jeudi, avril 25, 2024

TIC ET DÉVELOPPEMENT : Les préalables pour que l’Afrique profite de l’économie numérique

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Si le continent africain peut tirer le meilleur profit des Tic pour atteindre le développement, il doit, cependant, passer par certains préalables comme la formation des ressources humaines, la conception de contenus, etc. estime l’ingénieur en électronique Ely Manel Faye.
La révolution numérique offre de réelles chances au continent africain, mais il faut des préalables, estime l’ingénieur en électronique Ely Manel Faye, par ailleurs patron de Solutron Iq (spécialisé dans le consulting, le design et la maintenance). S’exprimant, samedi dernier, aux « Samedis de l’économie » sur le thème « contribution des nouvelles technologies de l’information et de la communication au développement de l’Afrique », il a souligné le potentiel économique que représente le continent. Le téléphone mobile continue à se développer à un rythme extraordinaire en Afrique, la pénétration de l’Internet s’améliore aussi.

De 2005 à 2015, le nombre d’abonnés du mobile est passé de 87 millions à 685 millions de personnes. En mobile, « pendant que l’Afrique évolue, l’Europe stagnait autour de 700 millions d’abonnés. L’Afrique a rattrapé l’Europe en 2015 en usagers du mobile ». D’où l’importance du continent.
Aujourd’hui, estime M. Faye, il s’agit de réfléchir sur la manière d’aborder le monde du numérique pour capter les opportunités. La réalité montre un marché africain dominé par les multinationales internationales (Orange, Millicom, Barthi telecom, Etisalat), seule la sud-africaine Mtn, avec plus de 100 millions d’abonnés, vient bousculer cette suprématie étrangère en terre africaine.

Une fois que ces multinationales étrangères ont prélevé leur profit, que reste-t-il réellement en Afrique, se demande le conférencier. En réalité, note-t-il, il y a peu de transfert de technologies, sans oublier le processus d’externalisation en cours, l’absence d’écosystème local des télécoms, un faible positionnement de nos Etats dans la chaîne des valeurs.
Pour tirer le meilleur profit de l’économie numérique, le continent doit se doter d’infrastructures d’accès très haut débit nécessitant de lourds investissements. La formation est aussi importante, « l’Afrique ne forme pas suffisamment d’ingénieurs pour prendre sa place », constate le patron de Solutron Iq.

A son avis, le continent doit « adapter les filières de formation aux besoins de l’économie numérique ». Aussi, les secteurs de l’économie doivent être numérisés (e-santé, e-éducation, e-gouvernement, etc.) et les entreprises bénéficier d’un accompagnement dans leurs stratégies numériques (formation, incitations fiscales, etc.)

Assembler puis fabriquer
Le conférencier a invité l’Afrique à créer des emplois en fabriquant localement le matériel numérique (téléphones portables, décodeurs…). Mais le continent doit d’abord inciter les grandes multinationales à délocaliser leurs activités sur ses terres. « Faisons de l’assemblage. On commence par assembler, ensuite on conçoit ce qu’on assemble. L’Europe a délocalisé en Chine. Aujourd’hui, la Chine a besoin de zone de délocalisation. Faisons que l’Afrique, zone de consommation, devienne zone de fabrication », poursuit Ely Manel Faye. Car la technologie est de plus en plus accessible. Les « Samedis de l’économie » sont une des rencontres organisées par la Fondation Rosa Luxembourg et l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade).

Malick CISS  du Soleil