dimanche, mai 5, 2024

La Côte d’Ivoire abrite le 3e plus grand groupe d’administrateurs des campagnes pro-russes et anti-occidentales en ligne

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En République Centrafricaine, au Mali ou au Burkina Faso, la multiplication des campagnes d’influences pro-russes sur internet a été documentée et analysée. Le cas de la Côte d’Ivoire, qui abrite selon un rapport le 3e plus grand groupe gérant ces campagnes en ligne, est jusque-là moins abordé.

Selon le rapport « The Disinformation Landscape in West Africa and Beyond », produit par le think-tank américain Atlantic Council, la Côte d’Ivoire abrite le 3e plus grand groupe d’administrateurs des campagnes pro-russes et anti-occidentales en ligne.

« Entre novembre 2021 et juin 2022, Code for Africa (une association ayant contribué à l’étude ; NDLR) a cartographié un réseau composé d’environ 225 comptes Facebook, qui a ciblé des pays du Sahel avec des opérations d’influence », affirme l’étude. Ces réseaux diffusaient de manière synchronisée des récits pro-russes ou anti occidentaux déjà diffusés dans les médias ou sur certains réseaux sociaux comme Telegram.

« Les administrateurs basés en Côte d’Ivoire contrôlent environ 9,63% du réseau […] Cela fait de la Côte d’Ivoire l’hôte du 3e plus grand groupe d’administrateurs de ce réseau après le Mali, qui affiche environ 51 % des administrateurs, et la France 10 % », informe le rapport publié ce 30 juin 2023.

Visiblement les tentatives d’influence pro-russes en Côte d’Ivoire sont assez sous-estimées. Elles sont moins médiatisées que celles touchant la République Centrafricaine et le Mali. Pourtant, comme l’indique le rapport du think tank américain, les initiateurs des campagnes d’influences répètent les mêmes méthodes qu’au Mali ou en Centrafrique. « Code for Africa a observé des réseaux de comptes sur Facebook qui utilisent des campagnes « copypasta » (argot désignant un texte identique copié-collé) pour amplifier l’impact des rassemblements en personne. Par exemple, le 27 mars 2022, un réseau coordonné de comptes a utilisé des « copypastas » pour amplifier une manifestation pro-Russie au Burkina Faso, souhaitant que la Côte d’Ivoire soit le prochain pays à accueillir la Russie et le groupe Wagner », informe le rapport.

Entre autres initiatives pour rendre la Russie et le groupe Wagner populaires en Côte d’Ivoire, ces campagnes utilisent également le nom de leaders politiques appréciés en Côte d’Ivoire. « Des comptes Facebook pro-russes gérés à partir de la Côte d’Ivoire ont amplifié des récits qui suggèrent que l’ancien président ivoirien Koudou Laurent Gbagbo a des liens avec Moscou et bénéficie du soutien du soutien du président russe Vladimir Poutine.

Par exemple, le 26 janvier 2022, un post d’une page Facebook appelée Parti des Peuples Africains de Cote D’ivoire, se présentant comme le parti politique de Gbagbo, annonçait une prétendue rencontre en Russie entre Gbagbo et Poutine. Le post a été amplifié par des groupes Facebook ivoiriens et un réseau de pages Facebook panafricaines pro-Gbagbo, principalement gérés depuis la Côte d’Ivoire », informe le rapport.

Au final, entre posts sponsorisés, publications coordonnées et plusieurs autres méthodes éprouvées au Mali et en Centrafrique, l’étude montre que la Côte d’ivoire est une cible qui intéresse la propagande Russe et Wagner.

Toutefois, à la lumière des récents évènements, notamment la tentative de coup de force de Wagner contre les autorités russes, il faudra observer la suite de l’actualité pour déterminer un éventuel changement de dynamique. Le chef de la diplomatie russe a déclaré que Wagner poursuivrait son activité en République Centrafricaine et au Mali. Dans le même temps, l’autorité russe de régulation des technologies de l’information vient de restreindre, en Russie, l’accès aux publications de tous les médias appartenant à Evgueni Prigojine. Cette situation pourrait mettre à mal ces médias qui sont des outils importants de la propagande russe en Afrique.

Servan Ahougnon