’est le cas notamment d’une campagne lancée en ligne invitant à investir dans l’ hydroxychloroquine, présentée comme « le seul remède contre coronavirus ».

Si la plupart du temps, les données sont revendues, elles peuvent aussi faire l’objet de traitement plus tardif et d’un rappel téléphonique ciblé pour piéger l’épargnant. L’escroc peut alors l’inviter à se connecter sur un site « vitrine » l’incitant à investir dans des valeurs refuges comme l’or, le vin et même le whisky où le particulier mettra plusieurs mois avant de comprendre qu’il s’est fait arnaquer.

Abeis liste les acteurs frauduleux

« Avant tout investissement, pensez à vérifier que votre opérateur ou intermédiaire est bien inscrit au registre des intermédiaires en services de paiement, l’Orias ou sur le Registre des agents financiers (Regafi) », prévient Nathalie Beaudemoulin. N’hésitez pas non plus à consulter le site ABEIS (Assurance, banque, épargne, info service), géré par la Banque de France, l’AMF et l’ACPR, qui recense le nom des acteurs frauduleux inscrits sur les listes noires des autorités financières.

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Attention enfin aux placements originaux annonçant des performances bien supérieures à la moyenne. L’arnaque aux places de parking aéroportuaire en est un excellent exemple. Elle consiste à investir 10 000 euros dans un emplacement en Italie ou en Espagne, un placement qui propose, sur le papier, une rentabilité annuelle de plus de 5,8 % sur dix ans… De nombreux particuliers se sont fait avoir, pour un total de 2,3 millions d’euros pour un ticket moyen de 58 000 euros selon Claire Castanet. Si les personnes vulnérables et âgées, sont les cibles prioritaires, les jeunes ne sont pas oubliés. Attirés par un pack de formation de quelques heures au métier de trader, ils font l’objet de fraudes fondées sur la vente pyramidale, un dispositif où l’escroc s’enrichit en recrutant sans cesse de nouveaux clients.Newsletter « Ça me rapporte »La newsletter qui améliore votre pouvoir d’achatJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus

« On est dans le monde de l’ombre », conclut l’experte. Difficile donc de chiffrer précisément l’ampleur du phénomène. L’ACPR et l’AMF estiment le montant des pertes lié à ces fraudes et arnaques financières à près de 1 milliard d’euros entre 2017 et 2019.

Avec le Leparisien