mardi, décembre 3, 2024

Cheikh Fall : « La révolution digitale est une chance pour l’Afrique »

0 commentaire
Considéré comme l’une des stars de la blogosphère africaine, le blogueur et cyberactiviste sénégalais Cheikh Fall, 33 ans, très actif sur les réseaux sociaux, n’est aujourd’hui plus à présenter. Initiateur de la plateforme Sunu2012, pour permettre aux citoyens de mieux contrôler la démocratie dans leur pays, il a remporté de multiples prix pour son implication dans le développement du continent via ses blogs. Il revient pour AFRIK.COM sur son parcours.

« Les populations africaines ont toujours été trop en avance par rapport à leurs politiques ! ». Le ton est d’ores et déjà donné par l’activiste et blogueur sénégalais Cheikh Fall, basé dans la capitale sénégalaise, Dakar, qui estime qu’il est temps que les Africains prennent leur destin en main.

Son sourire facile et sa simplicité déconcertent. Sans compter sa maîtrise de la langue de Molière qu’il manie à sa guise, sous une plume acerbe, qui ne fait pas l’unanimité, surtout quand il s’agit de critiquer la mauvaise gouvernance africaine. En Afrique, il n’y a pas un blogueur actif qui ne le connait pas. Père de deux enfants, âgés de huit ans et neuf ans, à à peine 33 ans, le jeune Sénégalais a été de tous les combats pour le développement de la démocratie en Afrique, pour plus de justice et d’équité, ou encore l’amélioration des conditions de vie de la population… De même, quand des blogueurs sont expulsés de leur pays, ou pays d’accueil, il est le premier à le dénoncer. De même, quand les ONG de défense des droits de l’Homme publient des rapports qui épinglent les Etats africains, il est aussi toujours le premier à véhiculer l’information. Des combats qu’il mène à travers son blog, mais aussi les réseaux sociaux Twitter, Facebook. Très suivi par la jeunesse africaine, 5 000 fans sur Facebook, 15 000 folowers sur Twitter, les écrits du jeune homme ne passent jamais inaperçus. « Je tweete à tout moment de la journée », dit-il en riant.

« Un projet comme la création d’un blog peut changer le cours d’une existence »

Sa notoriété dépasse le pays de la Téranga. Il est en effet régulièrement sollicité par des jeunes du continent pour une formation à l’usage de nouvelles technologies. Il est aussi membre du réseau Afriktiviste, ligue africaine des activistes africains, qui organise régulièrement des assemblées sur le continent. Cheikh Fall est aussi consulté par l’UNESCO en tant qu’expert sur la politique des jeunes en Afrique. Ses activités en tant que blogueur lui permettent également de rencontrer de hautes personnalités. Il a également été invité par les Nations Unies, à la Haye, à l’occasion des 100 ans du Palais de la paix, où il a rencontré Ban Ki-moon, le 20 août 2013. A l’occasion de la journée internationale de la presse en Tunisie, il est notamment invité à dîner par l’ancien Président tunisien Moncef Marzouki, le 11 mai 2012.

Malgré cette reconnaissance de son travail, le jeune homme reste humble. « La notoriété m’importe peu. C’est une fierté pour moi d’apporter ma pierre à l’édifice pour le développement du continent. C’est aussi une façon pour moi de montrer aux jeunes du continent qu’un projet comme la création d’un blog peut changer le cours d’une existence ». En plus de sa casquette de blogueur-activiste, Cheikh Fall est chargé de mettre en œuvre la stratégie digitale d’un groupe de presse au Sénégal, depuis mars 2015. Auparavant, il a travaillé, pendant neuf ans, en tant que responsable des programmes à L’agence universitaire de la Francophonie.

« Je devais être sociologue ou philosophe »

Pourtant rien ne prédestinait le jeune homme à travailler dans les métiers du digital. Lui, issu d’une famille aisée, qui a décroché un bac littéraire en étant quatrième de sa promotion. « Je devais être sociologue ou philosophe, car j’avais de très bonnes notes dans ces domaines-là ». Sa passion pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication débute au lycée lorsqu’il travaille pour la première fois sur un ordinateur, en 1999, début du boom de l’internet. C’est le déclic. Il comprend alors que le web est un outil de connaissance qui peut changer le cours des choses. Il décide d’en savoir plus sur cet outil, sur l’informatique en général, et se demande même pourquoi il ne créerait pas ses propres informations qu’il partagerait avec le plus grand nombre.

« Le soir, je volais la clé du bureau de mon père pour comprendre comment fonctionne l’ordinateur »

Sa chance aussi a été que son père avait installé un bureau à la maison, doté d’un ordinateur. « Le soir, je voulais la clé du bureau de mon père et je m’enfermais pour étudier l’ordinateur, comprendre comment ça marche. Parfois je le démontais pour maîtriser les différents mécanismes qui lui permettent de fonctionner. Mais je remontais tout aussitôt pour que personne ne se doute que je suis entré dans le bureau. J’étais très curieux et rien ne pouvait m’arrêter », dit-il, esquissant un sourire. Son apprentissage de l’informatique ne s’arrête pas là, le jeune homme qui a soif de connaissances, crée son premier blog, Rayons vert, sur la plateforme Geocities organisée et hébergée par Yahoo. Pour améliorer la présentation de son blog, il apprend le fonctionnement des codes HTML. Grâce à ce site, il décroche, en 2004, le prix du meilleur site web, où il avait même intégré une plateforme pour lui permettre, lui et son cercle d’amis, de discuter en instantané.

Lire la suite de l’Artile sur Afrik.com