Après une parenthèse politique remarquée sous l’égide de l’administration Trump, Elon Musk tire sa révérence du Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE). Le patron de Tesla et SpaceX officialise son départ juste avant la date butoir du 28 mai, qui aurait exigé une transparence accrue de la part du Congrès. Une décision qui intervient alors que le milliardaire, de moins en moins visible aux côtés de Donald Trump ces dernières semaines, semble vouloir se consacrer pleinement à ses empires industriels, notamment son fleuron automobile, Tesla, en proie à de sérieuses difficultés.
Une mission politique ambiguë
Nommé en janvier par Donald Trump pour une mission claire de réduction drastique des dépenses fédérales et de démantèlement d’agences gouvernementales, le passage d’Elon Musk au DOGE n’a pas manqué de faire parler. Durant les cent premiers jours du second mandat Trump, l’excentrique homme d’affaires a multiplié les apparitions médiatiques, allant jusqu’à s’afficher avec son fils dans le Bureau ovale pour défendre ses coupes budgétaires. Sous sa direction, le DOGE revendique la suppression de dizaines de milliers de postes dans la fonction publique et une réduction significative des subventions fédérales.
Cependant, ce virage brutal vers l’austérité a entaché l’image du magnat, qui s’est retrouvé de plus en plus sous le feu des critiques. Même si sa présence à la Maison Blanche était encore attestée mercredi dernier, lors de la réception du président sud-africain Cyril Ramaphosa, l’éloignement d’Elon Musk des cercles trumpistes est devenu patent.
Le retour aux affaires, entre urgence et nécessité
Le déclic de ce retrait politique semble être survenu le week-end dernier, à la suite d’une brève panne du réseau social X, dont Elon Musk est propriétaire. Une incident qui l’a poussé à réaffirmer publiquement sa volonté de se réinvestir à plein temps dans ses entreprises. « De retour à passer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au travail et à dormir dans des salles de conférence/serveur/usine », a-t-il déclaré, ajoutant : « Je dois être très concentré sur X/xAI et Tesla (plus le lancement de Starship la semaine prochaine), car nous avons des technologies critiques à déployer. » Une déclaration sans équivoque, marquant la fin de sa parenthèse politique.
Cette recentralisation est d’autant plus cruciale que Tesla, pièce maîtresse de son empire, traverse une zone de turbulences. Le constructeur de véhicules électriques a enregistré une chute de 13 % de ses ventes au cours des trois premiers mois de l’année, son plus mauvais trimestre depuis 2022. Cette baisse est en partie attribuée aux prises de position politiques controversées de son PDG, ainsi qu’à ses actions au sein du DOGE, qui ont terni la perception de la marque.
Le constructeur est par ailleurs confronté à une intensification des actes de vandalisme et de contestation. En mars, des centaines de manifestants s’étaient rassemblés devant les magasins Tesla lors d’une journée mondiale d’action contre Elon Musk. Face à cette situation, le milliardaire avait déjà annoncé dès le mois de mai qu’il réduirait son implication au DOGE, évoquant un engagement limité à un ou deux jours par semaine.
Bilan mitigé et moins de dons politiques
Sur le plan financier, le bilan du DOGE sous la direction d’Elon Musk se revendique de 160 milliards de dollars d’économies fédérales, un chiffre néanmoins loin des 2 000 milliards initialement visés. Pour le camp Trump, ce programme n’en demeure pas moins un succès idéologique majeur en ce début de mandat.
Parallèlement à son retrait politique, Elon Musk, dont la fortune personnelle est estimée à 428 milliards de dollars par Forbes, a également annoncé une réduction significative de ses dons politiques. « Je vais en faire beaucoup moins à l’avenir », a-t-il confié lors du Forum économique du Qatar, après avoir injecté plus de 290 millions de dollars dans les campagnes républicaines en 2024.
Cette décision marque un tournant pour Elon Musk, qui semble prioriser la stabilité et la croissance de ses entreprises face aux turbulences qu’elles rencontrent, tournant ainsi une page significative de son implication directe dans la politique américaine.