Les éditeurs italiens saisissent le régulateur contre Google, accusé d’étouffer le trafic des sites d’information avec ses réponses générées par l’IA.
Google face à la colère des médias européens
L’intelligence artificielle intégrée à Google inquiète de plus en plus les éditeurs. Alors que le géant américain se félicitait cet été d’avoir franchi la barre des 100 millions d’utilisateurs de son « AI Mode », la réaction du monde médiatique est tout autre.
Après le New York Times aux États-Unis, c’est désormais la presse italienne qui s’insurge, dénonçant un risque majeur pour la survie économique des médias en ligne.
La FIEG dépose plainte contre Google
La Fédération italienne des éditeurs de journaux (FIEG) a saisi officiellement l’Agcom, l’autorité italienne des communications. Elle accuse Google de violer le Digital Services Act (DSA), en soulignant des « effets néfastes » pour les utilisateurs, les entreprises et la diversité de l’information.
Selon la FIEG, les nouvelles fonctionnalités — notamment AI Overviews et AI Mode — rendent les contenus journalistiques moins visibles dans les résultats de recherche.
Ces outils, qui affichent directement des résumés générés par l’IA, réduisent les clics vers les sites d’origine et, par conséquent, les revenus publicitaires.
« Google est devenu un véritable traffic killer », dénonce la fédération, qui demande une régulation urgente des pratiques du moteur de recherche.
Des chiffres alarmants sur la baisse du trafic
Plusieurs études viennent appuyer cette plainte.
L’analyse du cabinet britannique Authoritas fait état d’une chute pouvant atteindre 80 % du nombre de clics lorsque les AI Overviews s’affichent en tête des résultats.
Le Pew Research Center, de son côté, souligne qu’un utilisateur sur cent seulement clique sur un lien situé sous un résumé IA.
De son côté, Google conteste vigoureusement ces conclusions, estimant que les méthodologies utilisées sont biaisées.
L’entreprise affirme que le volume global de clics reste stable et que les visites vers les partenaires seraient désormais « plus pertinentes et mieux qualifiées ».
Vers une enquête européenne sur les pratiques de Google ?
L’Agcom pourrait prochainement ouvrir une enquête formelle pour déterminer si les pratiques de Google respectent le Digital Services Act.
Le régulateur pourrait notamment demander à l’entreprise de fournir des données détaillées sur la fréquence d’apparition des AI Overviews, leurs sources d’information, et la mise en avant des liens externes.
En toile de fond, les éditeurs italiens craignent une concentration du pouvoir informationnel entre les mains de Google.
L’affaire pourrait bien dépasser les frontières italiennes : plusieurs observateurs y voient un test décisif pour la régulation de l’intelligence artificielle en Europe, notamment dans le domaine des moteurs de recherche.
Un précédent en Italie sur la régulation de l’IA
Ce n’est pas la première fois que l’Italie se place en pionnière de la régulation de l’intelligence artificielle. En 2023, le pays avait été le premier en Europe à bloquer temporairement ChatGPT, au nom de la protection des données personnelles.
Cette nouvelle bataille autour de Google pourrait donc marquer une nouvelle étape dans la gouvernance mondiale de l’IA appliquée à l’information.