vendredi, mars 29, 2024

Jesus Ekié, le jeune informaticien qui veut développer le secteur agricole africain avec son application JERA

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Premier Prix du concours ReSAKSS mis en jeu par l’IFPRI , le Sénégalais au prénom prédestiné, Jesus Ekié, consultant Sénior en Informatique, explique dans cet entretien « Jera », l’application qui lui a valu d’être primé, sa finalité, entre autres sujets.

En quoi consiste « Jera », l’application numérique que vous avez conçue ?

« Jera », acronyme pour « Just Extensible Research Algorithm » matérialise l’infini dans les possibilités offertes par la combinaison des codes informatiques et des technologies mises à contribution. Je l’ai conçu il y a juste 7 mois. Cet ensemble de technologies (BigData, Intelligence Artificielle, Reconnaissance Vocale, etc.) permet de rechercher au sein d’une importante masse de données, de la manière la plus intuitive possible, tout en mettant à la disposition de l’utilisateur un ensemble d’outils liés à la gestion de connaissance, à l’analyse, aux publications, aux événements.

Quelle est sa finalité ?

Pour l’instant sa finalité est la promotion des métriques et statistiques liées à l’agriculture auprès des acteurs de ce secteur (pouvoirs publics, populations, bailleurs et partenaires au développement). Cependant, je compte élargir le domaine d’application pour englober tous les autres secteurs clés de l’économie et du développement de nos pays africains.

Quel est l’impact social et de « Jera » sur les populations sénégalaise et africaine ?

Le premier impact concerne une plus grande prise de conscience et une plus grande sensibilisation sur les opportunités offertes par « Jera » dans le domaine agricole. Les différents intervenants de ce secteur pourront en temps réel être informés des défis à venir. In fine, l’application permettra d’augmenter la résilience des populations face à tout phénomène de dégradation environnementale et/ou sociale.

« Jera » est adaptable au mobile. Est-ce à dire qu’il s’agit d’une application grand public ?

En effet cette application est destinée à un usage grand public. Faisant usage de l’impressionnante masse de données amassée grâce au ReSAKSS (Regional Strategic and Analysis Knowledge Support System) mis en œuvre par l’IFPRI (International Food Policy Research Institute) en collaboration avec les différents ministères de l’Agriculture africain, nous usons ainsi de données assermentées et validées pour publication. Ces données « propres à la consommation » permettront ainsi au public de disposer d’un outil performant d’un point de vue technologique, mais surtout fiable d’un point de vue informations.

Votre solution est développée par le biais de l’Intelligence artificielle (IA). Aujourd’hui quelles peuvent être les apports de l’IA dans le développement économique et social de l’Afrique ?

L’Intelligence Artificielle permet une certaine forme d’automatisation de tâches complexes, même répétitives. Les grandes firmes l’ont très bien compris et cela s’observe par la création à tout-va de pôles spécialisés dans l’IA au sein de leurs départements de Recherche et Développement. L’ouverture d’un centre spécialisé en IA au Ghana par Google et dirigé par un confrère Sénégalais (Moustapha Cissé, ndlr) montre à preuve suffisante tout l’intérêt qu’elle suscite. L’Afrique doit pouvoir en tirer profit en se dotant dès le départ de dispositifs et moyens devant permettre une meilleure captation tant de la valeur que des compétences.

Des chercheurs alertent cependant sur les effets pervers de l’IA et de la robotique de causer des pertes d’emplois. Quelle est votre position dans ce débat ?

L’humain est irremplaçable. Notre capacité à créer, notre empathie, notre instinct fait de l’Homme l’être unique qu’il est. L’IA tirant profit de la puissance de calcul des ordinateurs peut donner à certains l’impression d’une perte de pouvoir. Selon moi, il faut certes des garde-fous afin de mieux maitriser l’usage qui en est fait surtout en milieu professionnel, mais face aux défis auxquels l’humanité est confrontée (sécurité alimentaire, changement climatique, etc.), il nous faut l’assistance des ordinateurs. La seule constante de l’humanité étant le changement, une solution durable serait d’anticiper ces changements, de mettre en place des méthodes et processus pour une meilleure intégration, une assimilation optimale.

Actuellement, à quel stade (phase de promotion, déploiement, développement, etc.) en êtes-vous avec « Jera » ?

Actuellement, nous sommes dans une phase de mise en place de partenariats avec les pouvoirs publics et les partenaires au développement. Ces partenariats ont pour but l’appui tant technique que financier à l’équipe devant travailler à améliorer et démocratiser l’usage de ce produit à travers tout le continent.

Je dois juste ajouter que la participation à ce genre de concours constitue un bon test pour mesurer la potentielle performance de « Jera » dans son usage professionnel. J’ai donc pris part au ReSAKSS pour tester mes compétences mais surtout parce que j’avais là une opportunité d’accéder à des données et d’en faire un produit pouvant permettre l’amélioration des conditions de vie de plusieurs millions de personnes à travers le continent.

Entretien réalisé par Amadou BA de http://innovafrica.net