Plus de 5000 participants convergeront vers Dakar du 3 au 5 décembre pour le Nexten Summit 2025. L’ambition affichée dépasse largement le simple événement technologique : transformer la capitale sénégalaise en laboratoire de solutions concrètes face à une crise économique persistante.
Les chiffres que martèle Madou Sylla, secrétaire général de l’événement, plantent un décor sans fard. “Le Sénégal n’exporte presque rien et plus de 80% de ce que nous consommons vient de l’extérieur”, lâche-t-il en conférence de presse.
Derrière le taux de chômage officiel de 22%, la réalité s’avère plus brutale : près de la moitié de la population active est au chômage ou en sous-emploi.
Cette fragilité structurelle explique pourquoi le sommet mise tout sur l’innovation technologique.
Les 100 startups présentes ne viennent pas seulement pitcher leurs solutions ; elles portent l’espoir d’un changement de paradigme économique. “Ici, les projets sont financés, les alliances se forment et les produits sont lancés”, promet Sylla. “Le Sénégal n’a pas besoin de discours, il a besoin d’actions.”
L’arme secrète de cette édition s’appelle Next Step. Cette plateforme de tokenisation, qui sera lancée durant le sommet, bouscule les codes du financement traditionnel.
En mobilisant 300 000 petits investisseurs à travers le monde, elle permet aux porteurs de projets sénégalais de lever des fonds directement, sans passer par les circuits bancaires classiques.
Pour les investisseurs internationaux, l’équation sénégalaise présente un paradoxe saisissant. Avec seulement 1 milliard de dollars d’investissements directs étrangers annuels pour 17 millions d’habitants, le pays reste largement sous-capitalisé. Pourtant, sa position de hub régional et sa stabilité politique en font une porte d’entrée naturelle vers un marché africain de 1,4 milliard de consommateurs.
La technologie blockchain qui sous-tend Next Step répond à un double défi : démocratiser l’investissement via la tokenisation tout en protégeant les données sensibles des entreprises. Cette approche technique permet de fractionner les actifs et de les rendre négociables, ouvrant la voie à un financement participatif à grande échelle.
Reste que les défis structurels demeurent immenses. L’informalité touche 75% des emplois, privant l’État de ressources fiscales cruciales. Le taux de pauvreté multidimensionnelle atteint 38%, rappelant que l’innovation ne peut pas tout résoudre sans politiques d’accompagnement adaptées.
Les entrepreneurs présents au sommet l’ont bien compris : dans un marché domestique limité, penser africain dès le départ devient une nécessité. Les secteurs porteurs – fintech pour l’inclusion financière, agritech pour les 70% de ruraux, edtech pour une population majoritairement jeune – nécessitent tous une vision pan-africaine.
“C’est un laboratoire vivant de solutions concrètes”, insiste Madou Sylla. Au-delà des effets d’annonce, le pari dakarois interroge : la technologie peut-elle vraiment briser les cercles vicieux du sous-développement ? Les trois jours de décembre apporteront peut-être des éléments de réponse. En attendant, le Sénégal mise sur l’innovation pour réécrire son avenir économique.