La Régulation des réseaux sociaux en Afrique : rêve utopique ou capitulation totale ?

La régulation suppose un contrôle effectif. Or, face à des géants (WhatsApp, Meta, X, TikTok) situés hors de nos frontières et juridictions, elle se réduit à des coupures d’accès, facilement contournées par VPN. En se connectant nos concitoyens cèdent leurs données en un clic via des contrats non lus marchandisant ainsi leur vie privée.

Censées garantir la liberté d’expression, ces plateformes sont devenues des foyers de discours violents et haineux contraires à nos valeurs. Elles s’érigent en arbitres par une autorégulation mondiale uniforme, sourde aux spécificités locales. Leur modération algorithmique repose sur des référentiels étrangers ignorant nos sensibilités. Un contenu banal aux États-Unis peut choquer en Afrique. Ancrées aux États-Unis, elles bénéficient d’une liberté quasi absolue (Premier Amendement) et d’une déresponsabilisation étendue (Section 230), protections comparables à celles dont jouit TikTok en Chine.

Ce déséquilibre crée une tension profonde. Nos lois se heurtent à des juridictions puissantes et à une conception absolue de la liberté d’expression indifférente à nos réalités culturelles. En sus, réguler ces Big Tech risquerait d’étouffer l’oxygène digital de nos économies numériques et de priver des millions d’Africains de leurs revenus.

Des signaux forts émergent: Le Nigeria (2022) a contraint X à une présence locale. En 2025, la Tanzanie et l’Afrique du Sud ont instauré des cadres stricts d’enregistrement et de responsabilité. Les restrictions ciblées sur X en Tanzanie traduisent une pression accrue pour la conformité

Cette année, les retraits massifs de vidéos sur TikTok: Nigeria (+592K ) Kenya(+43 k) et le sommet de Cape Town confirment cette dynamique renforcée par l’exigence ghanéenne de modération locale des contenus explicites.

Ces avancées montrent que l’Afrique peut agir mais aucun État face à des géants dont la capitalisation dépasse le PIB des 54 pays africains réunis ne peut réguler seul comme l’illustre le mépris de TikTok envers le Nigeria dans son programme de rémunération des créateurs (2025)

La solution n’est pas technico-répressive mais juridique, éthique, éducative et diplomatique. Elle réside dans un code de conduite collectif fondé sur la responsabilité partagée, adossé à la Charte africaine et à la Résolution 631 de la CADHP (2025) intégrant éducation numérique et négociations internationales.

Cette voie exige un cadre continental inspiré de la Stratégie IA de l’UA (2024) protégeant les citoyens et les spécificités locales imposant présence légale, transparence algorithmique, suppression des contenus dangereux, protection des données et fiscalité équitable.

La régulation isolée est illusoire. Seul ce code africain inspiré du DSA et du RGPD Européens peut les contraindre, rééquilibrer le rapport de force et garantir une régulation effective fondée sur l’accès au marché et la responsabilité juridique.

Elhadji Wack NDIAYE

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