Un drame survenu à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar relance le débat sur la sécurité des motos électriques au Sénégal. L’explosion d’un engin en cours de recharge a coûté la vie à un étudiant et blessé plusieurs autres.En réaction, la startup Mbay Mobility, pionnière de la mobilité électrique dans le pays, appelle à une meilleure sensibilisation sur les bonnes pratiques de recharge et à la mise en place d’un cadre réglementaire national.
Selon les premières informations disponibles, l’incident aurait été provoqué par une surcharge électrique : plusieurs motos auraient été branchées simultanément sur une multiprise domestique non adaptée.
Un geste en apparence anodin mais potentiellement fatal. Une prise standard ne supporte qu’environ 3,6 kilowatts, soit la consommation de trois fours à micro-ondes. En brancher cinq motos équivaut à alimenter dix fours à la fois, une situation propice à la surchauffe et à l’incendie.
« Il s’agit avant tout d’un mauvais usage, sans dispositif adapté ni supervision », explique Ibrahima SENE, Responsable Technique dans un communiqué reçu à Socialnetlink.
« Les batteries sont sûres lorsqu’elles sont rechargées conformément aux normes : elles disposent de systèmes de gestion qui contrôlent en continu la température, la tension et le courant. »
Cet accident dévoile un déficit d’information et d’encadrement autour de la recharge domestique, dans un contexte où les véhicules électriques gagnent rapidement du terrain à Dakar.
Les véhicules électriques restent plus sûrs que les thermiques
Contrairement aux idées reçues, les véhicules électriques ne présentent pas un risque supérieur d’incendie par rapport aux modèles à essence. Les données du International Council on Clean Transportation (ICCT) et de Fairfax County Energy Office montrent que l’on recense de 1 à 55 incendies pour 100 000 véhicules électriques, contre environ 1 500 pour les véhicules thermiques.
Autrement dit, le danger ne vient pas de la batterie, mais des conditions dans lesquelles elle est rechargée.
Pour les acteurs du secteur, ce drame doit servir d’électrochoc. Mbay Mobility plaide pour une mobilisation nationale autour de la sécurité électrique, à travers la formation des techniciens, la certification des installations et la création d’un cadre normatif pour les infrastructures de recharge.
La startup prévoit également de lancer l’Association de Recharge et Véhicules Électriques du Sénégal (REVES), un réseau qui réunira les acteurs publics et privés afin d’assurer une transition vers une mobilité propre et sûre. En effet, le développement de la mobilité électrique en Afrique exige un changement profond des mentalités. Installer, recharger et entretenir un véhicule électrique ne s’improvisent pas : cela requiert rigueur technique, vigilance et coordination.
« La transition énergétique ne doit pas se faire au détriment de la sécurité. Nous voulons contribuer à la formation des utilisateurs et techniciens aux bonnes pratiques d’installation,
opération, et maintenance des IRVEs, Sensibiliser le grand public sur les avantages, la fiabilité et les mesures de sécurité nécessaires pour les VEs et les IRVEs. », rappelle Ibrahima SENE.Pour lui, « Il faut que les autorités fixent des normes, que les entreprises les appliquent et que les citoyens soient formés. »
L’incendie de l’UCAD constitue un signal d’alarme. Si le Sénégal veut réussir sa transition vers la mobilité verte, il devra conjuguer innovation, réglementation et pédagogie. La technologie seule ne suffit pas : c’est la manière dont elle est comprise, encadrée et utilisée qui en fera un véritable moteur de développement durable.