vendredi, avril 19, 2024

De la nécessité de protéger nos chefs religieux et de réguler les réseaux sociaux

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La semaine écoulée a été marquée par la forte actualité des religieux qui sont montés au créneau, pour la première fois, à l’occasion de rencontres importantes et de cérémonies officielles, pour dénoncer une série d’agressions dont ils sont victimes ces derniers temps.

Plus qu’un acharnement, un certain discours à l’encontre des guides religieux du Sénégal pourrait être, manifestement, assimilé à une tentative de liquidation de notre patrimoine culturel et religieux. Lequel constitue un socle d’équilibre et contribue, à plusieurs niveaux, à la stabilité et au rayonnement du Sénégal. Si l’on sait qu’ils représentent, certainement, le noyau le plus constant de l’histoire du Sénégal.

A noter qu’il s’agit d’un fait inédit. Au moment où la politique n’a pas fini d’occuper la quasi-totalité de la sphère médiatique, elle atteint les réseaux sociaux, y trouvant des arguments de taille pour impliquer jusqu’au plus petit citoyen. Chacun peut, désormais, s’y identifier et s’inviter au débat. Pendant que les passions montent, il y a aussi que tout le monde peut être « appelé » à la barre du tribunal populaire, y compris les guides religieux !

Ils sont jetés en pâture pour avoir encore gardé une position désintéressée par rapport à la chose politicienne.Est-ce à dire que le rapport entre le religieux et les populations a changé ? Il faut dire que les attaches qui lient le Sénégal, en tant que communauté, avec les familles religieuses sont indéfectibles et ne dépendent pas des particularités contextuelles. Aussi, il s’agit d’un patrimoine à sauvegarder.

Mais, à ce stade, dans sa plus simple évocation, on peut parler d’un malaise social face au camouflet qu’on a servi à une frange de la population qui, jusque-là, a gardé une posture consentie par tous. Ainsi, le fait est grave. Le contexte plus sérieux. Quand le nom commun du guide religieux est mêlé au chamboulement de la vie sociale et politique. Il est accusé de complicité, de partisannerie dans une sphère politicienne. Et voilà que le soleil se lève sur un Sénégal où les guides religieux sont, tout simplement, insultés et calomniés. Et pendant qu’ils ont gardé le silence, ils deviennent des coupables malmenés de tout bord. Au moment où aucune autorité de ce pays ne se lève pour penser à arrêter ce lynchage malsain, indigne d’un pays qui dit tenir à son patrimoine, à sa richesse culturelle et surtout à son legs religieux.

Quand il convient de constater, au même moment, que le Président de la République ainsi que certains acteurs de la vie politique ou sociale ne sont pas pour autant ciblés par ces attaques. Car ils sont, tout simplement, protégés par des lois qui régissent le ton sur lequel on doit s’adresser à eux. Ce qui est tout à fait normal. Mais alors qu’en est-il des guides religieux ? Devrait-on assister à leur lapidation continue avec tous les risques que cela représente, notamment avec de possibles représailles dans les rangs de leurs disciples et autres proches ? Ce qui menacerait, réellement, la stabilité du pays et écorcherait, définitivement, l’image historique du Sénégal.

Aussi, j’invite les autorités du pays à se pencher sérieusement sur la problématique. En effet, il y a lieu de réfléchir sur un projet de loi qui va, illico, rétablir l’honneur bafouée des guides religieux et, en même temps, les protéger contre d’autres attaques du genre. A l’instar de l’article 80 qui protège le Président de la République, il faut une loi qui permettrait au procureur de s’auto-saisir afin de défendre les guides religieux. J’interpelle, solennellement, Son Excellence le Président Macky Sall et j’en appelle à la diligence des honorables députés, à toute l’Assemblée nationale debout, députés du pouvoir comme de l’opposition, ainsi que les non inscrits, pour résoudre la problématique qui reste une des plus saillantes du paysage social.

La régulation des réseaux sociaux, une urgence sociale

A ce stade, il est utile de rappeler que notre pays, au même titre que le reste du monde, est entré dans une phase très dense en matière de liberté d’expression tant le développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, avec l’expansion de nouvelles applications, a été accéléré et ouvert la brèche sur toutes les formes d’expressions.

Aujourd’hui rien n’est laissé au hasard. Ce qui laisse croire que la liberté d’expression a atteint son heure de gloire. Toutefois, dans un pays qui se respecte et qui doit sa renommée à la stabilité sociale qui y prévaut, aux valeurs intrinsèques du respect, de la tolérance, du savoir-être et de la discipline, l’on devrait, souvent, revisiter ces aspects et faire le serment de les mettre en avant dans nos interactions.

Il y a une grande nécessité de revoir les comportements sur les réseaux sociaux. Il est très facile de se « cacher » derrière un clavier pour « attenter » à la vie d’honnêtes citoyens, participer, inconsciemment et dangereusement, à détruire la chose publique ainsi que la cohésion nationale. Car, oui, à l’heure, c’est une telle direction, entre saga et anarchie, que prend l’utilisation des réseaux sociaux par ses acteurs dont la plupart est devenu comme des automates à la recherche d’une vie qui leur a échappé.

Devant cette situation, il est opportun pour l’Etat du Sénégal, en tant que République digne du nom, de trouver des palliatifs face à de telles dérives. Ce sera des accommodements qui, plus que des accompagnements, sont nécessaires et permettraient, aux côtés des citoyens, de réguler les réseaux sociaux et non de restreindre les libertés.

Vous me direz, certainement, comment on peut trouver un consensus autour de la liberté d’expression, surtout avec l’avancée notoire des NTIC ?

Notez qu’il y a lieu encore d’impliquer, dans la mise en place de certaines mesures avec une autorité dédiée au même titre que le CNRA, des conventions internationales avec les détenteurs de licences de ces réseaux afin de mener une collaboration efficiente dans un processus de régulation au niveau national, pour mieux cerner les utilisateurs sénégalais. Et ce sera, non pas sur le contenu, mais sur les comptes utilisateurs que ces opérateurs peuvent stopper à tout moment, selon des critères prédéfinis, de la même manière qu’ils le font déjà sur leurs bases légales. Si l’on sait déjà que ces derniers sont en train de protéger le mouvement LGBT par la mise en place et la détection de mots-clés, les autorités sénégalaises peuvent, tout aussi, fournir des mots-clés à protéger pour mener le combat contre les détracteurs de nos guides religieux.

Toutefois, pour ne pas donner l’impression d’attaquer la liberté d’expression de nos compatriotes, il s’agit d’abord de mener des discussions responsables avec toutes les parties prenantes, notamment les têtes pensantes et représentantes de communauté ainsi que les opérateurs mobiles. Sachant que ceux-ci fournissent les applications au niveau local, il s’agit de les impliquer, tous, dans ce qu’on va appeler l’assainissement des réseaux sociaux, un travail nécessaire et urgent dans le processus de dialogue, de préservation de la paix et de la cohésion nationale. Ainsi, pour ne pas prendre le risque de voir la stabilité de notre pays, menacée à jamais ! Puisse encore Allah (SWT) nous en préserver et nous couvre, par sa Lumière et la bénédiction de nos illustres symboles religieux, ainsi que les Khalifes généraux.

Mame Oumar Ndiaye,
Directeur de l’agence de communication PiccMi et du groupe Asfiyahi