(Hommage) – Ce mardi 17 juin 2025, au détour d’un entretien empreint de sincérité et de souvenirs, Mme Wone, née Awa Diouf, m’a ouvert les portes de son histoire professionnelle à l’ARTP.
Un récit de 17 années de fidélité, de labeur, de discrétion, de dignité et de résilience.
Un parcours qui ressemble à un long poème écrit avec rigueur et tendresse.
Elle entre à l’ARTP en 2008, au temps du Directeur général Daniel Seck.
« J’ai commencé à la direction générale, comme assistante, avant d’être affectée à la Direction des Radiocom, qui était alors basée à Yeumbeul », me confie-t-elle avec le calme qui la caractérise.
Yeumbeul. Un nom qui fait frémir les souvenirs.
Là-bas, elle était la seule femme dans une équipe de braves ingénieurs, parmi lesquels les légendes Khalilou Niane, Abdou Ndiaye, Doyen Lamine Ndour (le Rastaman) et Thioune, ou encore les jeunes Bara Mbaye et Thiandoum, sous la houlette de son premier chef, Pape Ciré Cissé, encore en activité aujourd’hui.
Tous gardent d’elle le souvenir d’une sœur dévouée et courageuse.
Un de ses collègues, Khalilou Niane pour ne pas le nommer, la taquinait souvent, en lui lançant : « Mais Awa, je suis sûr que tu as fait le service militaire ! »
Et c’est ainsi qu’est né un surnom affectueux : « Madame Wone – Service Militaire ».
Car oui, entre les trajets à l’aube, les transports capricieux, les pannes de véhicules, Yeumbeul n’était pas une sinécure.
Mais Awa n’a jamais flanché.
Elle a tenu.
Elle a persévéré.
En 2010, elle quitte ce qu’elle appelle aujourd’hui son « camp militaire de Yeumbeul » pour retrouver le siège de l’ARTP. Et là, tout bascule.
Après un passage à la Direction Audit, Contrôle et Gestion avec les Mohamed Tall et Lamine Thiam, parti à la retraite, puis à la mission Service Universel, elle rejoint ce qui était alors le département des Ressources Humaines, dirigé par Marième Sakho.
« Marième est venue me chercher. Elle m’a tendu la main. Elle m’a confié des responsabilités. J’ai appris à ses côtés, beaucoup appris. Elle a bâti les fondations de cette grande direction du Capital Humain et du Management que nous connaissons aujourd’hui. »
Aux côtés de Marième Sakho et de l’ancien Baba Diop, elle devient assistante du service Paie et Administration du personnel.
Elle occupe cette fonction avec sérieux, disponibilité et discrétion.
En 2021, elle est nommée cheffe de service de l’entité qui gère aujourd’hui la gestion des compétences, dans la même direction.
Une juste reconnaissance d’un engagement sans faille.
Toujours souriante, toujours matinale, toujours prête à rendre service, Awa Diouf Wone devient l’un des piliers silencieux de cette maison.
« J’étais peut-être dans mon coin, discrète. Mais mes collègues venaient toujours me voir, avec des mots gentils, de la chaleur humaine. Je sentais qu’ils étaient heureux de me saluer. Et moi, j’étais encore plus heureuse de les recevoir. »
Mais Mme Wone, c’est aussi l’épouse modèle, celle qui a fait du soutien à son mari un engagement permanent.
À peine mariée, en stage à la RTS, elle quitte Dakar pour le suivre à Louga, puis à Kébémer, où elle travaille dans deux projets belges de développement.
Puis, c’est Ziguinchor, toujours auprès de son époux, où elle intègre l’université de la ville comme agent RH, faisant même partie de ses tous premiers employés.
Enfin, retour à Dakar. Et cette fois-ci, c’est l’ARTP qui la garde.
Son premier entretien d’embauche, elle l’a passé avec Boubacar Dramé et M. Diouck, aujourd’hui à la retraite.
« Quand j’ai fini d’expliquer mon parcours, Dramé m’a dit en plaisantant : Mais toi, tu es dans la valise de ton mari ! Est-ce qu’un jour tu ne vas pas nous quitter, nous aussi ? »
Finalement, non. Elle est restée.
Et elle a gravé son nom dans la mémoire collective de l’institution.
En 2018, l’ARTP lui offre un immense cadeau spirituel : un billet pour la Mecque.
« C’était ma deuxième fois, mais cette fois-ci, c’est l’ARTP qui m’a permis d’y aller. En tant que Talibé-Cheikh, c’était un honneur immense. »
Aujourd’hui, ses collègues déroulent le tapis rouge. Des pots d’adieu, des témoignages sincères, des cadeaux, des prières, des larmes discrètes aussi.
Car Awa Diouf Wone n’est pas juste une retraitée de plus.
Elle est une mémoire vivante, une sœur pour certains, une confidente pour d’autres, une amie de tous.
« C’est une grande dame. Une personne juste, loyale, très humaine. Et très humble aussi. », me glisse une collègue en aparté.
À toi, Awa…
Que ces 17 années de bons et loyaux services trouvent désormais écho dans un repos doux, mérité, paisible.
Que les souvenirs laissés dans ces bureaux, dans ces cœurs, continuent d’inspirer les nouvelles générations de l’ARTP.
Tu as été une lumière douce, jamais agressive, toujours constante, pour tous les Artpiens, notamment Marième Sakho et Fatou Diack, tes deux alter ego que tu aimes tant et qui représentent si bien tous tes collègues.
Bonne retraite, Madame Wone.
Le service est fini.
Mais ton nom reste en service actif dans nos mémoires.
(Par Boubacar Kambel DIENG)