vendredi, avril 19, 2024

Lancée par une franco- sénégalaise, Xaalys est la première banque dédiée aux ados

0 commentaire

Diana Brondel, diplômée de l’ESCP Business School, a quitté la Société générale en 2016 pour lancer cette application dédiée à l’épargne des ados. Elle compte déjà 35.000 utilisateurs. Elle est l’invitée du Club entrepreneurs Challenges – Grant Thornton.

Challenges – Pourquoi avez-vous quitté la Société générale?

Diana Brondel – J’y étais depuis dix ans, je commençais à m’essouffler. Ensuite, je ne me reconnaissais plus dans les valeurs. Et enfin, je me suis dit: aucune banque ne s’intéresse aux ados, pourquoi pas moi?

Qu’avez-vous ressenti en partant?

Enormément de nœuds au ventre. Beaucoup de stress. C’est un saut dans l’inconnu. Au-delà de perdre le confort d’un job, d’un salaire, j’ai quitté des gens qui m’ont aidée à me construire et se sont sentis trahis.

Pourquoi avoir choisi les ados?

J’ai deux enfants, et j’ai identifié un besoin. Les banques s’intéressent aux jeunes à partir de 18 ans, pas avant. Pourtant, dès 13 ans, ils commencent à sortir, à dépenser de l’argent. Ils sont très à l’aise avec les outils digitaux, mais ils n’avaient aucune application pour gérer leur argent.

Quels services proposez-vous?

Nous avons créé une application duale, pour le parent et l’ado, afin d’aider ce dernier à devenir autonome financièrement. Cela passe par des modules d’épargne, d’éducation financière et de cagnotte pour financer des projets. Les parents restent les maîtres. Ils fixent les plafonds de dépenses et de retraits par univers de consommation. Nous avons plus de 35.000 utilisateurs. Nos équipes sont à Paris et Dakar, car je suis franco-sénégalaise.

Lire aussi: Banque mondiale : Ousmane Dione, nouveau Directeur pays pour 4 pays Africains

Qu’est-ce qui vous différencie des concurrents Kard ou Pixpay?

Ils sont arrivés après moi. Je suis convaincue qu’ils se sont lancés par opportunisme. Par ailleurs, Xaalys propose une vraie carte qui fonctionne dans le monde entier alors que leurs cartes prépayées ne fonctionnent pas partout. Et Xaalys fournit un RIB français et du contenu d’éducation financière.

Quel est votre modèle économique?

C’est celui de l’abonnement. Xaalys coûte 10 euros à l’inscription pour recevoir une carte, puis 2,99 euros par mois sans engagement pour le compte, la carte internationale, l’Iban et le contrôle parental. Hors d’Europe, l’utilisateur paye 15 euros pendant 30 jours pour débloquer les moyens de paiement. Nous commençons à travailler sur une offre B2B de néobanque, en marque blanche.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette aventure?

Je suis un ovni. Sur les 11 personnes du board de l’association France Fintech, il y a trois femmes, et je suis la seule qui vient de l’autre côté de la Méditerranée. L’écosystème start-up ne reflète pas la diversité des Français. Seuls 2% des fonds sont alloués à des start-up gérées par des femmes. Quand je lève 1 million, mes concurrents blancs lèvent 10 fois plus. Je travaille avec les équipes d’Emmanuel Macron sur la représentativité de la diaspora.

Quelle est votre prochaine étape ?

Je vois deux directions possibles: développer Xaalys en Europe, hors pays anglo-saxons car ils sont déjà bien équipés, ou se lancer dans les pays en voie de développement mais pour les jeunes adultes.

Votre rêve de croissance ?

Qu’un grand nombre d’enfants dans le monde ait accès à des solutions comme Xaalys.