vendredi, mars 29, 2024

Exonération, Commande publique…les startups sénégalaises face aux défis de la restructuration

0 commentaire

L’écosystème de l’entrepreneuriat au Sénégal a connu des bouleversements tant dans la forme que dans le fond avec la naissance d’une nouvelle ère d’entrepreneurs renforcée par une présence optimale du Digital.

Depuis des années, le gouvernement, à travers sa stratégie Nationale Sénégal Numérique 2025 s’est lancé dans un processus de vulgarisation et d’accompagnement afin de créer et susciter la naissance de nouveaux champions notamment les jeunes pousses.

La formalisation, une urgence pour le développement de la startup

Aujourd’hui, le Sénégal est caractérisé par un secteur informel très important. Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), 96,4% des emplois sont générés par le secteur informel contre 3,6% par le secteur formel. Avec un capital actuel de 350 milliards de francs CFA investis à 53,8% dans l’industrie, 25,3% dans le commerce et 20,4% dans le secteur des services .

Le secteur informel « réalise un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards et contribue à la production qui est estimée à plus de 4 000 milliards. » Et en termes de valeur ajoutée, le secteur informel contribue à plus de 3 000 milliards dans l’économie (ANSD).

Le Résultat du Renseignement Général des Entreprises ( RGE) a permis de dénombrer 407 882 unités économiques réparties sur l’ensemble du pays.

C’est dans cette perspective que le projet de loi de la startup Act longtemps souhaité par les acteurs a pris forme l’année dernière. Après un travail de longue haleine, la loi no 2020/01 relative à la création et à la promotion de la startup a été votée à l’Assemblée Nationale.

Idrissa Diabira, Directeur Général de l’ADEMPE, revient sur la définition même des termes “startup et PME” pour camper le décor avec l’introduction de certaines lois adoptées par le Sénégal.

Grâce à ce projet de loi, le Sénégal dispose de tous les ingrédients pour
faire du secteur entrepreneurial un grenier d’emplois. Ce qui constitue une grande motivation aux yeux des analystes et experts du secteur.

Ceci démontre une volonté politique forte du gouvernement pour permettre aux startups d’être compétitives. Cela permettra aux jeunes pousses de pouvoir grandir et devenir  durant 3 ans, des entreprises fortes pouvant compétir au niveau international”, explique Ousmane Thiongane, expert en communication digitale et conseiller en TIC du Président de la République.

L’exonération fiscale pour faciliter la croissance des startups

La fiscalité a toujours été une barrière pour le développement d’une startup. Entre sa période de naissance et celle de sa croissance intervient le “virus” draconienne des mesures de la fiscalité tuant ainsi toutes les stratégies futures développées au sein de la startup .

Le gouvernement dans sa feuille de route vers un Sénégal numérique évoque une volonté “de tirer parti du fort potentiel du numérique en termes de création d’emplois, avec un objectif de création de 35 000 emplois directs dans le secteur du numérique au Sénégal à l’horizon 2025, conformément aux objectifs du PSE”.

Pour ce faire, la mise en place de mécanismes facilitant le développement de la startup devient une nécessité. C’est ainsi que l’Etat du Sénégal a validé cette année à la date du 24 février, une exonération (IMF) et (CFCE) de trois ans à toutes les startups et entreprises fraîchement créées à compter de la date du 1er janvier 2020.

D’après le DG de l’ADEPME depuis 2012, le Sénégal dispose d’un code générale des impôts avec toutes les dispositions fiscales pouvant encourager l’essor du secteur entrepreneurial.

 

Accès à la commande publique

Malgré une bonne stratégie de soutien à la startup , plusieurs problématiques indissociables se pointent à la porte de l’écosystème entrepreneurial. Le rêve du plus petit entrepreneur ne se réalisera pas s’il n’a pas devant lui le financement et la main d’oeuvre pouvant faire de lui un mastodonte incontournable.

Cette espérance de pouvoir compétir dans le cercle des grands repose sur la possibilité d’avoir accès à la commande publique qui reste “relativement faible à cause du peu de ressources allouées au budget de l’Etat au titre des services numériques.

“Lorsque les financements proviennent de sources extérieures, ce sont des multinationales expérimentées qui en bénéficient. En l’absence de mécanismes de type «capital risque», le financement des activités des «startups» et des PME demeure un sujet de préoccupation majeure au Sénégal”.

Pour Ousmane Thiongane, les startups perdent beaucoup d’argent liés à cette commande publique. «  Il y a des centaines de milliards que gagnent les entreprises sénégalaises à partir de la commande publique. Il faudrait qu’on aille dans une dynamique de pouvoir  donner un quota à ces entreprises numériques‘ rappelle l’expert Digitale  qui souhaite qu’au-delà de la labélisation,  que l’Etat puisse adopter un système de facilitation douanière et sociale aux startups.

 

Pour la DER/FJ il s’agit d’agir au niveau de   la structuration ou la co-création de programmes impliquant les startups sur des sujets prioritaires pour l’Etat mais aussi sur le coaching aux startups pour leur permettre d’asseoir progressivement les conditions leur permettant de soumissionner afin d’accéder à des marchés publiques.

« Dans notre dynamique d’open innovation et de co-création, nous encourageons la collaboration directe avec l’écosystème de startups sénégalaises sur des projets où elles ont l’avantage d’être en mesure d’apporter l’agilité, l’innovation et la connaissance terrain permettant une exécution réussie.

Nous avons ainsi collaboré avec le Ministère du commerce et ses partenaires sur le projet Jaayma Mburu qui a permis, en temps de Covid, de livrer aux Sénégalais leurs pains quotidien afin d’éviter les rassemblements de masse devant les boulangeries. Nous sommes également en train de structurer un grand projet autour de l’e-logistique en collaboration avec le Port Autonome de Dakar et les startups de cette verticale.

D’autres initiatives de ce genre sont en discussion dans le cadre de notre axe d’open innovation« , rappelle la cellule communication de la Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide des Jeunes et des Femmes. 

Plus de 1,150 milliards pour les startups

Avec le programme de financements lancé par la DER/FJ, les startups auront un nouveau souffre dans leur développement. Le volet numérique constitue un pan important pour le Sénégal.

A ce jour,  la DER/FJ a financé plus de  75 startups pour un montant global dépassant 1,150 milliards de FCFA avec  divers produits financiers allant  de la dette, au  prêt d’honneur, ou  BSA-Air en passant par  l’equity et  bientôt ce portefeuille passera le cap des 100 startups.

En plus de  financement, la DER adosse depuis 2020 un accompagnement technique selon le niveau de maturité de l’entreprise accompagnée.

« Il peut donc s’agir du programme d’incubation « Fabrique de Startuppers » avec nos incubateurs partenaires ou de notre programme de pré-accélération et accélération. Les startups bénéficient alors de l’accompagnement d’un pool d’experts à travers des formations et du coaching individuel avec des objectifs clairement définis lors du diagnostic préliminaire afin de mesurer l’atteinte des résultats et réajuster les actions au cours du programme« .

Au delà de cette commande publique et du financement, il n’en demeure pas moins que l’investissement constitue encore le maillon faible du secteur de l’entrepreneuriat. D’où la nécessité pour les startups de s’adapter en mettant en place des stratégies disruptives et pérennes.