Sénégal : les nouvelles taxes font chuter le DPRI, la GSMA appelle à un virage stratégique du numérique 

Le dernier rapport de la GSMA intitulé «  Stimuler la croissance économique grâce à la transformation numérique », présenté à Dakar en marge du Digital Africa Summit, apporte un éclairage précis sur l’état du cadre politique et réglementaire du Sénégal. Alors que le pays affiche l’une des meilleures couvertures mobiles d’Afrique de l’Ouest (97 % en 4G), de nouvelles mesures fiscales adoptées en octobre 2025 ont provoqué une baisse notable du score DPRI, l’indice qui mesure la qualité des politiques numériques.

Le score global est passé de 69/100 à 62/100, soit une chute de 7 points, une variation suffisamment significative pour affecter l’attractivité de l’écosystème numérique et freiner le développement des services digitaux.

« Les nouvelles taxes introduites ont un impact direct sur le coût du numérique, l’accès aux smartphones et la capacité des acteurs à investir », souligne l’équipe d’analyse de la GSMA, qui a présenté les résultats devant les décideurs publics, régulateurs et opérateurs.

Un paradoxe : très bonne couverture mobile, mais cadre fiscal plus contraignant

Le rapport confirme la position solide du Sénégal sur plusieurs indicateurs fondamentaux :

97 % de la population est couverte en 4G. 42 % des Sénégalais utilisent Internet mobile. 38 % disposent d’un smartphone. Le mobile génère 14,6 millions de comptes actifs de mobile money. Plus de 2,9 milliards de transactions électroniques sont réalisées chaque année.

Autrement dit : l’infrastructure et la demande sont en place, mais l’environnement fiscal s’est durci.

Selon la GSMA, la fiscalité introduite fin 2025 a alourdi le coût du numérique, créant une pression sur : le prix des smartphones, le coût des services mobiles, les marges d’investissement des opérateurs, et la capacité des ménages à accéder aux outils digitaux.

Conséquence directe : une détérioration du score DPRI, qui reflète le ralentissement de la dynamique de transformation numérique. Un impact sur l’inclusion numérique : 54 % des Sénégalais toujours non connectés

Malgré une hausse continue de l’usage de la data mobile, le rapport rappelle qu’une grande partie de la population reste non connectée même lorsqu’elle est couverte par le réseau.

54 % de la population sénégalaise reste hors ligne (écart d’usage). 61 % en Afrique de l’Ouest. 64 % en Afrique.

Le principal frein repose sur le coût des smartphones et des services, identifié comme la barrière numéro un à l’adoption.La GSMA appelle à des réformes ciblées : un agenda prioritaire pour le Sénégal

La présentation révèle une série de recommandations précises destinées à aligner l’action publique sur les objectifs du New Deal Technologique 2034.

1. Réduire la fiscalité sectorielle

Objectif : rendre le numérique plus accessible, permettre l’investissement et éviter la surcharge fiscale qui pèse sur les acteurs du secteur.

2. Développer une stratégie nationale sur l’IA

L’intelligence artificielle est perçue comme un levier majeur pour l’économie, mais nécessite un cadre clair et structurant.

3. Accélérer la numérisation des services publics

Permettre au digital de soutenir la gouvernance, l’efficacité administrative et la souveraineté technologique.

4. Améliorer l’accessibilité des smartphones

La Recommandation importante de la GSMA a l’état du Sénégal est de Supprimer la TVA et les droits sur les smartphones d’entrée de gamme pour démocratiser l’accès.

5 Renforcer la régulation du mobile money

Notamment en réduisant les frais additionnels de 0,5 % qui freinent l’utilisation des services financiers digitaux.

6. Investir dans des infrastructures numériques durables

L’objectif est d’assurer une croissance inclusive et une meilleure répartition territoriale des services.

417 milliards de FCFA de recettes fiscales possibles grâce à une utilisation accrue du numérique

La GSMA démontre, chiffres à l’appui, que la digitalisation peut renforcer la mobilisation des recettes.Une hausse de l’usage du numérique dans l’économie générerait un impact fiscal net de 417 milliards de FCFA, provenant :d’un élargissement de l’assiette fiscale, de gains de productivité dans les secteurs clés, de l’expansion du mobile money, et de la numérisation des services publics.

Autrement dit : le numérique peut rapporter plus à l’État qu’une taxation additionnelle du secteur.

Le mobile : un pilier du New Deal Technologique 2034

Le secteur mobile est l’un des principaux contributeurs aux objectifs nationaux : 95 % de connectivité abordable visée. 80 % d’utilisation des services numériques.

350 000 emplois déjà générés par la chaîne de valeur du mobile. 15 % du PIB liés à l’économie numérique à horizon 2034. Le rapport rappelle qu’en soutenant davantage cet écosystème, le Sénégal peut combler l’écart d’usage de 12 % d’ici 2030. Dont il faudrait repenser la fiscalité pour libérer la croissance numérique

Partager :

Socialnetlink

Retrouvez toute l'actu Tech et des Nouveaux Médias en Afrique  sur Socialnetlink.

Évènements à venir

Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.