jeudi, mars 28, 2024

Comment Paul Biya paie des millions à des entreprises américaines pour polir sa réputation avec des « fake news

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En 2020, l’enfermement des membres de l’opposition et la falsification des bulletins de vote sont chose du passé pour les dictateurs. Une meilleure stratégie consiste à faire appel à des sociétés de relations publiques pour renforcer la réputation de votre État à l’étranger. Cette enquête montre comment le président camerounais Paul Biya utilise à cette fin des sociétés américaines, payées par l’argent des impôts de ses propres citoyens.

Les lobbyistes des relations publiques n’ont pas la meilleure réputation. De plus, ils ne sont pas seulement là pour des entreprises et des organisations ‘innocentes’. En échange de dollars, les agences de relations publiques utilisent leur réseau pour purifier les images de régimes politiques douteux à diverses fins, qu’il s’agisse du renouvellement d’un accord militaire ou commercial, d’un siège dans un organe important, de la levée de sanctions internationales, etc.

Les sociétés de relations publiques sont un outil utile pour de nombreux régimes qui veulent avoir l’air aussi ‘normal’ que possible pour le monde extérieur, comme une façade pour ce qui se passe dans les coulisses. Le Cameroun est l’un de ces pays qui travaille dur son image publique. Notre enquête a révélé les détails de divers contrats que le gouvernement camerounais a conclus avec des sociétés de relations publiques.

Le Cameroun n’est en aucun cas le seul pays à faire cela, mais peu de dictateurs contrôlent le jeu d’ombre de la perception et de l’image aussi bien que le président camerounais Paul Biya.

Biya a 87 ans et occupe son siège présidentiel depuis plus de 38 ans. Sous le règne de Biya, le Cameroun est devenu une dictature de fait. Les membres de l’opposition disparaissent en masse en prison. Les manifestations dans la partie anglophone du pays se sont transformées en véritable guerre civile en 2017, après que le président ait refusé toute forme de dialogue.

Là, et aussi dans le conflit avec Boko Haram dans la province du Nord, les forces camerounaises commettent systématiquement des atrocités contre la population civile.

Ces événements ont dévoré la réputation de Biya. En conséquence, en février 2019, les États-Unis ont réduit leur aide militaire au Cameroun. Quelques mois plus tard, le pays a perdu son accès privilégié au marché américain, prévu par l’African Growth and Opportunity Act (AGOA).

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Il s’agit là de deux revers majeurs pour le dictateur centrafricain. La réputation internationale du Cameroun a été gravement atteinte lorsqu’en 2017 une vidéo, montrant une femme camerounaise et son bébé tués par des soldats du gouvernement, est devenue virale. Plus tard dans l’année, Biya a affirmé avoir remporté les élections pour la septième fois. Les preuves de fraude étaient aussi accablantes que honteuses.

Et pourtant, ‘Les États-Unis restent un ami et un partenaire du Cameroun’, peut-on lire sur le site web de l’ambassade américaine dans la capitale camerounaise Yaoundé.

Paul Biya comprend l’importance d’une bonne relation avec le pays le plus puissant du monde. Il se rend compte du fait que ces relations doivent être entretenues et massées. Il aime laisser cela aux sociétés de relations publiques américaines spécialisées dans les dictateurs qui blanchissent de l’argent. Depuis 2017, au moins cinq accords ont été enregistrés entre le gouvernement camerounais et des sociétés de relations publiques américaines :

  • Un contrat de 12 mois à partir d’août 2017 avec Mercury Public Affairs d’une valeur de 1,2 million de dollars.
  • Ce contrat en chevauche un autre avec Squire Patton Boggs d’une valeur de 400.000 dollars par an, qui a expiré fin 2017.
  • À la mi-2018, le Glover Park Group a acquis un contrat de relations publiques d’une valeur de 600.000 dollars.
  • Entre juillet 2019 et juillet 2020, Clout Public Affairs a signé un contrat d’une valeur de 660.000 dollars.
  • Entre-temps, Squire Patton Boggs est réapparu pour un contrat de 400.000 dollars.

Toutes ces informations sont accessibles au public sur le site web du Foreign Agents Registration Act, le chien de garde des lobbyistes étrangers du ministère américain de la justice.

En juillet 2017, la valeur totale des contrats s’élevait à 3,26 millions de dollars. Cet argent provenait du contribuable camerounais.

La résurrection d’un dictateur

Il existe également des exemples antérieurs de la manière dont les lobbies de relations publiques américains ont blanchi les affaires locales au Cameroun. En octobre 2004, il y a eu des élections présidentielles au Cameroun, que Paul Biya avait prévu de remporter, bien que le dictateur éprouvait des difficultés.

Au début de l’année 2004, le ministère américain d’Affaires étrangères a signalé que l’armée camerounaise avait commis des exécutions extrajudiciaires et d’autres atrocités.

De plus, l’Internet a entre-temps pénétré sur tout le continent africain. Il s’agit de la première élection présidentielle au Cameroun où les médias sociaux sont un facteur, et où l’information est plus librement accessible à la population en général.

Biya se rend compte que sa façon habituelle de voler les urnes — enfermer l’opposition, manipuler les bulletins de vote — est trop risquée. Il risque de perdre son crédit à Washington et a besoin d’une approche plus subtile. Toute la perception autour du spectacle électoral doit changer.

En juillet 2004, quelques mois avant les élections, le dictateur camerounais réinvente son image. Il contacte la firme américaine Squire Patton Boggs et conclut un contrat de 400.000 dollars. Le travail de la société de relations publiques consiste à renforcer les liens entre le Cameroun et les États-Unis, y compris en ce qui concerne les ‘questions liées aux élections’.

L’un des lobbyistes de Squire Patton Boggs, Greg Laughlin, réunit un groupe d’anciens membres du Congrès américain qui, en tant qu’observateurs électoraux indépendants, gardent un œil sur le jour des élections. Biya ‘gagne’ les élections avec 71 % des voix. ‘L’élection a été équitable’, témoignent Greg Laughlin et ses collègues, un message largement diffusé par les médias locaux. ‘Le vote impressionne les observateurs américains’, peut-on lire à la une du journal pro-gouvernemental Cameroon Tribune du 13 octobre.

Les ex-députés dirigés par Laughlin avaient eux-mêmes, sciemment ou non, été dupés par des fonctionnaires camerounais, comme il s’est avéré. On ne leur a montré qu’une poignée de salles d’élections préparées par le régime.

D’autres observateurs électoraux sont abasourdis. ‘Dans certains domaines clés, le processus électoral manque de crédibilité’, a conclu une délégation dirigée par l’ancien Premier ministre canadien Joe Clark. Son groupe a visité pas moins de 263 salles électorales dans tout le pays. Christian Tumi, le cardinal de Douala, est encore plus critique : ‘Comme toutes les élections, ces élections sont également entachées de fraude’. Mais le mal est fait : c’est le témoignage de Laughlin qui résonne.

Comment voler des élections?

À l’ère de l’information, Biya comprend que l’image publique est primordiale. Ça n’a guère d’importance pour la communauté internationale de savoir que vous volez les élections. La manière dont vous les volez est beaucoup plus importante.

Un mois après les élections, Biya signe un contrat de 150.000 dollars avec Richard Schulze, lobbyiste de la société de relations publiques Valis Asociates et co-observateur de Greg Laughlin pendant les élections. Objet : ‘Maximiser l’impact des réformes politiques et économiques camerounaises au sein de l’administration américaine’.

Le “fake news” au Cameroun

Le président Biya a dépensé des millions de dollars en relations publiques. À l’approche des élections d’octobre 2018, un certain nombre de canaux qui sont remarquablement partiaux sont mis en place sur les médias sociaux. Elles passent la responsabilité de chaque incident violent aux séparatistes, sans mettre en avant le rôle de l’armée camerounaise.

Parmis eux on a trouvé, par exemple, @CameroonTruth (fondée en août 2018) :

Et aussi @AgenceCamPresse, qui fait partie de l’ ‘agence de presse’ Agence Cameroun Presse, fondée en juillet 2018 :

Agence Cameroun Presse est particulièrement intéressante. Leur objectif, selon leur site web, est de présenter ‘les faits et les vraies nouvelles du Cameroun’.

Au lendemain des élections de 2018, des observateurs étrangers apparaissent à la télévision nationale, indiquant qu’ils ont été envoyés par l’ONG internationale Transparency International pour surveiller les élections. Ils rapportent que le processus électoral s’est déroulé en toute équité.

Transparency International réagit rapidement en déclarant qu’elle n’a pas envoyé d’observateurs au Cameroun et qu’elle n’a aucune affiliation avec les soi-disant observateurs. L’organisation s’oppose fermement à l’utilisation abusive de son nom. Michael Hornsby, responsable de la communication chez Transparency International, le confirme personnellement dans un e-mail de 2018 : ‘Il semble que [les observateurs] aient été invités par l’Agence Cameroun Presse’.

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Les soi-disant ‘observateurs’ s’avèrent être un mélange de petits voleurs, de jardiniers et de chômeurs. Aucun d’entre eux n’a d’expérience en matière de surveillance des processus électoraux et ne comprend les affaires africaines. Parmi eux, Nurit Greenger, qui déclare sur Twitter le 9 octobre 2018 qu’elle a été invitée à la fois par l’Agence Cameroun Presse (ACP) et Transparency International.

En juillet 2018, au moment de la création de l’ ‘agence de presse’ ACP, deux contrats de relations publiques avec le gouvernement camerounais étaient en cours : Mercury Public Affairs (1,2 million de dollars) et Squire Patton Boggs (400.000 dollars). Les deux contrats stipulent explicitement que leur objectif est ‘d’améliorer l’image du Cameroun aux États-Unis’.

Est-ce une coïncidence si, comme en 2004, le régime Biya utilise de fausses déclarations d’étrangers indépendants en apparence pour donner de la crédibilité à sa réélection ? Est-il possible que les ‘observateurs’ ou leurs clients aient fait du travail non rémunéré ? Aussi improbable que cela puisse être, au moment où nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas pu établir un lien plus direct entre l’Agence Cameroun Presse et Squire Patton Boggs de Mercury Public Affairs.

Pas d’amateurisme

Ailleurs, nous trouvons des exemples explicites de la manière dont les sociétés de relations publiques américaines utilisent de fausses informations pour faire basculer l’opinion publique — et avec elle le corps législatif de Washington.

Nous avons enquêté sur un contrat entre le gouvernement camerounais et la société de relations publiques américaine Clout Public Affairs. Le contrat, signé le 2 juillet 2019, stipule que la société ‘fournira des services professionnels de relations publiques pour présenter le Cameroun sous un jour positif et favorable’. Cela se fera ‘en publiant au moins quatre articles dans des sites d’information à orientation conservatrice’. Ces articles devraient constituer la base d’un ‘partenariat solide à l’avenir’.

Autrement dit, ces articles faux ou douteux devraient promouvoir une image plus positive du Cameroun aux États-Unis. Le prix de ces services ? Quatre messages de ce type par mois à 55.000 dollars, hors frais.

Nous avons trouvé un exemple d’un tel article. Le 18 décembre 2019, juste avant Noël, Clout Public Affairs tente de faire vibrer une corde sensible avec l’Amérique qui craint Dieu. Les lobbyistes rédigent un article de journal intitulé ‘Le groupe terroriste Boko Haram continue à persécuter les chrétiens’.

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L’article s’ouvre sur le meurtre brutal d’un ‘garçon chrétien’ non identifié au Cameroun. En outre, l’article invite les lecteurs presque à l’occasion à ‘reconnaître l’importance de pays comme le Nigeria et le Cameroun (…) en raison de l’engagement des États-Unis envers les persécutés dans le monde et de notre lutte contre le fondamentalisme’.

Et pour ceux qui doutent que les persécutés appartiennent à la bonne foi : ‘La grande majorité des 200.000 réfugiés au Cameroun sont chrétiens’. C’est faux. Dans les régions du nord du Cameroun, où opère Boko Haram, la majorité de la population est musulmane.

En outre, l’article condamne la politique des démocrates américains, ‘qui condamnent les dirigeants camerounais plutôt que les attaques de Boko Haram’.

L’article de Clout Public Affairs a été publié dans une version abrégée sur Hispolitica, site qui prétend être ‘un site web national sur les problèmes politiques qui concernent non seulement les Hispaniques mais aussi tous les Américains’. Il n’y a aucune référence à Clout Public Affairs. Mais le plagiat n’est pas le seul faux pas commis ici.

Le site web Hispolitica semble dater des années 1990. Il y a encore des articles de 2017 sur la page d’accueil. Leur compte Twitter compte au total 102 adeptes. Le propriétaire d’Hispolitica, selon son site web personnel, est M. Javier Manjarres, un Colombien américain naturalisé.
 

Il gère d’autres ‘sites d’information’ par l’intermédiaire de sa société Diverse New Media, notamment The Floridian et CactusPolitics. Ce sont tous des sites peu crédibles qui proposent des informations locales et n’ont guère d’adeptes sur les médias sociaux.

Il n’y a manifestement pas que du plagiat et de l’amateurisme. Manjarres a trop de contacts dans les hautes sphères. Sur Facebook, il pose en photo avec Donald Trump. Marco Rubio, le sénateur républicain de Floride, semble également le connaître personnellement, tout comme le républicain Ted Cruz.

Et puis soudain, le monde devient très petit. L’actuel PDG de Clout Public Affairs est David Polyansky, qui a travaillé jusqu’en 2018 comme directeur de campagne pour Ted Cruz. Et le directeur général de Clout est Matthew Whitaker, ancien secrétaire d’État à la justice sous Donald Trump. Il est clair que Clout Public Affairs a des relations au plus haut niveau.

Le 16 décembre 2019, on peut lire sur le site web de CactusPolitics l’article: ‘Comment l’administration Trump a obtenu un accord de paix en Afrique’. L’auteur est Javier Manjarres, qui, une fois de plus, n’a aucun lien avec Clout Public Affairs.

L’article est néanmoins une copie exacte du texte que Clout Public Affairs a officiellement soumis au chien de garde du lobby américain le 17 décembre 2019, ce qui prouve le lien entre Clout Public Affairs et Javier Manjarres. Cela ressort également de la base de données ouverte du Center for Responsive Politics, qui suit les flux d’argent dans la politique des États-Unis.

De l’actualité pour ‘les bons législateurs’

Des incertitudes entourent la position et le travail de Javier Manjarres. Que font tous les articles sur le Cameroun sur un site web consacré à l’actualité locale en Arizona et en Floride ? Comment est-ce que Clout Public Affairs récompense Javier Manjarres pour la publication de ces articles ? Et pourquoi se donne-t-il tant de mal pour publier quelque chose sur un site web qui ne compte que 34 adeptes sur Twitter ?

J’ai appelé Manjarres pour lui poser ces questions. Il reconnaît l’existence de Clout Public Affairs, et aussi qu’il copie régulièrement des articles de ce site. Il nie néanmoins qu’il reçoit de l’argent pour le faire. Manjarres prétend connaître et respecter l’éthique journalistique.

La raison pour laquelle il a publié ces articles est que Marco Rubio (le sénateur républicain de Floride) s’était exprimé sur le Cameroun, soutient-il. ‘C’est ce qui le rend pertinent pour un public en Floride, et c’est pourquoi je le publie’, dit-il. Plus loin dans la conversation, il devient clair que ses sites web ne reposent pas sur les médias sociaux. ‘Nous utilisons principalement le courrier électronique pour la distribution’, dit-il, ajoutant qu’ ‘il est particulièrement important que les bons législateurs nous lisent’.

En d’autres termes, ces sites web n’ont pas du tout l’ambition d’informer une large audience. Ils servent simplement à peser sur la politique.

Il n’y a pas de preuve tangible que Manjarres a accepté de l’argent de Clout Public Affairs pour publier les articles. Il le nie lui-même avec insistance. En fait, lors de la conversation téléphonique, Manjarres prétend ne rien savoir des 55.000 dollars que Clout Public Affairs reçoit mensuellement du gouvernement camerounais. ‘Je vais les contacter à ce sujet’, dit-il d’un ton sec.

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Après des recherches plus approfondies, lorsque nous examinons les dépenses des candidats politiques de Clay County, au Texas, nous constatons que Manjarres, par le biais de sa société Diverse New Media, a reçu 2.750 dollars  pour de la ‘publicité’ de la part de Mike Taylor, candidat au poste de shérif pour les républicains.

Dans le reportage que Manjarres a écrit pour Mike Taylor, il accuse un autre candidat au poste de shérif de harcèlement et d’une arrestation illégale. L’histoire s’est révélée incorrecte, mais les corrections demandées n’ont jamais été publiées.

En Floride, Manjarres est en effet connu comme un blogueur pay-to-play. Autrement dit, il écrit sur quoi que ce soit, tant que vous le payez.

Un regard sur le casier judiciaire de Manjarres n’aide pas sa réputation : tentative de meurtre (en 2016, il a attaqué le compagnon de sa sœur dans sa camionnette sur un parking en Floride), violence domestique, cambriolage avec violence.

Quelle est la plausibilité de l’explication de Manjarres ? A-t-il été utilisé par Clout Public Affairs ou a-t-il reçu de l’argent ? Je pose la question à Anna Massoglia, qui est chercheuse au Center for Responsive Politics à Washington. Comme son nom l’indique, cette institution étudie la transparence dans les sociétés démocratiques.

Massoglia ne connaît pas le cas spécifique de Manjarres, mais elle est au courant des activités de ces sociétés de relations publiques. ‘Il est possible que Manjarres n’ait pas reçu d’argent de Clout. Mais ce qui compte, bien sûr, ce n’est pas l’argent, mais l’influence et les réseaux — ceux-ci sont plus difficiles à mesurer’. 

Doublement escroqués

Il y a autre chose de remarquable à propos des quatre articles par mois que Clout Public Affairs a promis d’écrire pour le gouvernement camerounais : ils n’abordent pas seulement le Cameroun. Ils contiennent souvent une phrase pro-Trump. Des membres éminents du Parti démocratique sont régulièrement diffamés.

Ce n’est pas une coïncidence. Plusieurs des sociétés de relations publiques mentionnées sont dirigées par des personnes liées à des politiciens issus des milieux ultra-conservateurs et républicains. David Polyansky, l’ancien chef de campagne de l’éminent républicain Ted Cruz, en est un exemple.

Prenez l’article de Manjarres publié fin 2019, ‘How the Trump Administration Scored a Peace Deal in Africa’ (Comment l’administration Trump a obtenu un accord de paix en Afrique). Il s’ouvre sur une référence à la tentative du Parti démocrate d’évincer Trump, qu’il qualifie de ‘voulant défaire un résultat électoral’. Plus loin, Trump est encensé comme intermédiaire pour un soi-disant ‘succès diplomatique’ au Cameroun, et l’administration Obama et la sénatrice américaine Karen Bass sont successivement calomniées.

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L’article de Manjarres ne sert pas que les intérêts camerounais; c’est avant tout un article d’opinion diffamatoire sur la politique intérieure américaine. Qui a, pour être clair, bel et bien été écrit et enregistré par Clout Public Affairs dans le cadre de l’accord avec le gouvernement camerounais, et payé par le contribuable camerounais.

Les Camerounais non pas seulement blanchissent les richesses de leur dictateur dans le pays le plus puissant du monde, ils financent également la diffusion de la propagande conservatrice aux États-Unis.

Clout Public Affairs propage son propre programme politique, tout en étant grassement payé par les personnes les plus pauvres du monde.

Les sociétés de relations publiques concernées, dont Clout Public Affairs, ont refusé de réagir à plusieurs reprises.

Il n’y a pratiquement aucune opposition aux activités des sociétés impliquées. Dans un cas, l’avocat américain d’origine camerounaise Jiggi Tah a intenté une action en justice devant un tribunal américain contre le gouvernement camerounais. Il a perdu en raison d’insuffisance de preuves. Il répond par voie électronique depuis le Delaware aux États-Unis : ‘Ces entreprises encouragent indirectement les violations des droits de l’homme. Le but de cette action en justice était de montrer que les contrats sont inconstitutionnels. Une fois accompli cela, nous pourrons réclamer les millions versés’.

Auteur: Arne Gillis. Traduction: Frank Willems

Source: mo.be