Une vague d’indignation a secoué le web, poussant de nombreux internautes à appeler au boycott de WeTransfer, le service de partage de gros fichiers très prisé des entreprises. La cause ? De nouvelles conditions d’utilisation (CGU) jugées trop intrusives, semblant autoriser la firme à entraîner une intelligence artificielle (IA) avec les données de ses utilisateurs. Face à la levée de boucliers, WeTransfer a rapidement clarifié sa position.
L’Article 6.3 qui a mis le feu aux poudres
Les nouvelles CGU de WeTransfer, entrées en vigueur le 1er juillet et applicables dès le 8 août, contenaient un passage particulièrement litigieux dans l’article 6.3, intitulé « Licence to WeTransfer ». Une phrase en particulier a enflammé les réseaux sociaux : en acceptant les nouvelles conditions, l’utilisateur semblait accorder à WeTransfer « une licence perpétuelle, mondiale, non exclusive, libre de redevances, transférable et pouvant faire l’objet d’une sous-licence pour utiliser votre contenu à des fins d’exploitation, de développement, de commercialisation et d’amélioration du service ou de nouvelles technologies ou de nouveaux services, y compris pour améliorer les performances des modèles d’apprentissage automatique qui améliorent notre processus de modération du contenu ».
En clair, cela laissait penser que WeTransfer s’octroyait le droit d’utiliser et de reproduire le contenu des fichiers partagés pour entraîner son IA, notamment à des fins de modération. Cette clause a été perçue comme un renoncement à la propriété du contenu par les utilisateurs, une pilule difficile à avaler, surtout pour les entreprises partageant des documents confidentiels.
Face à la tempête médiatique et aux appels au boycott, WeTransfer a réagi rapidement. L’entreprise a publié hier un communiqué sur son blog pour clarifier l’article 6.3. La nouvelle formulation, plus concise, stipule désormais : « Afin de nous permettre d’exploiter, de vous fournir et d’améliorer le service et nos technologies, nous devons obtenir de vous certains droits relatifs au contenu couvert par des droits de propriété intellectuelle. Par la présente, vous nous accordez une licence libre de redevance pour utiliser votre contenu dans le but d’exploiter, de développer et d’améliorer le service, le tout conformément à notre politique en matière de confidentialité et de cookies. »
Les précisions qui Se voulaient rassurantes
Si le langage des CGU reste subtil, le billet de blog de WeTransfer se veut, lui, beaucoup plus explicite et rassurant, en particulier sur l’épineuse question de l’IA et de la propriété des données :
OUI – votre contenu reste votre propriété. L’entreprise insiste sur le fait que « vous ‘possédez et conservez tous les droits, titres et intérêts, y compris tous les droits de propriété intellectuelle, sur le contenu' ».
OUI – vous donnez la permission à WeTransfer d’exploiter et d’améliorer le service.
OUI – les conditions sont conformes aux lois sur la protection de la vie privée, y compris le RGPD.
NON – WeTransfer n’utilise pas votre contenu pour former des modèles d’IA.
NON – WeTransfer ne vend pas votre contenu à des tiers.
Ces précisions visent à calmer la colère des utilisateurs et à restaurer la confiance.
La confiance brisée et la concurrence à l’affût
Malgré ces clarifications, l’incident a laissé des traces. Les réseaux sociaux ont été inondés de recommandations pour des services alternatifs comme le français Smash ou le suisse SwissTransfer, certains offrant même des limites de poids plus généreuses. Cette polémique met en lumière la sensibilité croissante des internautes face à l’utilisation de leurs données et le respect du droit d’auteur dans l’ère de l’intelligence artificielle. WeTransfer aura fort à faire pour reconquérir pleinement la confiance de sa base d’utilisateurs.