mardi, décembre 10, 2024

Mobile Money au Sénégal : entre concurrence déloyale et avenir prometteur des startups

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Le taux de bancarisation encore faible au Sénégal, combiné à une culture très cash a favorisé le développement fulgurant des offres de services de paiement digitaux, plus adaptées aux besoins des consommateurs sénégalais. Cet engouement des populations à qui cette opportunité offre un énorme gain de temps, de sécurité et productivité a contribué à rendre le secteur extrêmement dynamique avec un foisonnement d’acteurs et de modèles économiques.

Cependant, avec l’arrivée des opérateurs de téléphonie dans ce secteur, on assiste de plus en plus à une nouvelle façon d’attraction de clients, une concurrence illégale. Socialnetlink a posé la question à Monsieur Ababacar DEME, ex Sales Director For West and Central Africa chez Wari.

L’expert nous fait une analyse du monde des services de paiement digitaux au Sénégal. Pour lui, il y a encore des points d’incertitude qui doivent être clarifiées par les autorités de régulation si nous souhaitons continuer de voir des startups locales dans le domaine naître et survivre sans être asphyxiées par les géants étrangers.

On entend souvent parler de Mobile Banking par ci et de Mobile Money par là. L’ancien responsable des opérations Hors Afrique pour Money Express en 2009 soutient qu’il faut faire la différence entre ces deux termes.
Le Mobile Money est un terme galvaudé qui n’a plus son sens. Mais au sens où on le comprend en Afrique, le Mobile Money est à la base l’offre de services financiers digitaux proposée par une société de téléphonie ou sa filiale et règlementée au moyen d’un terminal Mobile (téléphone portable). D’autres acteurs non Téléphoniques aussi opèrent à présent des plateformes de MM sous le sponsorship des banques” précise l’actuellement Directeur du Business Development pour l’Afrique Francophone de Opay, la marque de services Financiers du groupe Opera Software basé en Norvège.

Par contre, dit-il “le Mobile Banking par contre est juste une extension des services traditionnels de la banque sur un terminal Mobile. Considérant le faible taux de bancarisation absolu au Senegal, entre 10% et 15%, le Mobile Banking, bien qu’elle soit au cœur de toutes les stratégies de développement des banques, conscientes de l’impérieuse nécessité de se digitaliser, est néanmoins loin derrière le Mobile Money en terme d’innovation, d’accessibilité, de flexibilité et d’adaptabilité de l’offre. C’est pourquoi, le Mobile Banking est encore inaccessible pour la majorité des Sénégalais. Contrairement au Mobile Money qui connaît un succès éclatant presque partout en Afrique

Orange Money, une suprématie illégitime

Dès son arrivée, OM, filiale de Orange télécom, s’est appuyée sur ce géant français des télécommunications pour recruter 80% de ses utilisateurs. En effet, précurseur de la téléphonie Mobile au Sénégal, France Telecom (Sonatel) a mis sa base d’abonnés de la téléphonie Mobile à la disposition de sa filiale OM qui n‘a eu aucun mal à les convertir en Utilisateurs en leur offrant gratuitement et à volonté pendant des années, ce que ces clients / utilisateurs étaient sensés acheter (Crédit téléphonique).

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« Ce qui est évidemment illégal et anticoncurrentiel vis-à-vis des autres opérateurs du marché qui ne pouvaient pas se permettre le luxe d’offrir du crédit à leurs clients. Cette pratique a finalement été interdite par les autorités de régulation qu’en juillet 2018 après que OM ait fini de prendre le large vis-à-vis de ses concurrents sur le domestique au Sénégal. L’écrasante domination de OM est aujourd’hui encore plus palpable compte tenu des difficultés liées au réseau, que traverse son unique et vrai concurrent (Wari) », soutient l’ancien Senior Business Development Manager et Head of Operations and Business Intelligence chez Wari qui précise que le Mobile Money à un avenir plus rassurant.

Défendre les startups locales pour éviter la phagocytation des géants étrangers

Pas d’inquiétude dans ce sens. Pour le consultant en Finance Digitale, s’il y a des points à améliorer ce sera certainement d’ajouter des produits et services de seconde génération sur les bouquets Mobile banking (Épargne, crédit, assurance, Neo Bank, etc.).

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Par contre, il pense que le Mobile Money a encore des points d’incertitude qui doivent être clarifiées par les autorités de régulation. « Il y a beaucoup à faire afin d’éviter que les géants étrangers asphyxient les Start up locales qui vont tous finir par mettre la clé sous le paillasson. S’y ajoute que les technologies Ussd et sms qui sont censés être démocratiquement accessibles à tous ont été la chasse gardée des opérateurs de téléphonie qui les réservaient exclusivement à leurs propres Filiales Mobile Money jusqu’à une date récente, au détriment des autres Opérateurs non téléphoniques. Et même si l’ARTP a forcé la main aux Operateurs télecoms pour donner accès à ces technologies, les coûts engendrés par les intégrations et le prix de la session Ussd par exemple grèveront toujours les marges des concurrents de ces Filiales de société de télécom (Orange, Expresso , Free) » se désole l’expert en Business Development .