jeudi, mars 28, 2024

Non ! Jumia n’est pas une startup africaine! ( analyse de Issam Chleuh)

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Jumia n’est pas une startup africaine! c’est ce que veut prouver Issam Chleuh dans une longue contribution publiée par nos confrères de Jeune Afrique.

Directeur exécutif de Suguba, le farouche défenseur   du développement des start-ups en Afrique francophone pointe du doigt la filiale Jumia qui a récemment fait son entrée  à la bourse à New York.

L’expert ne comprend pas pourquoi l’introduction de Jumia à la bourse de New York est  sous l’étiquette de  « première start-up africaine ».

Lire aussi l’article : Jumia, « l’amazon africain » du E-commerce fait son entrée à la bourse de New-York

« Jumia est une entreprise enregistrée en Allemagne, fondée par des Français, qui a basé son équipe d’ingénieurs au Portugal. Et, alors que l’écosystème tech africain est riche de compétences, Jumia n’a jamais voulu se positionner sur le continent. »

 

Issam Chleuh se demande d’ailleurs  » Pourquoi, après n’avoir rien fait pour être une vraie « Start-up Tech Africaine », ce changement soudain d’identité et d’image de marque ? Sans doute faut-il trouver la réponse dans la vogue que connaît aujourd’hui le label « African Tech Start-up », qui a permis aux start-up africaines du secteur technologique de lever plus de 1,16 milliard de dollars en fonds propres sur 164 tours en 2018, selon le rapport du Fonds Partech. »

Le defenseur des startups africaines laisse sur la table de Jumia quelques questions auxquelles il attend des réponses

Pourquoi la société Jumia a-t-elle décidé de s’enregistrer légalement en Allemagne et non au Rwanda ou à Maurice ? Pourquoi, alors, s’auto-proclamer si fièrement « première start-up tech africaine » à être listée sur la bourse de New York ?

Pourquoi Jumia a-t-elle décidé de baser son équipe de développeurs au Portugal, et a affirmé – fallacieusement – sur la chaîne CNBC que c’est en raison d’un déficit de développeurs en Afrique ?

Où sont tous les soi-disant « fondateurs Africains » de Jumia aujourd’hui ?

Abus d’« égoïsme rationnel » Jumia aurait pu être enregistré à Port Louis, Kigali ou CapeTown. Elle aurait pu garder certains des « cofondateurs africains » – Nigérians, Sénégalais ou Ghanéens – qui étaient avec eux depuis la naissance de l’entreprise. Elle aurait pu choisir de baser ses équipes d’ingénieurs à Nairobi, Addis ou Casablanca.

Jumia a, en fait, abusé de l’« égoïsme rationnel » du libre-échange, qui veut que « dans un échange librement consenti, les deux parties recherchent chacune leur avantage, mais aucune des deux ne peut obtenir ce qu’elle veut sans tenir compte du souhait de l’autre ». Un principe que le Fonds monétaire international considère comme étant le seul à même de « conduire à la prospérité économique ».

Les règles du marché libre permettent à Jumia de se développer en Afrique, mais elles ne lui permettent pas de violer les lois fondamentales du commerce international. Car ce faisant, Jumia s’expose à de potentielles poursuites : il existe une jurisprudence sur l’utilisation abusive du patrimoine culturel traditionnel, des connaissances et des expressions des peuples autochtones.