La dynamique de financement des start-up africaines a franchi un nouveau cap. Avec 254 millions de dollars levés au mois de mai, le continent totalise désormais plus d’un milliard de dollars investis depuis le début de l’année 2025 selon les chiffres de Africa: The Big Deal . Une performance qui dépasse de 40 % celle de la même période en 2024, et qui confirme le retour en force de la tech africaine après une année de ralentissement.
L’Égypte en tête d’affiche d’un écosystème en pleine consolidation
Le mois de mai a été particulièrement porté par l’Égypte, devenue en quelques mois le cœur battant de l’investissement technologique africain. À elle seule, elle représente 31 % des fonds levés en 2025 — soit plus de 330 millions de dollars. Parmi les opérations majeures :
Nawy, proptech basée au Caire, a signé la plus importante levée de fonds du mois (et la plus grosse jamais réalisée dans ce secteur sur le continent) avec 75 millions de dollars, dont 52 millions en Série A menés par Partech, et 23 millions sous forme de dette.
Tasaheel, filiale de MNT-Halan, a finalisé la plus grande émission obligataire d’entreprise en Égypte, d’un montant de 50 millions de dollars.
Valu, Thndr, Sylndr et Money Fellows ont chacun levé entre 13 et 27 millions de dollars, consolidant la suprématie égyptienne dans la fintech, la mobilité et l’investissement grand public.
Cette concentration de financements sur un seul pays traduit une maturité croissante de l’écosystème égyptien, capable désormais d’attirer les plus grands fonds internationaux et d’envisager des introductions en bourse à court terme.
Des levées en hausse, mais moins d’opérations
Sur les 36 start-up africaines ayant levé plus de 100 000 dollars en mai (hors sorties), seules sept ont dépassé le cap des 10 millions, un signe que le marché devient plus sélectif mais aussi plus structuré. Le montant médian des deals est en hausse, preuve que les investisseurs parient sur des dossiers solides, bien construits et à fort potentiel d’internationalisation.
Autre fait marquant : la start-up sud-africaine AURA, active dans la healthtech, a levé 15 millions de dollars en Série B, dans un tour co-dirigé par Partech et le fonds CAIF, avec en ligne de mire un déploiement aux États-Unis.
Le mois de mai a aussi été marqué par quatre exits, dont trois en Égypte. Le plus emblématique : la fusion de Qardy avec Catalyst Partners Middle East, dans ce qui constitue la toute première opération de type SPAC jamais réalisée dans le pays (estimée à 23 millions de dollars). Dans le reste du continent, le groupe BioLite a annoncé l’acquisition d’une participation majoritaire dans Baobab+, acteur clé de l’accès à l’énergie hors réseau en Afrique de l’Ouest.
Avec plus d’un milliard de dollars levés en cinq mois, l’année 2025 s’annonce déjà comme l’une des plus dynamiques pour la scène tech africaine. Si la tendance se maintient, le second semestre pourrait battre des records, notamment grâce à un regain d’intérêt pour les start-up orientées IA, fintech, énergie et climat. Rendez-vous dans trois semaines pour un bilan du premier semestre, qui s’annonce décisif pour évaluer les trajectoires d’investissement et les champions émergents d’une Afrique technologique de plus en plus structurée.