vendredi, avril 19, 2024

Le tweet polémique de l’ambassadeur du Rwanda à la RDC

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Depuis quelques jours, ce tweet ne cesse d’animer les débats à la République démographique du Congo.

Dans un tweet depuis effacé, l’ambassadeur du Rwanda, Vincent Karega, avait répondu à un Congolais qui évoquait plus d’un millier de morts dans les massacres de Kasika et d’autres villages, les attribuant à des militaires rwandais. Le diplomate a répliqué sur son compte Twitter en évoquant un « narratif simpliste », une « calomnie » ou même de la « propagande ». Ce qui a provoqué la colère de nombreux activistes.

L’ambassadeur rwandais a été convoqué mardi 25 août par le président Tshisekedi qui l’aurait « recadré » suite à sa récente déclaration, mais aussi pour évoquer « la préparation d’un sommet qui aura lieu à Goma avec les autres chefs d’État de la région », explique aujourd’hui une source à la présidence.

Cela ne suffit pas à calmer la colère des activistes, déjà très remontés par l’absence de commémorations officielles et surtout de justice pour les crimes commis au cours des deux guerres du Congo. « Imaginez qu’un beau soir, l’ambassadeur de la RDC en poste à Kigali tweete en remettant en cause la véracité ou le nombre de victimes du massacre de Bugesera en 1994, et que le lendemain, il soit reçu avec tapis rouge et honneurs par le président Kagame pour parler coopération bilatérale », a dénoncé sur ce réseau social l’activiste Jean Mobert Senga, chercheur à Amnesty International, qui a également documenté ces crimes.

Je pense que ce qu’il a exprimé n’est pas venu de lui, mais du gouvernement rwandais. (…) Il ne faudrait pas que les crimes au Congo soient méconnus, ignorés alors que les crimes qui ont été commis dans la région, notamment au Rwanda, ont fait l’objet de poursuites et les auteurs réprimés.

Gérard Kwigwasa, secrétaire exécutif de l’organisation congolaise Héritiers de la justice

Sonia Rolley

Le dessinateur congolais Kash a représenté le diplomate rwandais à la présidence avec pour commentaire : « Il traine un tapis rouge de ses crimes partout ». D’autres encore, comme ceux de la Lucha ou de Vici RDC, appellent aujourd’hui à son renvoi du pays avec les hashtags #ExpulsezKarega ou #Karegaout. Une pétition a même été lancée.

Interpellé sur le sujet, le porte-parole du gouvernement n’a pas souhaité réagir pour éviter « d’ajouter de l’huile sur le feu ». « Tout ce que je peux vous dire c’est que nos relations avec le Rwanda semblent être bonnes », a expliqué David Jolino Makelele au cours de sa conférence de presse. « Nous n’avons pas intérêt, nous, à les rendre plus difficiles. Telle doit être aussi la disposition du Rwanda », s’est contenté d’ajouter le ministre congolais.

C’est tout à fait inacceptable. Mais en même temps, nous sommes convaincus que ces dénégations n‘entameront en rien la détermination du peuple congolais à préserver la mémoire des victimes, autant que la détermination du gouvernement de réclamer des comptes à tous ceux qui ont agressé notre pays.

André Lité Asebea, ministre congolais des Droits humains

Kamanda Wa Kamanda

Pour rappel, il y a dix ans, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits a publié un rapport, le « mapping report », qui détaillait sur le massacre de Kasika. Le 24 août 1998, selon l’ONU, les rebelles du RCD [Rassemblement congolais pour la démocratie] et leurs alliés militaires rwandais ont bel et bien massacré plus d’un millier de civils, dont de nombreuses femmes et enfants, dans ces villages du Sud-Kivu. Sur les 617 évènements qualifiés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité recensés entre 1993 et 2003, aucun n’a été jugé.

Avec RFI