Un colloque international dédié aux sciences sociales et aux défis africains s’est ouvert ce mardi à Dakar, en mémoire de l’éminent universitaire et sociologue sénégalais Malick Ndiaye, disparu en avril 2023 à l’âge de 70 ans. Placé sous le thème « Sciences sociales et pensée frontalière : la sociologie et l’anthropologie africaines face au discours décolonial », cet événement de deux jours est organisé par la Société sénégalaise de sociologie et d’anthropologie (CISS).
Un hommage à un « infatigable lutteur contre la colonialité »
Mamadou Bouna Timéra, doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), où le Pr Ndiaye a enseigné pendant des décennies, a salué la mémoire de ce « grand homme » qui a marqué plusieurs générations. « Cet événement scientifique majeur rend hommage à un infatigable lutteur contre toutes les formes de colonialité, qui a consacré sa vie à l’université et à la société », a-t-il déclaré.
Pionnier de la sociologie au Sénégal, Malick Ndiaye fut l’un des premiers enseignants sénégalais recrutés dans cette discipline, alors rattachée au département de philosophie. « Il a formé des générations d’étudiants qui brillent aujourd’hui dans divers domaines professionnels, y compris à l’université », a rappelé M. Timéra, soulignant son engagement social, politique et son attachement à une « universalité africaine autonome ».
Une collaboration interuniversitaire symbolique
Samuel Ouya, recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK), s’est félicité de la démarche collective ayant réuni plusieurs institutions publiques, dont l’UCAD, l’UNCHK, l’Université Gaston Berger et l’Université Assane Seck de Ziguinchor. « Cette collaboration témoigne de l’unité de l’université sénégalaise et renforce l’esprit familial de la sociologie dans notre pays », a-t-il affirmé.
Décolonialité et savoirs endogènes au cœur des débats
Pendant deux jours, sociologues et anthropologues africains discuteront des enjeux liés au discours colonial, à la transmission des savoirs et aux théories endogènes. Mouhamed Moustapha Dièye, président du comité scientifique, a précisé que les participants examineront « les fondements historiques et épistémologiques de ces disciplines », tout en explorant des approches collaboratives et intersectionnelles face aux dominations locale et globale.
« Toute la communauté des sciences sociales est réunie pour réfléchir à la décolonialité et honorer la mémoire du Pr Ndiaye », a-t-il conclu, rappelant l’importance de ce dialogue pour l’avenir de la recherche africaine.