Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye vient de recevoir le prestigieux « Presidential Global Water Changemakers Award 2025 » ce mercredi à Cape Town. Cette distinction internationale consacre le leadership sénégalais dans la diplomatie mondiale de l’eau et positionne Dakar comme acteur incontournable des infrastructures hydrauliques africaines.
L’honneur intervient lors du Sommet de l’Union africaine sur l’investissement dans l’eau en Afrique, organisé sous présidence sud-africaine du G20. Six chefs d’État seulement ont été distingués en 2025, plaçant le Sénégal dans le cercle restreint des nations qui « façonnent l’agenda global de l’eau ».
La reconnaissance porte spécifiquement sur la co-organisation avec les Émirats arabes unis de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau 2026. Un partenariat stratégique qui illustre la capacité du Sénégal à fédérer au-delà du continent africain.
Le modèle sénégalais fait école en Afrique
Le Dr Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique et président en exercice de l’AMCOW, a présenté le « Grand Projet de Transfert de l’Eau » lors du sommet. Cette initiative s’inscrit dans le programme ambitieux des « Autoroutes de l’Eau« , lancé par le Président Faye dès son arrivée au pouvoir.
L’approche sénégalaise repose sur un partenariat public-privé déjà « reconnu au niveau international comme une réussite majeure ». Cette formule permet de mobiliser les capitaux privés tout en conservant la maîtrise publique des infrastructures stratégiques.
Le ministre Dièye a rappelé l’équation africaine : « L’Afrique doit investir massivement dans des infrastructures structurantes et résilientes, capables de répondre aux défis du changement climatique et de la croissance démographique. »
L’eau, nouveau levier géopolitique africain
Cette distinction intervient dans un contexte où l’accès à l’eau devient un enjeu géopolitique majeur. Avec une croissance démographique de 2,7% annuel et des impacts climatiques croissants, l’Afrique fait face à un défi hydrique sans précédent.
Le Sénégal mise sur la diplomatie de l’eau pour renforcer son influence régionale. En modérant la table ronde présidentielle n°2 du sommet, Dakar démontre sa capacité à fédérer les positions africaines face aux bailleurs internationaux.
« L’eau est la source de la vie, le moteur de nos économies et un instrument de paix et de stabilité », martèle le ministre sénégalais. Une vision qui transcende les seuls enjeux techniques pour embrasser les dimensions économiques et sécuritaires.
Les « Autoroutes de l’Eau » : ambition continentale du Sénégal
Le programme présidentiel des « Autoroutes de l’Eau » dépasse les frontières nationales. Cette vision s’appuie sur des transferts d’eau inter-bassins et des infrastructures transfrontalières pour optimiser la ressource à l’échelle sous-régionale.
L’approche privilégie :
- Les infrastructures résilientes face au changement climatique
- La mobilisation de financements via partenariats innovants
- La coopération internationale renforcée
- Une gouvernance inclusive des ressources hydriques
Cette stratégie positionne le Sénégal comme hub hydraulique de l’Afrique de l’Ouest, avec des retombées économiques et géopolitiques majeures.
Le défi du financement des infrastructures hydrauliques
L’enjeu financier reste colossal. L’Afrique nécessite plusieurs centaines de milliards de dollars d’investissements pour sécuriser son approvisionnement hydrique d’ici 2030. Le modèle sénégalais de partenariat public-privé inspire déjà d’autres pays du continent. En démontrant la viabilité économique de grands projets hydrauliques, Dakar ouvre la voie à de nouveaux montages financiers.
Cette reconnaissance internationale renforce la crédibilité du Sénégal auprès des bailleurs multilatéraux et des investisseurs privés. Un atout décisif pour mobiliser les financements nécessaires aux « Autoroutes de l’Eau ».
Vers une influence sénégalaise renforcée ?
Avec cette distinction, le Sénégal « confirme sa place parmi les nations qui façonnent l’agenda global de l’eau ». Une montée en puissance qui dépasse le seul secteur hydrique pour irriguer l’ensemble de la diplomatie africaine.
La co-organisation de la Conférence ONU 2026 avec les Émirats offre au président Faye une tribune mondiale inédite. Une opportunité de porter « haut la voix de l’Afrique dans les instances multilatérales » sur un enjeu devenu stratégique.