jeudi, avril 25, 2024

Les Sénégalais favorables à une réglementation des réseaux sociaux

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Dans le cadre de son étude sur l’utilisation des réseaux sociaux au Sénégal, l’équipe d’Afrobarometer, conduite par le consortium pour la Recherche Economique et Sociale (cRES), s’est entretenue avec 1 200 adultes en décembre 2020 et janvier 2021.

Répondant aux questions des enquêteurs, 71% des Sénégalais ont indiqué qu’ils étaient favorables à une réglementation par le gouvernement.

La libération de la parole via les réseaux sociaux a été plus ou moins bénéfique pour le vivre ensemble et le respect de la dignité humaine. A côté de nombreuses opportunités qu’ils présentent, les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui le terreau de toutes les dérives. Ils sont devenus de vrais outils de diffusion où toutes sortes d’informations sont véhiculées, parfois très nuisibles avec une responsabilité moindre que celle des acteurs des médias.

Et selon les résultats d’une nouvelle enquête d’Afrobarometer au Sénégal, la majorité des citoyens considèrent que les médias sociaux facilitent la propagation de fausses informations et de l’intolérance. «Ils rendent les gens plus réceptifs aux fausses informations (78%) et moins tolérants à l’égard de ceux qui ont des opinions politiques différentes (60%)», précise le document. Ainsi, note-t-on, plus de sept personnes sur 10 (71%) approuvent une intervention du gouvernement pour interdire la diffusion de fausses nouvelles ou informations. De plus, d’après Afrobarometer, les répondants expriment leur accord pour proscrire tout discours de haine (68%) et toute information qui insulterait le président de la République (65%).

Toutefois, juste un tiers (34%) des citoyens sont d’accord pour l’interdiction des informations ou opinions que le gouvernement désapprouve. En tout cas, il demeure constant que l’Etat veut mettre un terme à ce fléau même s’il rencontre toujours un mur d’hostilités. Ceux qui sont contre ce projet doutent de la bonne foi du gouvernement d’autant que l’Etat dispose déjà d’un arsenal répressif ou coercitif qui n’est pas appliqué convenablement. Et qu’adopter encore de nouveaux textes va laisse entrevoir d’autres velléités qu’une volonté d’assainir l’espace. En tout cas, le président de la République, Macky Sall, a demandé à son gouvernement de mettre en place un dispositif de régulation et d’encadrement spécifique des réseaux sociaux au Sénégal.

54% DES SENEGALAIS SOUTIENNENT L’ACCES SANS RESTRICTION AUX RE SEAUX SOCIAUX ET A L’INTERNET

Pour autant, revenant au rapport d’Afrobarometer, il est établi que même si la majorité des Sénégalais soutiennent la limitation des informations fausses, des nouvelles ou opinions qui critiquent ou insultent le Président, et des discours de haine, ils s’opposent à la régulation de l’accès aux médias sociaux et à l’Internet. Ainsi, souligne-t-il, en dépit de la volonté de laisser au gouvernement la possibilité d’interdire certains types d’informations, la majorité des Sénégalais (54%) soutiennent que l’accès sans restriction aux réseaux sociaux et à l’Internet devrait être sauvegardé, contre 42% qui sont favorables à une réglementation de l’accès.

Aujourd’hui, le rapport Afrobarometer renseigne que les Sénégalais sont nombreux à estimer que les médias sociaux rendent les gens mieux informés et plus efficaces comme citoyens. Il ajoute que si les médias traditionnels, la radio et la télévision notamment, restent les moyens d’information les plus utilisés au Sénégal, les médias sociaux sont de plus en plus prisés par les citoyens comme sources d’information et de mobilisation sociale et politique. A peu près neuf Sénégalais sur 10 (88%) connaissent les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, et WhatsApp, note l’étude de Afrobarometer. «De manière générale, l’impact des réseaux sociaux sur la société sénégalaise est perçu plus positivement (49%) que négativement (28%). Plus spécifiquement, la grande majorité des citoyens affirment que les réseaux sociaux informent beaucoup les Sénégalais sur l’actualité (90%) et permettent aux populations de s’impliquer davantage dans les processus politiques (83%)», liton dans l’étude. Il faut rappeler qu’Afrobarometer est un réseau panafricain et non partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Sept rounds d’enquêtes ont été réalisés dans 38 pays entre 1999 et 2018. Les enquêtes du Round 8 en 2019/2021 sont prévues pour au moins 35 pays.

Dans le cadre de ces enquêtes, Afrobarometer réalise des entretiens face à face, dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale. Les marges d’erreur sont de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%. Des enquêtes ont été précédemment réalisées au Sénégal en 2002, 2005, 2008, 2013, 2014, et 2017.

Avec L’As