vendredi, avril 19, 2024

Dettes de 375 milliards de FCFA – Risque de pénurie du Pétrole au Sénégal

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Dans un contexte mondial particulièrement tendu, les pétroliers du Sénégal doivent faire face à une dette de 375 milliards FCfa que leur doit l’Etat. Une créance qui, si elle n’est pas soldée, risque de plonger le pays dans un manque d’approvisionnement en produits pétroliers.

Les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine se font toujours sentir. Et s’il y a un secteur qui est touché de plein fouet, c’est celui des hydrocarbures. Entre hausse des prix du baril de pétrole, crise énergétique, pénurie de carburant… le : monde a trinqué. Et on n’est pas encore sortis de l’auberge. Les tensions sur la production au niveau mondial persistent. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires ont annoncé, il y a quelques jours, une baisse de leur production journalière de pétrole de deux millions de barils, pour le mois de novembre. Les 13 membres de l’Opep, dirigée par l’Arabie Saoudite, et leurs 10 partenaires conduits par la Russie, opèrent ainsi la baisse la plus importante depuis le début de la pandémie du Covid-19.

Et ce, malgré la pression des Etats-Unis pour une augmentation de l’offre. Les Etats-Unis qui, de leur côté, sont en train d’étudier les possibilités d’une interdiction d’exportation de l’essence, du diésel et du fioul durant 30 à 60 jours. Des facteurs qui, combinés, pourraient entraîner une augmentation des prix du carburant. Et dans le même temps, les compagnies Total Energies et Exxon-Mobil font face à une grève de leurs agents dans les raffineries en France, pour la revalorisation des salaires.

Un mouvement d’humeur qui dure depuis une vingtaine de jours et qui a fortement perturbé l’approvisionnement des stations-services. De quoi avoir des inquiétudes pour le Sénégal. Sommes-nous à l’abri d’une pénurie ? Avons-nous un stock suffisant et est-ce que les dispositions sont prises pour parer à toute éventualité?

«Si l’Etat ne rembourse pas les pétroliers, il y aura des problèmes d’approvisionnement»

Le président de l’Association sénégalaise des pétroliers (Asp) se montre rassurant. «Le Sénégal ne risque pas une pénurie de carburant à l’heure actuelle, parce que la Sar (Société africaine de raffinage) fonctionne normalement et honore toutes es commandes. Le pays est normalement approvisionné et nous ne voyons pas de risque de pénurie», assure Ameth Suissé. Selon lui, la décision de l’Opep de réduire sa production l’est pas liée à des difficultés de production. «C’est juste la règlement des professionnels du pétrole) c’est 145 milliards FCfa, pour la Sar, 220 milliards, pour les indépendants (Elton, Star Oil…)1o milliards. Ce qui fait un total de 375 milliards FCfa que l’Etat doit aux pétroliers, représentant les pertes commerciales et la péréquation transport», fait savoir Cheikh Diop, égale ment Secrétaire général de la Cnts/Fc (Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement).

Suivant ses explications, c’est le Fonds de soutien à l’énergie (Fse) qui devait rembourser la dette, mais il ne fonctionne pas correctement. «Ce sont des dettes qui s’accumulent depuis le début de l’année et qui pèsent lourdement sur les importateurs.Et un secteur qui traine 375 milliards FCfa de dettes risque de s’arrêter. Et le plus grand risque que court le pays, c’est une pénurie par défaut d’importatio.»

Pour Cheikh Diop, la décision de l’Opep pourrait impliquer un relèvement du coût du pétrole, donc il y aura du produit, mais à coût élevé. Mais pour l’heure, le Sénégal n’est pas directement impacté. «Au Sénégal, on avait pris les dispositions pour avoir au delà du stock de sécurité, les commandes sont en cours, la Sar a terminé ses travaux donc elle est fonctionnelle. Mais la difficulté que nous avons, ce n’est pas encore un problème d’importation ou de stockage suffisant pour la consommation, c’est un problème de dettes aux im-portateurs. Et si cela perdure, les membres du Gpp auront du mal à rembourser ce qu’ils doivent à la Sar, qui se retrouve entre la dette de l’Etat et celle de ses clients, les distributeurs.»
Poursuivant, Cheikh Diop signale que si l’Etat ne rembourse pas sa dette, les pétroliers ne pourront plus importer les produits pétroliers et le pays ne sera plus sécurisé. «En outre, il y a des risques de pertes d’emplois, surtout pour les prestataires, des arriérés de salaire, du chômage technique… surtout que les banques ne prêtent plus aux pétroliers pour les importations parce qu’ils leur doivent de l’argent. On va vers des lendemains difficiles, il faut le reconnaître», souligne Cheikh Diop.
Il faut noter que l’Etat avait consenti une subvention de 300 milliards FCfa pour le carburant, l’électricité et le gaz pour les maintenir à un prix raisonnable et soutenable pour les ménages. Mais à en croire le président du Sntpgz, Cheikh Diop, ce sont les importateurs qui sont en train de supporter cette subvention, et à la longue, ils ne seront plus enclins à importer du produit pour le Sénégal. «Si on reste dans la logique de l’Etat, une hausse des prix n’est pas encore à l’ordre du jour, mais il faut que la dette soit épurée au plus vite», prévient Cheikh Diop.

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