Omar M. Yaghi, Américano-jordanien et lauréat du Prix Nobel de Chimie 2025, est au centre de l’actualité mondiale. Distingué pour ses travaux révolutionnaires sur de nouvelles structures moléculaires, le chimiste a profité de cette reconnaissance pour insister sur l’urgence de soutenir la recherche scientifique, aujourd’hui fragilisée par les menaces de coupes budgétaires, notamment sous l’impulsion de Donald Trump.
De réfugié palestinien à l’élite scientifique mondiale
Le parcours d’Omar Yaghi est une illustration puissante de l’égalité des chances offerte par la science. Né en 1965 en Jordanie, issu d’une famille modeste de réfugiés palestiniens, il a grandi dans des conditions difficiles.
« J’ai grandi dans une maison très modeste, vous savez, nous étions une dizaine dans une petite pièce, que nous partagions avec le bétail, » a-t-il confié à la fondation Nobel. Son foyer ne disposait ni d’électricité ni d’eau courante.
Émigré aux États-Unis à l’âge de 15 ans pour ses études, Yaghi a tenu à souligner l’importance du système scolaire public américain qui « accueille des personnes comme moi, issues de milieux très défavorisés. » Son histoire, marquée par la découverte fascinante des structures moléculaires dans une bibliothèque d’école, est un plaidoyer pour l’accès universel à l’éducation.
La découverte des structures moléculaires et leurs applications
Omar M. Yaghi partage cette prestigieuse récompense avec le Japonais Susumu Kitagawa et Richard Robson (Royaume-Uni) pour le développement de nouvelles structures moléculaires capables d’emprisonner des gaz.
Les travaux du trio ont donné naissance à des dizaines de milliers de réseaux moléculaires différents, ouvrant la voie à des applications concrètes majeures dans la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution :
- Capture de CO2 : Essentielle pour décarboner les sites industriels comme les cimenteries.
- Stockage de gaz : Pour des solutions énergétiques plus efficaces.
- Extraction d’eau : Travaux novateurs sur l’extraction d’eau dans l’air, même en milieu désertique (comme en Arizona).
- Dépollution : Séparation des PFAS (produits chimiques persistants) de l’eau.
Un cri d’alarme politique pour le financement de la recherche
La remise des prix Nobel 2025 intervient dans un contexte politique tendu, avec la crainte d’un affaiblissement de la recherche américaine suite aux potentielles coupes budgétaires annoncées par Donald Trump.
Lors d’une conférence de presse, Omar Yaghi a lancé un appel : « On ne peut pas résoudre les problèmes de la société sans la science » et « sans financement, vous ne pouvez pas faire de science. »
Le lauréat insiste sur le rôle de la recherche comme moteur de l’égalité des chances. Selon lui, il est crucial de se concentrer sur la libération du potentiel des « gens intelligents, talentueux et compétents [qui] existent partout », en leur offrant des opportunités.