jeudi, mars 28, 2024

L’exercice du journalisme est libre et nullement conditionné à la détention d’une carte de presse

0 commentaire

En France, l’exercice du journalisme est libre et n’est nullement conditionné à l’obtention d’une carte de presse. N’importe quel citoyen peut exercer librement le métier de journaliste (aucun diplôme n’est exigé). Par ailleurs, la détention de la carte de presse ne revêt aucun caractère obligatoire.

L’article L.7111-3 du Code du travail définit la qualité du journaliste.

« Est journaliste professionnel celui qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ».

Une jurisprudence de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation en date du 1er avril 1992 précise clairement que la détention d’une carte de presse n’est ni nécessaire, ni obligatoire, ni déterminante pour se prévaloir de la qualité de journaliste.

Les termes de l’arrêt du 01 avril 1992 sont extrêmement clairs :

« Sont journalistes ceux qui apportent une collaboration intellectuelle et permanente à une publication périodique en vue de l’information des lecteurs, peu importe qu’une carte professionnelle leur ait été remise ».

Ce qui importe avant tout, c’est l’activité journalistique :

« Est journaliste celui qui exerce une collaboration intellectuelle et permanente à une publication périodique en vue d’informer les lecteurs ».

Un point, un trait. Au demeurant, pour obtenir la carte de presse, il faut réunir 2 conditions simples :

1). Il faut avoir exercé la profession de nature journalistique pour une ou plusieurs publications périodiques, entreprises de presse ou agences de presse, durant au moins 3 mois consécutifs précédant la demande,

2). Il faut tirer de cette activité de journaliste plus de 50 % de ses ressources.

Tenter de dénier à Serigne Saliou Gueye (un professionnel reconnu, un homme de conviction respecté par ses pairs) sa qualité de journaliste, alors qu’il exerce cette fonction depuis plus de 20 ans, dans un très grand quotidien de la place (Le Témoin), collabore comme Consultant avec le groupe D-Media, est Editorialiste de SenePlus et Directeur de Publication du quotidien ‘’Yoor Yoor’’ relève d’une pure folie.

Pour disqualifier totalement l’accusation loufoque « d’usurpation de la fonction de journaliste », une invention du procureur à laquelle lui-même ne croit même pas, le Directeur de publication du Témoin, Mamadou Oumar N’Diaye, le patron de D-Media (Bougane Gueye Dany) et tous les médias avec lesquels il a collaboré doivent produire une attestation signée :

« Je soussigné…certifie que le journaliste Serigne Saliou Gueye a exercé dans notre journal ou entreprise de presse, la fonction de Chef desk, Consultant, etc. de XX à mai 2023. En foi de quoi, le présent document lui est délivré pour servir et valoir ce que de droit ».

Ces attestations remises à son avocat, Maitre Moussa Sarr, seront versées au dossier et apporteront la preuve définitive que l’usurpation de la fonction de journaliste est une chimère, une pure fiction.

Par ailleurs, tous les journalistes dignes soucieux de défendre la liberté d’informer peuvent rédiger une pétition collective (nom, prénom et signature) qui peut prendre la forme suivante : « Nous journalistes sénégalais reconnaissons le journaliste Serigne Saliou Gueye, comme journaliste et membre à part et entière de notre corporation, et exigeons sa libération immédiate ainsi que l’abandon de toutes les charges retenues contre lui….».

En guise de solidarité et pour manifester un soutien total, à leur confrère Serigne Saliou Gueye, tous les journalistes titulaires de la carte nationale de presse doivent la restituer, sans délai(cette action doit être collective et non limitée à quelques journalistes).

Ce serait un puissant signal adressé à ce régime moribond et liberticide qui a franchi la ligne rouge (à partir du moment, où plus aucun journaliste n’est détenteur de la carte nationale de presse, le régime serait dans l’incapacité d’arrêter tous les journalistes du Sénégal et de leur coller le motif fallacieux « d’usurpation de la fonction de journaliste ».

Les dispositions de l’article 4 de la Loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse qui définissent le statut du journaliste doivent être complètement revues. Il est pour le moins curieux et surprenant, lors des négociations entre le gouvernement et les professionnels des médias, que ceux qui représentaient les journalistes et agissaient en leur nom n’aient pas défendu de manière énergique leurs intérêts, laissant le soin à un régime politique de « définir qui est journaliste et qui ne l’est pas », sous prétexte, d’assainir la profession. Car dans le nouveau code de la presse, non seulement les peines prévues pour les délits de presse ont été maintenues, mais plus grave elles ont été aggravées : on est passé d’une peine maximale de 3 ans de prison à 5 ans de prison ferme dans le nouveau code de 2017.

Comment, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse au Sénégal, le SYNPICS, l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL), et la Coordination des associations de presse (CAP) ont-ils pu laisser faire à ce point et affaiblir les journalistes ? Comment des journalistes peuvent-ils donner à un régime le pouvoir de les « ligoter » ?

Dans un ouvrage « le discours de la servitude volontaire », Etienne de la Boétie s’étonnait de voir que « des hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à la tyrannie d’un homme qui est, inhumain et cruel envers eux ». Au-delà de l’argent (corruption), il y a dans la presse sénégalaise, des esprits faibles, parfaitement aptes à la soumission.

La détention arbitraire du journaliste Serigne Saliou Gueye s’inscrit dans une série inédite d’atteintes extrêmement graves à la liberté de la presse au Sénégal et dans un contexte inédit de multiplication des intimidations, d’arrestations de journalistes et de violences policières à leur encontre (journalistes molestés, saisies de matériel, gardes à vue, etc.). Serigne Saliou Gueye est un esprit libre qui incarne un journalisme engagé et exigeant. Son professionnalisme, ses fortes convictions, sa volonté de contribuer à l’éveil des consciences et son noble combat contre l’injustice sont connus de tous.

La liberté de la presse est la pierre angulaire d’une société démocratique et il ne saurait en aucun cas y avoir de réelle démocratie, sans accès à une information transparente et fiable, diffusée par des journalistes libres et indépendants.

Nous appelons tous les journalistes, tous les démocrates, tous les sénégalais de l’intérieur et de la diaspora ainsi que l’ensemble des organisations de la société civile à la mobilisation pour exiger la libération immédiate et sans condition de Serigne Saliou Gueye, victime de pratiques d’une autre époque et d’une détention arbitraire, au moment où les délinquants en col blanc du régime, les prédateurs de deniers publics (et blanchisseurs d’argent sale du régime comme l’ex député faussaire Boughazelli et leurs complices nichés au cœur de l’Etat se pavanent en toute liberté.

Une remise à plat complète des dispositions de l’article 4 de la Loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse (sur le statut du journaliste) est plus que nécessaire. En attendant, les professionnels des médias doivent exiger un moratoire (suspension de la délivrance des cartes de presse). Pour faire entendre leurs voix, une seule option : tous les journalistes détenteurs de la carte nationale de presse doivent la restituer, sans délai : les noms des journalistes traitres refusant de se conformer à cette action collective doivent être rendus publics.

 

Seybani Sougou , sur seneplus