samedi, avril 20, 2024

Education- Il y a une urgence à réformer les programmes pour former « un citoyen ancré dans ses valeurs mais ouvert au monde »

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Depuis quelques semaines, des apprenants organisent des manifestations pour réclamer une réforme des programmes scolaires au Sénégal.  Pour Moustapha Sène, conseiller pédagogique au Centre régional de formation des personnels de l’éducation (CRFPE) de Rufisque, il y a l’urgence, pour les pouvoirs publics sénégalais, de modifier les programmes scolaires en vigueur depuis quelques années.

 

‘’Nous avons vu sur une vidéo des élèves d’un établissement de l’intérieur du pays parler du programme d’histoire et de géographie qui est assez rétrograde. Donc, ce que j’ai compris dans les propos des élèves, c’est qu’il y a urgence à réformer les programmes’’ scolaires, a-t-il dit, mardi, à l’APS.

Des élèves de plusieurs lycées du Sénégal ont entamé une grève pour réclamer la réduction des programmes scolaires.

Au lycée Demba-Diop de Mbour (ouest), par exemple, les élèves jugent les programmes des classes terminales « longs » et « obsolètes ».

A Mbacké (centre), Louga (nord) et Kolda (sud), des élèves ont également réclamé une réduction des programmes scolaires.

Moustapha Sène relève « un problème » lié au « rythme d’exécution » des programmes.

« Un professeur doit connaître son programme », a soutenu le conseiller pédagogique, estimant que certains enseignants éprouvent « des difficultés pour terminer les programmes ».

« Le programme est long, on n’en disconvient pas », a-t-il dit en parlant notamment de l’enseignement de l’histoire et de la géographie.

En même temps, au collège, le crédit horaire par semaine a été réduit de cinq à quatre heures, selon lui.

La grève des élèves pourrait conduire les pouvoirs publics à réformer rapidement les programmes scolaires en vigueur depuis 2017, selon le conseiller pédagogique du CRFPE de Rufisque.

Moustapha Sène reconnaît qu’il existe des contenus pédagogiques à mettre à jour pour prendre en compte les conséquences des changements climatiques à Rufisque ou à Saint-Louis (nord), ou encore leur incidence sur la pêche, par exemple.

« Il y a des programmes qui datent de 1960, qui ont été élaborés par des professeurs d’histoire et de géographie, dont Amadou-Mahtar Mbow, Assane Seck et Paul Pélissier », rappelle M. Sène en remontant le temps, concernant l’enseignement de ces deux disciplines au Sénégal.

Ils cherchaient à « africaniser » les programmes, affirme le conseiller pédagogique du CRFPE de Rufisque, rappelant avoir enseigné l’histoire et la géographie pendant trente et un ans.

Former « un citoyen ancré dans ses valeurs mais ouvert au monde »

« Il y a eu une certaine évolution. Lors du séminaire de 1982 à Rufisque, d’autres programmes ont été proposés aux autorités et ont été enseignés dans les cycles moyen et secondaire », a expliqué Moustapha Sène.

Selon lui, de nouveaux programmes d’histoire et de géographie ont été élaborés en 1998 et « consolidés » en 2004.

Les programmes de 2004 sont encore en vigueur, a-t-il déclaré en soulignant la nécessité pour les élèves de connaître l’histoire du Sénégal et les civilisations, à travers les programmes qui leur sont enseignés.

Les programmes d’enseignement ne concernent pas que le Sénégal, a précisé Moustapha Sène.

La loi d’orientation du 16 février 1991 ouvre les programmes scolaires à la connaissance d’autres pays, dans le but de former « un citoyen ancré dans ses valeurs mais ouvert au monde », selon M. Sène.

Les programmes de la sixième portent essentiellement sur le Sénégal, a-t-il dit en réponse aux élèves en grève, lesquels trouvent faible le nombre de leçons consacrées à leur pays.

Le conseiller pédagogique rappelle que l’étude des régions naturelles du Sénégal – le bassin arachidier, la Casamance et le Ferlo – est privilégiée en sixième, par exemple.

Le but visé est de permettre à l’élève de la sixième de maîtriser les savoirs géographiques, de connaître son milieu et de participer à sa transformation, selon M. Sène.

Dans d’autres classes, les programmes d’histoire sont élaborés pour faire connaître le Sénégal aux élèves et les rapports que leur pays entretient avec l’Afrique, par exemple, a-t-il signalé.

En sixième aussi, les élèves étudient l’Egypte pharaonique, qui est « la première brillante civilisation de l’Afrique ». Ils se familiarisent aussi avec les civilisations asiatiques et l’Europe.

« Au Sénégal, nous avons plusieurs confessions (…) qui cohabitent harmonieusement. Avec le programme de la cinquième, les élèves étudient l’islam pour comprendre comment il se répand au Sénégal et en Afrique », a-t-il expliqué.

 

Avec APS