Intelligence artificielle : l’Afrique table sur un marché de 16,5 milliards de dollars d’ici 2030

Le continent mise sur une croissance de 27% par an selon Mastercard, malgré des défis infrastructurels majeurs qui freinent encore son développement technologique.

L’Afrique pourrait bien devenir l’un des marchés les plus dynamiques de l’intelligence artificielle mondiale. Selon une étude du géant américain des paiements Mastercard , le marché africain de l’IA devrait bondir de 4,51 milliards de dollars cette année à 16,53 milliards en 2030, soit une croissance annuelle moyenne de 27,42%.

Cette expansion fulgurante s’accompagnerait de la création d’environ 230 millions d’emplois d’ici la fin de la décennie, rien qu’en Afrique subsaharienne, selon le rapport intitulé « Harnessing the transformative power of AI in Africa ».

Des atouts démographiques et géographiques uniques

« L’Afrique est particulièrement bien placée pour exploiter cette technologie au service d’un développement transformateur », souligne l’étude. Le continent dispose en effet d’atouts considérables : il détient 60% des terres arables de la planète et possède la population la plus jeune du monde, avec un âge médian de seulement 19 ans.

Ces caractéristiques démographiques et économiques uniques permettent déjà à l’IA de transformer des secteurs clés comme la finance, la santé, l’agriculture ou encore l’énergie.

Au Ghana, l’entreprise d’agritech Farmerline a ainsi permis d’augmenter la productivité agricole de 30% en fournissant aux agriculteurs des informations météorologiques et commerciales actualisées grâce à des modèles basés sur l’IA.

Dans le secteur financier kenyan, des sociétés comme M-Pesa et M-KOPA déploient des modèles de notation de crédit alimentés par l’intelligence artificielle pour accorder des prêts aux populations exclues du système bancaire traditionnel.

Investissements en hausse, défis persistants

Les investissements dans l’IA africaine sont en forte progression. En 2023, les fonds de capital-risque ont injecté 610 millions de dollars dans les start-up sud-africaines spécialisées dans l’IA, 218 millions au Nigeria et 15 millions au Kenya.

Des géants technologiques comme Google se sont également engagés, avec un investissement d’un milliard de dollars pour soutenir la transformation numérique du continent.

Plusieurs pays africains – Afrique du Sud, Égypte, Rwanda, Maurice, Kenya et Nigeria – sont déjà à la pointe du développement de politiques nationales en matière d’IA, avec des stratégies et des cadres réglementaires visant à garantir un déploiement éthique de cette technologie.

Des infrastructures encore insuffisantes

Toutefois, des obstacles majeurs persistent. Les capacités des centres de données africains demeurent très faibles par rapport aux standards internationaux, avec près de 70% de ces capacités concentrées en Afrique du Sud.

L’accès inégal à Internet et l’absence de cadres de gouvernance complets freinent les progrès dans de nombreuses régions. L’adoption du cloud computing reste également modeste, malgré une croissance de 25 à 30% par an.

La formation pose aussi problème : un nombre très limité d’universités africaines propose une formation spécialisée en IA, alors que les écosystèmes d’intelligence artificielle nécessitent des spécialistes en sciences des données, des ingénieurs en apprentissage automatique et des experts capables de traduire les connaissances théoriques en applications pratiques.

Le défi de la diversité linguistique

Le manque de diversité linguistique dans les modèles d’IA existants constitue un autre frein majeur. Avec plus de 1.000 langues parlées sur le continent, l’Afrique a besoin de développer des modèles d’intelligence artificielle locaux, capables de fonctionner dans les langues locales et d’intégrer les nuances culturelles régionales.

Actuellement, de nombreux utilisateurs africains s’appuient sur des algorithmes développés et entraînés à partir de bases de données étrangères, qui ne reflètent pas nécessairement les spécificités des populations locales.

Un potentiel encore largement inexploité

Malgré ces défis, le potentiel reste immense. Plus de 400 millions d’Africains n’ont toujours pas accès aux services financiers ou sont mal desservis, offrant un terrain d’expansion considérable pour les solutions d’inclusion financière basées sur l’IA.

« Le continent n’a jusqu’à présent fait qu’effleurer la surface de ce qui est possible », estime Mastercard dans son rapport, qui identifie des opportunités majeures dans l’agriculture, l’éducation, la santé et l’énergie.

Le rapport insiste néanmoins sur la nécessité pour les pays africains de se doter de cadres politiques et de gouvernance solides, adaptés aux contextes locaux. « Une adoption non réglementée peut exacerber les inégalités, créer des dilemmes éthiques et présenter des risques importants pour la société », prévient l’étude.

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