jeudi, mars 28, 2024

Rokhaya Sall MBAYE, Directrice de MINEEX : la cause des mines passionnément

0 commentaire

Après avoir bourlingué un peu partout sur le continent notamment au Mali puis en Guinée-Conakry à travers une entreprise dans le bâtiment, Rokhaya Sall Mbaye décide de déposer ses baluchons sur sa terre natale. En 2007, elle crée une société de forage-minage qui agit en tant que prestataire de service auprès des opérateurs miniers en prenant en charge toute l’activité d’extraction à l’explosif. Un secteur qu’elle a embrassé par le fruit de la passion. 

“Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”. Cette maxime peut bien s’appliquer pour la jeune Rokhaya Sall Mbaye. A la tête de l’entreprise «MINEEX», entreprise leader dans le Forage-Minage, cette ingénieure géologue voit grand. Surtout que le pays qui l’a vu naître est devenu par la force des choses, producteur de pétrole. 

«Notre secteur est plus lié au secteur minier et au BTP qu’à l’industrie du pétrole. Mais  la production du pétrole permettra de mieux dynamiser les secteurs suscités et par ricochet le forage- minage», indique-t-elle benoîtement.

D’ailleurs, sur ce sujet, elle embraye en faisant savoir qu’au niveau du secteur pétrolier le contenu local est bien pris en compte dans la législation et le secteur minier est en train de s’en inspirer. 

Diplômée de l’Institut des Sciences de la Terre de l’UCAD, complétée par une maîtrise en management par la qualité, Rokhaya Sall Mbaye a une sensibilité écolo. Pour elle, la protection de l’environnement peut bien faire bon ménage avec le forage minier.

A preuve, Mineex SA est la première entreprise sénégalaise du secteur minier à avoir obtenu, en 2019, la triple certification de son système de management Qualité-Sécurité-Environnement. 

En termes clairs, cela renvoie à la maîtrise de bout en bout du savoir-faire de la société, des risques qui y sont liés et de l’impact sur l’environnement. Elle ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Parce que, Mineex a affirmé son engagement en matière de développement durable en signant en 2015 le Pacte Mondial des Nations Unies notamment UN Global compact, soutenant ainsi les dix principes concernant les droits de l’Homme, les normes internationales du travail, la protection de l’environnement et la lutte contre la corruption. Chaque année, on dépose notre rapport RSE au niveau de la plateforme dédiée.

«Le fait d’avoir obtenu la triple certification rassure également nos clients miniers de la maîtrise de notre savoir-faire dans un secteur si pointu ce qui constitue un avantage important face à la concurrence, même internationale», explique-t-elle. 

Concernant sa vision du secteur qu’elle côtoie depuis une dizaine d’années, elle la voit du bon côté des choses. Avec surtout, la poursuite de la dynamique actuelle qui est caractérisée par le développement  d’exploitations respectueuses de l’environnement et soucieuses des retombées auprès des communautés hôtes.

Réputé hostile aux femmes, le secteur minier n’ébranle point la jeune dame. Très tôt, elle s’est forgée une carapace pour surmonter les obstacles dans ce milieu réputé masculin. Elle raconte : «Comme beaucoup de mes camarades ingénieurs, je me suis orientée vers le BTP qui présentait plus de débouchés. Mais, à l’occasion de la rédaction de mon mémoire de fin d’études, j’ai découvert le monde de la mine. J’ai immédiatement saisi le potentiel de ce secteur. C’est là que j’ai décidé de me spécialiser exclusivement dans le forage-minage». 

Elle admet que c’est un secteur a priori assez méconnu du public et l’offre de formation au niveau local est minime. Le fait que les femmes soient moins présentes n’est donc pas surprenant. Toutefois, cette pensionnaire de l’Université de Dakar, soutient que les mentalités commencent à changer. «De plus en plus de femmes intègrent cependant le secteur minier et naturellement on en verra de plus en plus dans le secteur du forage minage». 

Lauréate du prix de la femme entrepreneure de l’année 2019, le 14 juin dernier, à l’issue de la 7ème édition de Hub Africa qui s’est déroulée à Casablanca, Rokhaya Sall Mbaye ne se prend pas la tête. Elle considère cette distinction comme un sacerdoce et non comme l’aboutissement d’une carrière encore à parfaire. C’est pour cela qu’elle ne compte pas dormir sur ses lauriers. 

«Être distinguée et reconnue parmi ses paires est toujours un plaisir et ne nous laisse plus qu’une option : poursuivre nos efforts vers l’excellence», conclut-elle.