jeudi, avril 25, 2024

La CBAO trainée en justice pour une somme de 1,908 milliard FCFA

0 commentaire

C’est un Moustapha Tall vert de colère qui a fait face au Tribunal Correctionnel de Dakar où il a traîné le directeur général de la Cbao (Patrick Mestralet) et son gestionnaire de compte (Mandiaye Dieng) pour abus de confiance portant sur la somme de 1,908 milliard FCFA. Le plaignant réclame 20 milliards FCFA. Le verdict sera prononcé le 24 février prochain.

L’affaire opposant l’importateur de riz Moustapha Tall et la Cbao a été débattue dans le fond hier à la barre du Tribunal correctionnel de Dakar. Dans sa plainte pour abus de confiance, Moustapha Tall a visé le directeur général de la Cbao Patrick Mestralet et son gestionnaire de compte, Mandiaye Dieng. La partie civile renseigne qu’elle a ouvert, depuis 1995, un compte personnel et un compte S.A dans cette banque. A sa grande surprise, souligne l’homme d’affaires, son compte personnel a été débité sans raison valable. « Mandiaye Dieng s’occupait de ma ligne de crédit correctement. Mais de 2004 à 2018, je n’ai pas reçu de relevés de compte, car j’avais une confiance aveugle envers lui. Il m’a dit que je m’étais abonné à la vidéo banque, alors que c’est archi faux.

Pis, en septembre 2004, la Cbao a commandité mon arrestation», accuse le plaignant. En tant qu’homme d’affaires, lui a indiqué le juge, il devait être au courant des retraits frauduleux de 2004 à 2006. «Je ne suis au courant de rien. Tous les retraits que j’ai eu à faire dans mon compte sont émis par chèques. Je n’ai pas fait 95 retraits répétitifs tels que mentionnés par la banque», clame la partie civile. Lorsque le juge Amath Sy lui a demandé si pendant 13 ans il n’avait aucune connaissance de son compte qui contenait des milliards, le célèbre importateur de riz raconte : «Je reconnais que les retraits ont été faits avant ma détention, mais je n’étais plus moi-même. Ils ont pompé le compte. La banque peut faire des malversations, car le compte a été bloqué et cela a été levé en 2018. Lorsque j’ai eu des problèmes à la douane en 2005, ils ont clôturé le compte sans mon avis. J’ai quitté la banque en 2016». Réfutant les accusations dont il fait l’objet, le prévenu Mandiaye Dieng estime que la banque n’a commis aucune infraction. «Au contraire, c’est le mis en cause qui a récupéré tout son argent. Il s’est abonné à la vidéo banque moyennant 17 500 francs par mois. De l’ouverture de son compte jusqu’en 2006, il était abonné. Il faisait des chèques de 100 millions Fcfa. Après 10 ans, toutes les données sont supprimées», argue le prévenu. Le parquet a requis l’application de la loi.

MOUSTAPHA TALL RECLAME 20 MILLIARDS

Selon l’avocat de la partie civile, Me Youssouf Camara, il se pose un problème de preuves dans le dossier. «Mon client n’a jamais fait de retrait entre mars et août 2004. Dans le relevé, on constate des retraits de 20 millions Fcfa et de 60 millions Fcfa en espèces. Si ce n’est pas le titulaire, la banque appelle pour avoir une confirmation. Il est le gérant et on lui demande des explications. Mon client est un commerçant à qui on a coupé les jambes», martèle la robe noire qui réclame 20 milliards Fcfa en guise de réparations du préjudice.

ME KABA : «MOUSTAPHA TALL TRAÎNE EN JUSTICE SES FRÈRES ET LES BANQUES, CAR IL EST EN FAILLITE»

D’entrée de jeu, le conseil de la défense, Me Momo Kaba, trouve curieux que la banque déleste 1,9 milliard Fcfa dans un compte et que le propriétaire dudit compte le découvre 15 ans après. «Aucun crime n’est parfait. En 2004, Moustapha Fall a commencé à avoir des bisbilles avec la douane. Il a fait des retraits avant son arrestation, car il savait qu’il aurait des contentieux», indique la robe noire qui ajoute que le plaignant a traîné en justice la Sgbs, Ecobank et ses frères, car il est en faillite. «Son argument est débile. Il voulait éviter que la douane saisisse ses fonds, raison pour laquelle il a récupéré l’argent qui restait dans son compte. Il a traîné en justice ses frères pour les mêmes faits pour un montant de 6 milliards Fcfa. Malheureusement pour lui, il n’a pas gagné ce procès et il s’en prend à nous», peste Me Kaba. Un argumentaire partagé par son confrère Me Boubacar Wane qui a plaidé la relaxe en faveur de son client. Il a également demandé que la partie civile soit déboutée. Pour le préjudice causé à son client Mandiaye Dieng, Me Wane sollicite la somme demandée par la partie civile. Délibéré le 24 février prochain.

L’As