Les cas d’arnaque à travers les réseaux sociaux se poursuivent. Cette fois-ci, il s’agit de crédits en ligne dont le remboursement coûte cher aux emprunteurs. Ouest crédit, senepret, top emprunt et Ecoprêt ont fini de dépouiller leurs clients à travers leur application téléchargée. Ces derniers augmentent la dette si l’on dépasse le délai de paiement et n’hésitent pas à appeler tes proches en ayant accès à tes données pour te signaler.
Les crédits en ligne sont devenus la nouvelle mode des arnaqueurs qui recrutent leurs victimes à travers les réseaux sociaux. Ils ont pour nom « Ouest crédit, senepret, top emprunt et Ecoprêt ». Il s’agit d’applications qui proposent des crédits aux internautes.
Les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer. C’est le cas de M. N qui regrette d’avoir contracté du crédit en ligne. «Mon crédit était 7 566 F Cfa et j’ai payé 10 800 F cfa. Ils m’ont dit que le délai de paiement est de 7 jours mais au bout de 4 jours, ils m’ont mis la pression pour le payement », regrette-t-il. Et de poursuivre : «Chaque 5 minutes, ils m’appellent et m’envoient des messages successifs». Suffisant pour ce dernier de regretter d’avoir installé leur application. «Il ne se limite même pas d’appeler les contacts que tu as donné à l’inscription mais ils utilisent ton historique d’appel et ton répertoire pour les appeler », dit-il. Même son de cloche pour L N qui a lui aussi pris du crédit. «Le taux d’intérêt est très élevé. J’ai emprunté du crédit et comme je ne travaille pas, c’était difficile pour moi de solder cette dette », confesse-t-elle.
Et de poursuivre: «Ils sont en train de briser mon ménage car je ne peux pas payer et je suis devenue accro à ces crédits ». Tout est parti d’une dette qu’elle a contracté lors de la rentrée des classes pour l’inscription de sa fille. «Je suis entrée dans l’application et j’ai mis le numéro de ma fille ainée, ils m’ont donné 7 000 F Cfa et je dois rembourser 11 000 F Cfa. Avec leur harcèlement, j’ai eu peur et j’ai remboursé avec ma dépense quotidienne. Au fil du temps, je n’ai pas d’activité et c’est devenu une addiction. Je suis obligée de payer et je ne peux plus reculer et je leur dois 32 000 F Cfa avec une prolongation de 9 500 F Cfa. Ils m’ont appelé au téléphone et j’ai pris la dépense et j’ai payé. Ils m’ont donné 26 000 F Cfa et je dois payer 37 000 F Cfa et je regrette vraiment », se désole-t-elle. Cette victime alerte ceux qui ne sont pas encore dans ces crédits de faire gaffe. «Leur prolongation devient très coûteuse pour les débiteurs », tonne-t-elle.
AMINATA KASSE, MEMBRE DU COLLECTIF «COMBATTRE LES CREDITS EN LIGNE » «Ils ont fait perdre du travail, briser des couples et familles »
Aminata Kassé s’est engagée dans la lutte contre les crédits en ligne comme « Ouest Crédit, Senepret, Top emprunt, et EcoPret ». Cette jeune dame soutient porter ce combat pour soulager beaucoup de victimes dont certains ont perdu leur travail où vu leur familles se briser.
Pourquoi, vous avez mis en place un collectif pour lutter contre les prêts en lignes ?
Nous sommes pour le moment un groupe WhatsApp composé de 70 membres pour les personnes victimes d’arnaque de la part de ces crédits en ligne. J’ai découvert ces prêts sur Facebook en voyant une étudiante qui se plaignait de ces structures. En ce moment, elle n’avait pas encore reçu sa bourse. Elle était dans le besoin et a contracté un prêt. On l’ harcelait en la demandant de rembourser. C’est là que j’ai dit que j’allais essayer pour voir comment ça se passe en cliquant sur le lien Facebook avec Ouest Crédit. Une fois dans le lien, on écrit « prêt de 30 000 à 500 000 F Cfa et remboursable au bout de 91 jours. Mais une fois que tu entres dans leur application, au bout d’une heure de temps, la structure t’envoie par Wave ou Orange money l’argent. Ce n’était que 7 000 F Cfa que j’avais pris, ils me l’ont envoyé automatiquement, ce qui veut dire que c’était une publicité mensongère car ils avaient bien écrit de 30 000 à 500 000 F Cfa. J’ai essayé de leur rembourser cela mais cela ne passait pas. J’ai appelé sur leur numéro qui s’affiche pour leur dire que cela ne m’arrange pas. Ils m’ont dit d’attendre la date de remboursement.
Au bout de 5 jours, ils m’ont appelé en me disant que les frais s’élèvent à 3 500 F Cfa, ce qui veut dire que je dois 10 500 F Cfa. Ce que j’ai refusé en leur disant de reprendre leur 7 000 F Cfa. J’ai rallié ce combat avec Jean Pierre Faye qui a créé le groupe Watshap pour combattre les crédits et j’ai vu le témoignage des victimes avec des prêts jusqu’à 30 000 F Cfa. Si on te donne 11 000 F cfa, tu y ajoutes 5 000 F Cfa. C’est par étape pour la première, c’est 7 000, la deuxième 9 000 F Cfa et la troisième est 11 000 F Cfa. Tu y rajoutes plus 5 000 F Cfa. Si tu dépasses 6 jours, tu dois ajouter chaque jour, 600 F cfa. Je pense que c’est trop pour un crédit. Les gens en souffrent et si tu n’es pas en mesure de payer, on t‘oblige un prolongement de 4 700 F Cfa ce jour-là pour prolonger la dette d’une semaine. Si tu dois payer 10 500 F cfa, on rembourse chaque semaine et les 4 700 F Cfa ne comptent pas. Il y a quelqu’un qui a fait 4 remboursements car il leur devait juste 13 000 f Cfa qu’il ne pouvait pas payer intégralement. Il faut faire 4 prêts pour bénéficier de 30 000 F cfa de crédit. Il y a un surplus de 4 500 F Cfa ou 5 000 Fcfa. Certains veulent atteindre les 30 000 f Cfa mais il faut 5 prêts successifs.
Comment les victimes vivent leur harcèlement pour être remboursés?
Ces crédits en ligne commencent à tuer des gens. Certains sont devenus accros en empruntant tous les jours. Le prolongement de la dette pose vraiment problème. Ils vont t’appeler chaque jour pour te harceler. Ils ont fait beaucoup de mal car certains ont perdu leur travail et ils ont même brisé des couples et des familles. Leur modus opérandi est d’appeler tous tes contacts pour leur dire que tu leur dois de l’argent. Moi, ils ont appelé ma petite sœur en lui disant qu’Aminata est venue à notre banque pour nous emprunter de l’argent, et a donné ton numéro comme garant. Ma sœur a paniqué et j’étais étonnée d’autant plus que c’était un dimanche et elle m’a dit que ce sont gens de la sous-région (Niak) qui l’ont appelé. On a appelé ma mère et heureusement mon entourage a compris quand je leur ai expliqué, mais tel n’est pas le cas pour beaucoup à qui, leur entourage leur en veut. Il y a une femme dont le mari a récupéré son téléphone pour de bon et elle a quitté le groupe.
Etes-vous prêts à aller jusqu’au bout de votre lutte?
Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout et nous n’allons rien laisser et aucun détail ne sera épargné. Nous irons à la brigade de cybercriminalité car ils ont tes données de même que ton répertoire. Ils ne laissent rien de même que tes appels entrants et sortants. Tout ce qui est privé dans ton téléphone, ils te le montrent pour te menacer si tu ne rembourses pas et c’est de l’intimidation. Au Sénégal, dès qu’on entend le nom de Banque, ils ont peur. Ils n’ont pas de siège et la personne qui te parle au bout du fil ne s’identifie pas. Ils sont dans le noir et il ne décroche jamais leur téléphone.
NGOYA NDIAYE,
Source: Rewmi