jeudi, avril 25, 2024

La livraison par « Tiak- Tiak », un service en plein essor

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Au Sénégal, avec l’avènement de la pandémie à Covid-19, on a assisté au développement du E-commerce ou commerce en ligne. A côté de cet échange pécuniaire de biens, de services et d’informations par l’intermédiaire des réseaux informatiques, s’est également développé le E-business qui fait référence à l’ensemble du processus à mettre en œuvre afin de gérer un commerce en ligne, tel que les services de livraison par moto Jakarta communément appelés Tiak-Tiak.

Ils ont réussi à se faire une place dans le monde du E-business et du E-commerce de manière générale. Communément appelés «Tiak-Tiak» du fait de la rapidité de leur service, les livreurs sont devenus très prisés par les Sénégalais. Ayant fait son apparition bien avant l’avènement de la Covid-19, ce secteur est en plein essor depuis que la pandémie s’est installée au Sénégal. Que ce soit la livraison à domicile ou au bureau, partout on fait recours aux services de ces spécialistes.

Trouvée dans une banque de la place, Naïté confie qu’elle a limité ses déplacements depuis l’annonce de la deuxième vague. « Je suis en télétravail depuis plus de 10 mois», révèle-t-elle. Elle ajoute qu’elle fait souvent recours aux services des livreurs, lorsqu’elle a besoin de certains produits. «A chaque fois que j’ai besoin d’un produit, je fais la recherche sur internet. J’appelle sur les numéros affichés sur la toile et c’est le vendeur qui se charge de le donner à un livreur qui l’achemine jusqu’à mon domicile. Une fois sur place, je lui remets l’argent du produit acheté ainsi que les frais de livraison qui s’élèvent à 2000 F», explique notre interlocutrice.

Contrairement à Naïté, Mintou fait recours aux services de jeunes livreurs qui habitent dans son quartier. «Dans mon quartier, il y a des jeunes qui pratiquent le métier de livreur», renseigne-t-elle. A l’en croire, il s’agit de jeunes qui essaient de sortir du chômage. Elle précise que le prix du service rendu est à 2000F pour Dakar, mais pour aider ces jeunes qu’elle trouve débrouillards, elle leur donne souvent plus, histoire de les encourager.

 «MON LIVREUR FAIT LE MARCHÉ POUR MOI»

Casque bien vissé sur la tête, masque couvrant la moitié du visage, difficile de ne pas remarquer la présence de ce jeune garçon en train de faire des achats au milieu des femmes. Habillé en short bleu assorti d’un tee-shirt rouge avec des sandales, Mamadou est un livreur pas comme les autres. En réalité, il fait le marché pour ses clientes qui ne veulent pas sortir en cette période de pandémie par peur de chopper le virus. «J’ai des clientes qui m’appellent à chaque fois que leur stock de nourriture est épuisé. Elles me font une liste de produits dont elles ont besoin. Je me rends au marché pour m’en procurer et les livre chez elles», explique le jeune homme. «Aujourd’hui, une de mes clientes m’a appelé au téléphone pour me dire qu’elle veut préparer du «soupou kandja» (sauce à base de Gombo) pour un montant de 5000 F. Lorsque je lui livre les condiments, elle me paie 3000 F pour les frais de livraison et me rembourse les 5000 F dépensés», renseigne notre interlocuteur qui déclare avoir abandonné les études en classe de Cm2 pour subvenir aux besoins de sa famille.

Fils aîné d’une fratrie de cinq, Mamadou a perdu son papa à l’âge de 10 ans. «Mon père est décédé quand j’avais 10 ans et ma mère fait le linge pour nous nourrir et subvenir à nos besoins. J’ai voulu l’aider en venant à Dakar et c’est comme ça que je me suis trouvé dans le métier de la livraison», dit-il. A ses débuts, il empruntait la moto d’un de ses cousins, mais en moins de deux ans, il a réussi à se procurer sa propre moto.

Très sollicité du fait de la qualité de ses services et de sa loyauté, il peut faire 10 livraisons par jour (20.000 Fcfa) et 3 courses au marché pour 9.000 Fcfa. Un business rentable qui pousse Mamadou à faire un plaidoyer auprès de ces jeunes qui prennent la mer au prix de leur vie. «J’invite les jeunes à investir ce milieu et à ne pas prendre les pirogues pour rallier l’Europe, car il est bien possible de réussir ici au Sénégal», affirme-t-il.

Contactée au téléphone, Fatou, une des clientes du jeune Mamadou, révèle qu’elle a été testée positive à la covid-19 il y a deux jours et s’est auto-confinée chez elle sur demande de son médecin. «Après le test de diagnostic rapide qui s’est révélé positif, le médecin m’a prescrit une ordonnance et m’a demandé de rester chez moi en attendant les résultats du Pcr qui vont confirmer le diagnostic», renseigne la dame. Vivant seule dans un appartement à Yoff, Fatou qui affirme avoir chopé le virus à son lieu de travail est obligé de faire recours aux services du livreur pour remplir son réfrigérateur. «Je lui ai fait parvenir une liste de produits qu’il me faut par WhatsApp. Il va prendre son argent pour se les procurer.

Et une fois terminé, il les dépose devant mon appartement, m’appelle au téléphone pour m’en informer et c’est seulement quand il aura vidé les lieux que j’ouvre la porte pour prendre les affaires et ensuite, je dépose l’argent sur son compte mobile», explique Fatou. Un procédé qui peut paraître simple, mais qui révèle toute l’ingéniosité du Sénégalais à s’adapter à toutes les circonstances.

*Naïté, Mintou, Mamadou et Fatou sont des noms d’emprunts

Par L’As