vendredi, octobre 11, 2024

Jauvy-Sylviane Mengue Ovono du Gabon «L’Europe et les Etats-Unis ne me font pas rêver»

0 commentaire

Soutenue par le programme de la fondation Tony Elumelu, Jauvy-Sylviane Mengue Ovono a décidé de lancer son entreprise, chez elle, au Gabon.

Chaque année le milliardaire nigérian Tony Elumelu offre dix millions de dollars pour aider mille jeunes à démarrer leur projet d’entreprise et ainsi favoriser l’emploi sur le continent. Parmi les lauréats 2015 se trouvaient trois Gabonais, dont Jauvy-Sylviane Mengue Ovono, une étudiante en finance et comptabilité de 24 ans qui souhaite se lancer dans l’agro-alimentaire. Libération l’a rencontrée en marge de l’intervention de l’homme d’affaires philanthrope au forum citoyen.


En quoi consiste votre projet ? 

Je suis en train de créer une marque de frites surgelées bio qui seront produites, transformées et conditionnées localement, ici, au Gabon. C’est un défi de taille car l’Afrique centrale est très consommatrice de frites, mais il n’existe pas de filière de production dans la région. L’agriculture est peu développée dans notre pays, car nous avons basé la quasi-totalité de notre économie sur nos ressources pétrolières. Chaque année nous importons pour 300 milliards de francs CFA de produits agro-alimentaires. C’est dommage car le climat chaud et humide du Gabon est propice à l’agriculture. 

Pourquoi selon vous votre projet a-t-il été sélectionné, parmi les 20.000 candidatures reçues par la fondation Tony Elumelu ?

Parce qu’il y a de réelles opportunités de développement dans le secteur agro-alimentaire gabonais. La fondation a pensé par conséquent que ce projet pouvait beaucoup apporter à mon pays, en terme d’emplois comme de développement de sa filière agricole.

La suite, c’est quoi ? 

J’ai terminé en juin la formation de douze semaines proposée aux mille entrepreneurs sélectionnés par la fondation. Un bootcamp permettant aux lauréats de rencontrer des entrepreneurs de le secteur a ensuite été organisé en juillet pour nous mettre le pied à l’étrier. Ensuite, c’était à nous de jouer. Grâce aux 5 000 dollars offerts par la formation j’ai pu terminer mon business plan, acquérir quelques hectares de terre et démarrer la mise au point de mon prototype. Un second investissement de la fondation de 5 000 dollars devrait me permettre de créer une recette et de continuer le développement de mon produit. Mais surtout, la «marque» de la fondation Tony Elumelu me rendra plus persuasive lorsque j’irai démarcher les banques pour obtenir des emprunts. 

Que représente Tony Elumelu pour vous ? 

Il est un mentor, car il a cru en moi et m’a accompagné dans mon projet. C’est un modèle car il m’a fait comprendre qu’il ne fallait pas tout attendre de l’Etat. Nous avons, nous, citoyens africains, un rôle à jouer dans le développement de l’Afrique. En créant mon entreprise, je souhaite créer de l’emploi et ainsi m’impliquer à mon niveau. 

Partir de l’Afrique, vous y avez déjà pensé ? 

Non pas vraiment. J’ai eu envie, il y a quelques années, d’aller faire mes études dans un pays de l’Afrique anglophone comme le Ghana et, qui sait, j’irai peut-être un jour. Mais l’Europe et les Etats-Unis ne me font pas plus rêver que ça. Les opportunités sont ici, en Afrique.

Source : Liberation