L’alerte est donnée. Face à un déficit de financement qui menace les ambitions de développement du continent, les acteurs de la finance africaine réclament un changement de paradigme radical. Lors de la première édition du Forum Structured Finance Africa (SFA), co-organisé par Invictus Capital & Finance, KF Titrisation et Development Finance Advisory (DFA), la capitale sénégalaise s’est muée en laboratoire de solutions, érigeant le financement structuré en « voie incontournable » pour transformer les économies.

L’Écart de financement : un chiffre insoluble par les méthodes classiques

Les chiffres, présentés par Isaac Mbaye, Directeur général d’Invictus Capital & Finance, sont éloquents. Le continent doit mobiliser entre 130 et 170 milliards de dollars annuellement pour combler son déficit en infrastructures. À cela s’ajoutent les 2 800 milliards de dollars nécessaires d’ici 2030 pour l’adaptation climatique, et les 4 000 milliards de dollars par an requis pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD).

« Nos besoins de financement sont colossaux, mais les flux disponibles demeurent insuffisants, » a martelé M. Mbaye. Les contraintes d’endettement des États, souvent proches du seuil critique, rendent les approches traditionnelles obsolètes.

La solution réside, selon lui, dans la capacité du financement structuré à mutualiser les risques, à allonger les maturités des emprunts et à mobiliser le capital privé à grande échelle. Preuve en est le succès d’une émission kényane de 156 millions de dollars US en juillet 2025, qui a combiné la titrisation de créances futures avec une dimension ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance). L’ambition du SFA est claire : faire de ces « succès isolés » la nouvelle norme africaine.

La Titrisation doit franchir un « Nouveau Cap »

En clôture de l’événement, Seynabou Fall Touré, Directrice Générale Adjointe d’Invictus Capital & Finance, a cristallisé cette exigence de rupture. Elle a appelé à faire franchir à la titrisation un « nouveau cap », en explorant des classes d’actifs inédites et en assurant une « véritable place » aux PME/TPE dans les écosystèmes financiers.

« Les approches traditionnelles de financement ont atteint leurs limites face aux défis du continent, » a-t-elle insisté, soulignant que l’innovation financière s’impose désormais comme une nécessité vitale.

L’objectif n’est rien de moins que le financement de l’économie réelle dans sa globalité, en s’appuyant sur les témoignages des fintechs et des banques de développement qui prouvent qu’il est possible de soutenir l’économie informelle, l’agriculture, les femmes et les jeunes.

L’Appel à la volonté collective pour « Bâtir Ensemble »

Le Forum de Dakar a résonné comme un vibrant plaidoyer pour une synergie d’action. Isaac Mbaye a rappelé que « le défi est trop grand pour être relevé par un seul acteur, qu’il soit public, privé ou multilatéral. »

Malgré les obstacles, Seynabou Fall Touré a exprimé une foi inébranlable dans le « génie des Africains à transformer les contraintes en opportunités. » Elle a conclu sur un appel mobilisateur :

« La titrisation, la finance durable, les infrastructures sociales, le trade finance, l’inclusion numérique ; autant d’outils qui, utilisés avec rigueur et audace, peuvent libérer le potentiel de notre continent. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté collective de bâtir ensemble. »