jeudi, mars 28, 2024

Les Pandora Papers, c’est 2,9 téraoctets de courriels, contrats, titres de propriétés de l’élite planétaire

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Les Pandora Papers, voici un autre scandale qui dévoile une face cachée de nos dirigeants, hommes politiques et stars milliardaires.

C’est le genre de «scoop» qui exige de revoir ses classiques et de revisiter les mythologies. Les quelque 12 millions de pages de documents secrets, 2,9 téraoctets de courriels, contrats, titres de propriétés de l’élite planétaire compilés et déversés dimanche soir par les 600 limiers de l’Icij, un réseau mondial de journalistes d’investigation coordonné par son antenne de Washington, portent cette fois le nom de «Pandora Papers».

Ces dossiers de Pandore, transmis à 150 organes de presse dont le Washington Post, le Guardian et le Monde, se voudraient aussi une cyber version du grand ménage inscrit dans les travaux d’Hercule. Le fleuve d’enquêtes sur le monde d’impunité des gouvernants et privilégiés aboutira-t-il à des réformes mondiales ? Dans le doute, ce lundi, les dieux de l’Olympe se font un peu de souci.

Cinq ans après le grand déballage des Panama Papers, 2,6 téraoctets d’informations empruntées à un cabinet d’avocat panaméen nommé Mossack Fonseca, Pandora révèle, grâce à une nébuleuse de sources provenant de 117 pays et à l’épluchage de 29 000 comptes anonymes dans 14 paradis fiscaux, les manœuvres financières inélégantes, douteuses ou carrément illégales de 35 gouvernants d’Etat et de 300 officiels de haut niveau.

La plupart des transactions révélées dans les « Pandora Papers », publiés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ne sont pas illégales. Mais l’enquête met en lumière le décalage entre le discours anti-corruption de certains leaders et leur usage extensif des paradis fiscaux.

Le roi et les villas

Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le roi Abdullah de Jordanie a acquis 14 propriétés luxueuses aux États-Unis et au Royaume-Uni grâce à un réseau de sociétés situées dans des paradis fiscaux comme les îles Vierges.

Pour 106 millions de dollars, il a acheté trois villas avec vue sur la mer à Malibu, en Californie, et des propriétés à Londres et Ascot (Royaume-Uni), selon cette enquête.

Ses avocats ont assuré au consortium qu’il avait utilisé sa fortune personnelle et a eu recours à des sociétés offshore pour des raisons de sécurité et de discrétion.

Le milliardaire châtelain

Avant de devenir Premier ministre, le milliardaire tchèque Andrej Babis a placé 22 millions de dollars dans des sociétés écrans qui ont servi à financer l’achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France. Il ne les a pas mentionnés sur sa déclaration de patrimoine quand il est entré en politique, d’après les Pandora Papers.

Le Premier ministre, qui est mis en cause dans une affaire de fraude aux subventions européennes et de conflit d’intérêt, affronte des élections législatives les 8 et 9 octobre. Assurant ne rien avoir commis d’illégal, il a dénoncé dimanche une manoeuvre destinée à le « dénigrer » avant le scrutin.

Le couple Blair

L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et son épouse Cherie ont acquis en 2017 un immeuble de bureaux en achetant une société dans les îles Vierges qui était propriétaire des lieux. La transaction leur a permis d’économiser environ 400 000 dollars d’impôts, rapporte l’ICIJ.

Le président, sa mère, son frère et ses soeurs

Le président kenyan Uhuru Kenyatta a fait de la lutte contre la corruption et de la transparence dans la vie publique un marqueur de son discours. Mais lui et six membres de sa famille, dont sa mère, un frère et deux soeurs, disposent d’au moins 30 millions de dollars sur plusieurs sociétés off-shore, écrit le consortium.

Le héraut de la lutte anti-corruption

Imran Khan s’est fait élire à la tête du Pakistan à l’été 2018 sur un programme anti-corruption après la destitution de Nawaz Sharif, emporté par les révélations des « Panama Papers », une autre enquête de l’ICIJ sur les fonds offshore.

Selon le consortium, des membres de sa famille et de son gouvernement possèdent des millions de dollars sur des comptes offshore. Sur Twitter, le Premier ministre a assuré qu’il « enquêterait « sur tous les citoyens pakistanais mentionnés dans les Pandora Papers ».

Un immeuble à 11 ans

Des proches du président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev — régulièrement visé par des accusations de corruption — ont réalisé des transactions immobilières opaques au Royaume-Uni, dont l’achat contre 45 millions de dollars d’un immeuble de bureaux au nom de son fils de 11 ans, Heyder, rapporte la BBC.

DSK

Dominique Strauss-Kahn, l’ancien ministre français et ex-directeur général du Fonds monétaire international, a fait transiter plusieurs millions de dollars d’honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d’impôts, selon les documents examinés par l’ICIJ.

Les belles et le truand

La chanteuse colombienne Shakira et la mannequin allemande Claudia Schiffer possèdent aussi des comptes offshore. Selon leurs agents, il ne s’agit pas d’évasion fiscale, rapporte le consortium.

Le chef mafieux Raffaele Amato, qui a inspiré le film Gomorrah, a lui aussi fait usage d’une société écran pour acheter des terre en Espagne. Lié à de nombreux meurtres, il purge une peine de 20 ans de prison.

Avec Belga et Paris Match