La 7ᵉ édition du Transform Africa Summit (TAS) s’est ouverte ce mercredi 12 novembre à Conakry. Organisé par l’Alliance Smart Africa en partenariat avec le Gouvernement de la République de Guinée, cet événement continental marque le coup d’envoi de plusieurs jours de débats, d’échanges et d’annonces dédiés à la transformation numérique de l’Afrique.
Placé sous le thème “IA pour l’Afrique : innover localement, impacter globalement”, ce sommet emblématique positionne Conakry, pour la première fois en Afrique de l’Ouest francophone, la capitale de l’Afrique numérique et un acteur clé de la coopération continentale.
Un leadership affirmé dans la coopération numérique africaine
Pour la première fois, Conakry accueille le Transform Africa Summit et devient, le temps de trois jours, la capitale digitale du continent. Co-organisé par Smart Africa, alliance qui regroupe 42 pays africains, et le Gouvernement guinéen, le sommet incarne la volonté commune de faire de la technologie un levier de souveraineté, de croissance économique, et de développement inclusif et durable.
“Portée par la stratégie Simandou 2040, la Guinée fait du numérique un véritable levier de souveraineté et de prospérité. Accueillir le Transform Africa Summit à Conakry est pour nous une grande fierté, mais aussi la preuve de notre ambition : faire de la Guinée un acteur majeur d’une Afrique numérique forte, souveraine et inclusive – une Afrique connectée, ouverte sur le monde et ancrée dans l’innovation. La coopération entre nos nations peut engendrer des solutions africaines à des défis africains ; c’est tout le sens de l’Alliance Smart Africa”, a déclaré Rose Pola Pricemou, Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique.
Évoquant les avancées du numérique en Guinée, la ministre a rappelé que le pays consolide les fondations de sa souveraineté numérique. Les données nationales sont désormais hébergées localement grâce au Data Center Tier III, symbole fort d’indépendance technologique, tandis que le retour du nom de domaine .GN affirme pleinement l’identité numérique guinéenne. La modernisation de l’action publique s’accélère avec des solutions telles que FUGAS, dédié à la gestion des fonctionnaires, et le lancement officiel, le 12 novembre, de TELEMO, plateforme nationale développée avec le Rwanda pour digitaliser les marchés publics. Ensemble, ces outils garantissent transparence, traçabilité et efficacité dans la gestion publique.
Sur le plan des infrastructures, la Guinée a quadruplé sa capacité de fibre optique, avec plus de 12 000 kilomètres déployés à travers le pays et consolide sa place de hub numérique sous-régional, interconnecté à ses voisins et renforcé par un second câble sous-marin.
Enfin, la Guinée investit dans son capital humain pour accompagner cette montée en puissance. À travers les Espaces Numériques et divers programmes de formation, le pays prépare la jeunesse aux métiers de demain. Grâce au projet GIGA, plus de 500 écoles sont désormais connectées, tandis qu’un technopôle national est en cours de conception pour positionner la Guinée comme un futur hub d’innovation en Afrique de l’Ouest. En octobre 2025, avec l’appui du PNUD, un atelier national d’évaluation de l’écosystème de l’intelligence artificielle a permis d’identifier les compétences disponibles et les besoins prioritaires, posant ainsi les bases d’une stratégie nationale de l’IA, inclusive, éthique et tournée vers l’impact sociétal.
“Le Transform Africa Summit symbolise l’unité et la vision partagée d’une Afrique numérique forte et souveraine. C’est à la fois un accélérateur de politiques publiques et un catalyseur d’innovation. Chez Smart Africa, notre ambition est claire : faire de la transformation numérique l’histoire la plus inclusive et la plus marquante de notre génération”, a déclaré Lacina Koné, Directeur général de Smart Africa, lors de son discours d’ouverture.
Il a poursuivi : “L’intelligence artificielle n’est pas seulement une technologie ; elle représente une chance unique de repenser le développement du continent à partir de nos talents, de notre créativité et de nos réalités. L’IA doit devenir un outil de transformation au service des citoyens africains. Notre objectif est de construire un écosystème numérique africain inclusif, compétitif et durable.”
Créée en 2013, l’Alliance Smart Africa a enregistré une montée en puissance significative, passant de 37 à 42 États membres en seulement trois ans. Cette évolution illustre sa transformation : d’une simple plateforme de concertation, elle est devenue une organisation opérationnelle majeure pour le continent. Cette dynamique se traduit par la mise en œuvre de nombreux projets phares, tels que le SANIA, la SADX (Smart Africa Data Exchange Platform) ou le Digital ID. À l’heure où Smart Africa s’apprête à dévoiler sa nouvelle stratégie triennale, le message est clair : renforcer ce qui fonctionne, ajuster ce qui doit l’être, et poursuivre une ambition commune, celle de l’inclusion numérique pour tous.
Une convergence de leaders pour l’action
La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence de S.E.M. Mamadi Doumbouya, Président de la République de Guinée, et de S.E.M. Paul Kagame, Président du Rwanda et du Conseil d’administration de Smart Africa. Dans son allocution, le Président guinéen a exprimé la fierté du pays d’accueillir le Transform Africa Summit sur une terre qui place la recherche et l’innovation au cœur de son développement. Le thème de cette édition, consacré à l’intelligence artificielle au service du continent, s’inscrit pleinement dans la vision stratégique de la Guinée et dans le projet Simandou 2040, qui fait du numérique un levier essentiel d’amélioration des conditions de vie. Fidèle à cet esprit, la Guinée appelle à un dialogue constructif entre acteurs publics, privés et institutionnels pour concevoir des solutions africaines face à l’essor de l’IA et des technologies émergentes
Son Excellence Paul Kagame a rappelé qu’il y a plus de dix ans, le Transform Africa Summit voyait le jour à Kigali, à une époque où la révolution numérique africaine n’en était qu’à ses prémices. Depuis, les pays du continent ont posé les fondations de politiques publiques ambitieuses pour encadrer et stimuler le développement des nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, l’enjeu est d’accélérer cette dynamique en intensifiant les investissements dans les infrastructures. Le Président rwandais a ainsi appelé à renforcer la coopération entre les secteurs public et privé, et à valoriser pleinement les ressources du continent pour soutenir cette transformation.
Cependant, malgré ces avancées, le manque d’investissements dans les infrastructures demeure un frein majeur à la transformation numérique. Pour combler ce fossé, il a appelé à renforcer la coopération entre les secteurs public et privé, et à optimiser l’usage des ressources disponibles.
Aux côtés des deux chefs d’État, plusieurs figures majeures du numérique mondial prendront part aux échanges, parmi lesquelles Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), ainsi que des représentants de l’UNESCO, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de la Banque mondiale, de la CEMAC, de l’Union africaine, etc. De nombreux représentants du secteur privé et acteurs majeurs de la tech sont également attendus, parmi lesquels Meta, Microsoft, Kaspersky et Huawei.
Plus d’une dizaine de ministres africains de l’Économie numérique et de l’Innovation – venus du Rwanda, du Bénin, de la Gambie, de la Sierra Leone, du Sénégal, du Congo-Brazzaville, du Tchad et d’ailleurs – ont confirmé leur participation, faisant de ce sommet une plateforme décisionnelle clé.
Un programme ambitieux pour accélérer la transformation numérique africaine
Le TAS 2025 réunira plus de 3 000 participants issus de plus de 40 pays, autour de sessions plénières, d’ateliers, d’expositions et de démonstrations technologiques.
Les temps forts du programme incluent :
- Le lancement officiel du Pilier 3 de la vision « Simandou 2040 », démontrant l’intégration du numérique dans les grands projets d’infrastructure de la Guinée ;
- La finale de Ms. Geek Africa 2025, un concours continental qui récompense les femmes innovatrices dans le domaine de la technologie.
- Le « Youth Townhall » (Rencontre avec la jeunesse) : Une session dédiée à l’intégration des jeunes talents dans la définition des politiques numériques.
- Le Grand Prix ANSUTEN de la Technologie et de l’Innovation : Une initiative guinéenne pour célébrer les innovateurs locaux.
L’agenda explorera également des thématiques de pointe telles que les « Green Data Centers » (centres de données écologiques), la cybersécurité à l’ère de l’IA, l’intersection entre l’IA et la Blockchain, et les stratégies de financement des infrastructures numériques sur le continent.
De plus, le sommet servira de plateforme pour plusieurs lancements officiels majeurs, parmi lesquels :
- Un nouveau cadre de coopération sur l’IA responsable et inclusive, en partenariat avec le gouvernement allemand et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) ;
- Le Smart Africa Digital Health Leadership Network, une plateforme panafricaine réunissant les leaders de la santé numérique ;
- La communauté de pratique « Smart Women and Girls in ICT » ;
- Le lancement de la plateforme SANIA (réseau d’incubateurs et d’accélérateurs de Smart Africa) pour renforcer l’écosystème africain des start-ups ;
- La présentation du Rapport 2025 de la Banque mondiale sur les progrès et les tendances numériques, axé sur les fondements de l’IA.
En réunissant chefs d’État, ministres, investisseurs, innovateurs et jeunes talents, le Transform Africa Summit 2025 se veut le catalyseur de la prochaine décennie numérique africaine. Conakry, en accueillant ce sommet, confirme sa place de nouvel épicentre de l’innovation technologique africaine.