samedi, avril 20, 2024

Recrutement de 5000 enseignants : Les critères du ministère de l’éducation nationale

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Le directeur des Ressources humaines du ministère de l’Education nationale a salué la dynamique inclusive des différents partenaires sociaux de l’éducation sur les modalités de recrutement des 5 000 enseignants. Serigne Sohinbou Badiane est revenu sur les différentes phases de la sélection et les garanties d’une formation de qualité.

Ce recrutement annoncé de 5 000 enseignants permettra-t-il de faire face au déficit criard d’enseignants ?
Je voudrais préciser que chaque année nous faisons une expression de besoins en termes de recrutement d’enseignants et que l’Etat nous accorde des quotas. Pour cette année, l’Etat nous a accordé un quota de 3 700 enseignants répartis ainsi : 2 500 enseignants pour le préscolaire et l’élémentaire et 1 200 pour le moyen-secondaire. Il faut préciser que cela est un quota habituel que nous recevons chaque année pour combler les besoins exprimés par l’ensemble des structures. Mais le recrutement des 5 000 enseignants ne fait pas partie de ce quota. Ce recrutement, autorisé par le chef de l’Etat, participe d’un plan de résorption d’un déficit en enseignants. Chaque année, malgré les affectations des sortants, nous notons un manque d’enseignants. Nous avons des écoles gelées, des classes pléthoriques aussi et des classes spéciales.

Quels sont les niveaux d’enseignement visés dans ce recrutement des 5 000 enseignants ?
Tous les niveaux d’enseignement sont visés parce que, comme je l’ai dit tout à l’heure, ce besoin vient suite à un autre exprimé auprès du chef de l’Etat et il a bien voulu nous l’accorder. Il provient d’un plan de résorption des déficits d’enseignants sur 5 ans. Nous avions demandé 4 763 enseignants pour faire face immédiatement et le chef de l’Etat nous a donné 5 000. Nous n’avons pas un problème de répartition parce que nous connaissons l’origine. Nous recrutons du préscolaire au moyen-secondaire et pour les daaras modernes.

Quels sont les critères pour candidater ?
D’abord les 3 500 enseignants, c’est pour l’élémentaire, le préscolaire et les daaras, et les 1 350 c’est pour le moyen-secondaire. Pour candidater, nous avons mis en place un lien qui est accessible à tout le monde, qu’importe sa position géographique. C’est une candidature exclusivement en ligne dans un premier temps. Les candidatures seront ouvertes dès le lundi 3 mai 2021 (avant-hier). Nous pensons que de plus en plus la fracture numérique est largement réduite. Ces jeunes qui sont intéressés par l’emploi se déplacent jusqu’à Dakar pour venir déposer leurs demandes d’emploi. Nous avons récemment reçu, lorsqu’il y avait des rumeurs de recrutement, des milliers de jeunes qui se sont déplacés jusqu’à Dakar pour déposer. Je pense que si on les donne cette opportunité, nous leur facilitons la tâche.
Pour les conditions, il faut être de nationalité sénégalaise, âgé de 18 à 40 ans. La Fonction publi­que, c’est de 18 à 35 ans, mais nous avons voulu élargir parce que nous recrutons des professionnels. Il faut aussi être titulaire d’un diplôme d’enseignement professionnel ou du Baccalau­réat au minimum et être prêt à servir partout au Sénégal.

Quid des sortants de la Fastef et de l’Inseps de Thiès ?
Je le rappelle, cette fois-ci nous n’avons pas beaucoup de problèmes. Nous allons recruter des professionnels et non des élèves-maîtres et des élèves professeurs. Je le dis souvent, quand je dois recruter des chauffeurs, je prends d’abord ceux qui ont un permis de conduire. Maintenant pour les véhicules qui n’ont pas encore de chauffeurs, je peux prendre des gens qui ont le profil pour les aider à être chauffeur.

Les candidats qui sont sur la liste d’attente du concours 2020 pensent être les prioritaires pour ce recrutement. Quel commentaire en faites-vous ?
Là, je dirai que nous sommes toujours dans le principe. Je le répète encore une fois : On est en train de recruter des professionnels, on fait le focus sur ceux qui ont des diplômes professionnels. Après cela, nous mettrons le focus sur ceux qui ont des diplômes d’enseignement, qui ne sont pas forcément des diplômes officiels. Ensuite, nous allons faire le focus sur tous ceux qui ont une expérience en éducation. Nous avons des jeunes qui sont dans les classes passerelles, dans les classes communautaires, d’autres qui sont en train même d’enseigner. Toutes ces informations, nous allons les capter lors des inscriptions et tous ceux qui ont fait quelque part des concours pour être enseignants, nous avons la présomption que c’est des gens qui veulent devenir enseignant. Et tout cela est paramétré dans la plateforme d’inscription.

Est-ce que vous pouvez revenir sur le processus de sélection ?
Nous avons voulu être très transparents. Nous l’avons même mis dans l’appel à candidatures. Il y a une partie qui est intitulée sélection. Il y a deux phases. La première, c’est une candidature en ligne. Après cette phase, nous allons étudier les candidatures en ligne pour faire une présélection qui se base sur ceux qui ont le diplôme professionnel, ceux qui ont un diplôme et qui n’est pas forcément professionnel, ceux qui ont l’expérience dans l’enseignement, ceux qui ont eu à faire des concours, et enfin ceux qui ont le diplôme académique. Il nous faudra comparer le diplôme, en tenant compte de l’âge et l’année d’obtention du diplôme. Après la présélection, on ne peut pas faire des tests pour recruter tout le monde. Nous pensons que nous pouvons dépasser 100 à 200 mille candidatures. Rien que pour le concours de recrutement des élèves-maîtres, qui est un concours spécifique où on ne recrute que pour l’élémentaire et le préscolaire où même les gens payent des droits d’inscription, nous dépassons 30 mille candidatures. Si maintenant on ouvre cette candidature à tous les Sénégalais, à tous les niveaux, même pour les daaras et que c’est gratuit, nous risquons de ployer sous des centaines de milliers de candidatures. Tous les candidats présélectionnés seront avertis par sms et par e-mail en même temps. Ce sont ces candidats présélectionnées qui vont déposer leurs dossiers au niveau des Inspections de l’éducation et de la formation qui sont les plus proches de leur zone.
La deuxième phase, c’est l’étude des dossiers. Pour ceux qui ont des diplômes professionnels, il suffit juste de vérifier l’authenticité. Si tout est authentique pour ces diplômés, ils sont automatiquement sélectionnés. Et pour les non-diplômés, nous allons organiser un test pour eux au niveau des inspections d’académie qui sera supervisé par l’équipe technique nationale. Et à la fin des tests, toutes les épreuves seront ramassées de même que les dossiers des présélectionnés pour ensuite être ramenés au niveau central.

Est-ce que tous les partenaires du système ont été associés ?
Le ministre de l’Education nationale a organisé des concertations avec toutes les parties prenantes. Tout d’abord, une rencontre avec les techniciens du ministère, à savoir les Ia et les Ief, pour partager la feuille de route. Nous avons aussi rencontré les syndicalistes du G7. En visioconférence d’abord, puis en présentiel pour recueillir toutes les observations nécessaires. Nous avons également recueilli l’avis de la Société civile et des parents d’élèves. Toutes les propositions pertinentes ont été prises en compte. Il y a certains qui ont proposé d’organiser un concours, mais nous avons jugé que c’est dans l’urgence que nous devons réagir.

Quelles sont les garanties sur la qualité de formation de ces nouveaux recrutés ?
La qualité est une préoccupation constante du système. D’abord tous les 5 000 ne seront pas mis en formation. Certains ont déjà leurs diplômes professionnels. Du coup, ils n’ont pas besoin de formation, mais peut-être d’un accompagnement pour être beaucoup plus professionnels. Mais ceux qui seraient intéressés par une formation professionnelle accélérée pour leur permettre d’exercer dès la rentrée, c’est bien sûr ceux qui ont le Bac. Nous sommes en train de concevoir un plan de formation accélérée qui les prendrait en charge pour une formation initiale. Nous avons l’expérience de former des enseignants pendant les grandes vacances dans les Ief et nous avons la preuve que ce sont de grands cadres de l’éducation. Si nous réfléchissons sur le profil, si vous formez quelqu’un qui est déjà engagé pour faire plusieurs concours, des gens qui ont déjà enseigné dans les classes passerelles, quelqu’un qui a enseigné dans le privé même s’il n’a pas de diplôme, il peut être vraiment apprêté en trois mois, en un mois de pratique de classe et d’exercer. Nous avons vu le succès des écoles privées qui n’ont pas fondamentalement des enseignants formés et nous avons la fierté des résultats produits par ces écoles. Il suffit de mettre de la rigueur et de bien accompagner pour avoir de bons enseignants. Dès leur prise de service également, nous leur mettrons dans les dispositifs de formation diplomante. Au niveau du moyen-secondaire, nous avons un dispositif de formation en ligne. Nous avons l’opportunité de la Fastef qui a déjà l’expérience. Nous avons l’Université Gaston Berger qui a une plateforme d’enseignement à distance et qui est habilitée à former au Caem, Caes. Nous avons aussi l’Université virtuelle du Sénégal pour l’enseignement à distance. On ne va pas les lâcher. Ils auront même un examen de sortie parce que le système a décidé de n’avoir que des gens qui ont des diplômes professionnels.


bseck@lequotidien.sn