mardi, avril 30, 2024

Les partenariats autour de l’IA au Sénégal doivent être abordés avec prudence, avertit un expert en droit du cyberespace

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Le partenariat annoncé entre le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Émergent  et Data-Pop Alliance pour développer des produits et des missions autour de l’intelligence artificielle et de la donnée suscite des inquiétudes quant à la souveraineté numérique, selon Justin Oumar Bamah Ossovi, un juriste et chercheur en droit international du cyberespace.

Dans un contexte géopolitique en balbutiement où le Sénégal attise toutes les convoitises, Ossovi estime que la multiplication des protocoles d’accord dans ces domaines sensibles doit être abordée avec prudence. Bien que l’optimisation de certaines politiques publiques à travers les progrès de l’IA et du big data puisse être bénéfique, Ossovi suggère que des partenaires locaux plus fiables, moins coûteux et contrôlables puissent être envisagés.

Cette mise en garde intervient alors que le Sénégal a récemment signé un Mémorandum d’Entente avec la société du Fonds Émirates PRESIGHT Artificial Intelligence pour la réalisation de l’identité numérique, de l’adressage numérique et de la digitalisation des taxes. Un accord qui suscite déjà des interrogations quant à ses implications pour la souveraineté numérique du pays.

Le projet de modernisation de l’Etat Civil entamé par le gouvernement sénégalais à travers le Ministère de la Gouvernance Locale, du Développement et de l’Aménagement du Territoire est également sous le feu des critiques. Financé à hauteur de 17 milliards de FCFA, ce projet vise à moderniser et numériser l’état civil. Cependant, plusieurs spécialistes de la question, dont Mamadou Diagne alias Dofbi, alertent sur les risques de violation de la protection des données personnelles et de la souveraineté numérique que ce projet pourrait entraîner.

Selon Dofbi, qui citait le rapport de Privacy International, ce programme de l’Union européenne est un cheval de Troie qui vise à identifier les citoyens sans papiers vivant en Europe et à organiser leur retour. «Il montre, non seulement, une incapacité à atténuer adéquatement les risques énormes posés par les systèmes d’identité biométrique, mais, il révèle également, comment ces systèmes seront finalement utilisés pour faciliter les expulsions hors de l’Union», souligne-t-il.

Le rôle de Civipol Conseil, une agence qui a conduit l’ensemble du processus d’évaluation diagnostique et de formulation du plan de gestion, est également pointé du doigt par Dofbi. « Au Sénégal, c’est l’agence qui a conduit l’ensemble du processus d’évaluation diagnostique et de formulation du plan de gestion, et sera désormais également impliquée dans sa mise en œuvre avec l’agence belge de développement ENABEL… », explique-t-il.