Mise en place dans le but de libéraliser le commerce des marchandises et des services et faciliter les investissements intra-africains, une mise en œuvre complète de la Zone de libre-échange économique (ZLECAF) peut donner un nouvel élan à l’intégration de l’Afrique. Elle pourrait augmenter de plus de 500 milliards USD les exportations de l’Afrique.
Si elle est bien gérée, la Zone de libre-échange économique (ZLECAF) peut renforcer les chaînes de valeur régionale et approfondir l’intégration de l’Afrique, tout en changeant la donne pour le capital entrepreneurial en Afrique. C’est ce qui ressort du rapport de la BAD sur les Perspectives économiques de l’Afrique (PEA). Le document révèle que la mise en œuvre intégrale de la ZLECAF repositionnera l’intégration de l’Afrique et remodelera ses économies en vue d’une croissance future basée sur son capital d’entreprise et d’investissement.
Dans la mesure où les retombées de la ZLECAF dépendent de plusieurs variables liées à l’augmentation du commerce intra-africain, du commerce des services, du coût des échanges et des revenus réels, la mise en œuvre complète de la ZLECAF augmenterait les exportations de l’Afrique de 560 milliards USD, principalement dans le secteur manufacturier, et augmenterait le revenu réel du continent de 450 milliards USD d’ici 2035, soit un gain de 7 %, taux minimum requis de croissance du PIB pour lutter contre la pauvreté en Afrique.
LES FLUX FINANCIERS ILLICITES ET LA CORRUPTION ONT FAIT PERDRE PRÈS DE 600 MILLIARDS DE DOLLARS AU CONTINENT EN 2022
En outre, le rapport évalue les sorties de capitaux extérieurs, dues aux flux financiers illicites, à la corruption, à la mauvaise évaluation des risques et aux transferts de bénéfices internationaux par les entreprises multinationales, à environ 587 milliards de dollars en 2022. À titre de comparaison, les entrées de capitaux extérieurs ne représentaient que 84 milliards de dollars à la même année.
Conjugués aux pertes considérables d’impôts dues à l’inefficience du système des infrastructures publiques, ces flux illicites affaiblissent la base des recettes fiscales du continent, la réduisant à un taux de mobilisation de recettes de 16 % du PIB, contre une moyenne mondiale de 33 %.
Le rapport pointe du doigt les transferts de fonds de la diaspora, qui ont constitué la principale source de flux ces dernières années. Ainsi, le rapport constate qu’avec des politiques adaptées, l’Afrique pourrait mobiliser et conserver un montant avoisinant 30 milliards de dollars de recettes fiscales supplémentaires, en augmentant les recettes fiscales et non fiscales, en mettant en commun les ressources et en mettant en œuvre des mesures visant à réduire la prime de risque du continent.
Par ailleurs, en améliorant l’efficacité de la collecte des recettes fiscales, les pays africains peuvent mobiliser 469,2 milliards de dollars par an, même sans augmenter les taux d’imposition.
En limitant les flux financiers illicites et la corruption, en luttant contre le transfert de bénéfices et en améliorant la gestion des politiques macroéconomiques afin d’améliorer la tarification et la perception des risques, l’Afrique conserverait près de 587 milliards de dollars par an, soit suffisamment de capitaux pour combler le déficit de financement nécessaire à l’accélération de la transformation structurelle.
À titre de comparaison, les investissements directs étrangers (190,7 milliards de dollars) reçus par le continent en 2022.