lundi, avril 29, 2024

Assises des médias – Le discours inaugural et Magistral de Matar SYLLA, Dg Label TV, Ancien DG de la RTS

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L’objectif qui nous réunit à compter de ce jour, pour les 3 prochains mois, est de définir une vision globale à moyen et long terme, afin, d’une part, de faire du secteur de l’information et de la communication un levier stratégique dans le processus de consolidation de la démocratie, pour le renforcement des valeurs de paix, d’unité et de solidarité nationales ; et d’autre part de l’ériger en pôle économique à valeur ajoutée, pourvoyeur d’emplois non précaires.

Je voudrais exprimer ma gratitude à l’ensemble de la corporation et des organisations qui la constituent pour l’honneur qui m’échoit de faire ce discours inaugural.

Dans un pays ou les compétences dans tous les secteurs font légion, j’y vois essentiellement un préjugé favorable.

Mesdames, Messieurs,

Chers invités et participants, chers consœurs et confrères

Cette maison de la presse où nous procédons aujourd’hui au lancement des assises des médias du Sénégal, porte le nom d’un de nos ainés, frères, amis qui laissera à jamais son nom gravé dans les annales, non seulement de la communication au Sénégal mais de son évolution démocratique et de son développement économique.

Babacar touré a été, en pionnier, de tous les combats pour la défense des intérêts des acteurs du secteur médiatique et bien au-delà du Sénégal en tant qu’éditeur, employeur , régulateur non seulement audiovisuel mais social et politique.

Une pensée pieuse et reconnaissante à lui et à tant d’autres qui restent dans nos mémoires et nos cœurs.

Mesdames, Messieurs,

C’est une lapalissade de constater et de dire que l’espace médiatique mondial est en totale et permanente mutation.

L’Afrique n’échappe pas aux tendances marquantes de cet environnement médiatique international caractérisé notamment par :
le passage du monopole à la libéralisation organisée ou « de facto »
• le passage de l’unicité à la multiplicité des supports ainsi qu’à leur convergence numérique
• le passage du national au transnational global , delocalisé et de proximité avec la VOD, la TNT, la DAB
• la prédominance progressive de l’usage d’internet et des réseaux sociaux

À travers tout le continent se dessine une nouvelle configuration médiatique, à la faveur d’une combinaison de divers facteurs : les innovations technologiques, l’éclatement des frontières géographiques, les effets des processus démocratiques, l’évolution de l’environnement institutionnel , l’émergence de nouveaux acteurs de divers backgrounds, horizons et motivations, à la fois consommateurs et fournisseurs de contenus, la mise en place d’institutions de régulation, d’autorégulation et de formation …

Depuis windhoek 1en 991 et le colloque radio de bamako en 1993, repères parmi les plus significatifs, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et beaucoup de nouveaux ponts ont été établis.

Plus d’une décennie après ces initiatives, le pluralisme des journaux et le pluralisme radiophonique et aujourd’hui électronique et télévisuel sont consacrés dans la plupart des états.

Les quelques 1 000 chaînes ou signaux de télévision, les milliers de quotidiens, les milliers d’hebdomadaires, les milliers de sites, blogs, comptes , plateformes et portails tous formats et toute nature du continent l’illustrent éloquemment.

Les centaines de chaînes sur satellite et sur la TNT ont fini de démontrer l’accession de l’Afrique à la citoyenneté multimédia universelle.

En effet, à côté des acteurs traditionnels du service public, de nouveaux acteurs sont entrés dans les foyers, faisant une irruption autorisée, souvent non autorisée, non organisée, non transparente, quelquefois ou presque toujours tolérée, instaurant de nouvelles habitudes de consommation, mettant sur le fait accompli les organes chargés de la régulation du secteur.

En tout état de cause, l’impréparation à une situation nouvelle semble être, à quelques exceptions près, le dénominateur commun.

En dernière analyse, le degré d’ouverture démocratique d’un pays conditionne le niveau de libéralisation des médias qui n’échappent pas au contexte démocratique global d’un pays déterminé.

Tout cela a des incidences sur l’organisation des médias. c’est ainsi que force est de constater la multiplication des acteurs, organes et supports, la variété des situations et statuts juridiques et réglementaires qui ne sont pas forcément synonymes d’indépendance accrue, de viabilité, de responsabilité, de professionnalisme.

Aujourd’hui au Sénégal, ces tendances marquantes se sont traduites concrètement par l’émergence de nouveaux acteurs et supports, la multiplication des initiatives, projets et programmes médiatiques publics et prives, nationaux, régionaux et internationaux accessibles à portée de doigt, j’allais dire de smartphone.

Cette nouvelle donne a rendu plus visible et fondamental le rôle des médias dans la consolidation de l’état de droit, de la démocratie et du développement. Elle s’est accompagnée d’un cortège de risques, pratiques et activités en contradiction avec les impératifs du professionnalisme.

L’accroissement et la diversité de l’offre médiatique au Sénégal ont impulsé la redynamisation du mouvement associatif au sein de la corporation. Ainsi, pour mieux faire face aux défis auxquels elles sont confrontées, ces organisations faitières ont mis sur pied, en 2016, un cadre unitaire d’actions dénommé coordination des associations de presse (cap) qui est la maîtresse d’œuvre de ces assises.

C’est dans ce contexte général qu’un certain nombre d’initiatives, de projets, programmes et institutions se sont développés au cours des dernières années pour faire face à de nouveaux défis et répondre à de nouvelles exigences professionnelles, économiques et démocratiques.

Secteur d’accompagnement transversal par excellence pour tous les autres secteurs de la vie nationale, les médias sont une nourriture que chacun et tous , nous consommons au quotidien et qui doit être au cœur de toutes les dynamiques sociales, politiques , économiques et culturelles.

Pour ce faire, il s’agit, à travers une approche méthodique, de conduire les assises dans la perspective d’une meilleure organisation et d’un fonctionnement optimal, harmonieux et dynamique des médias, à tous les niveaux, en s’adaptant aux exigences nées des mutations technologiques modernes, du pluralisme, de la liberté et de la responsabilité.

Six commissions permettront d’aborder toutes les questions inhérentes au secteur avec des objectifs stratégiques pour des résultats attendus réalistes et pertinents :

• institutionnel/juridique/réglementaire/régulation/autorégulation.

• sécurité du travailleur – respect des conventions – protection sociale

• contenus, supports, enjeux et outils, numérique et convergence
• viabilité économique et financement des médias

• formation et renforcement des capacités

• sécurité et protection des professionnels des médias

Mesdames, Messieurs,

Dans un monde où la communication est synonyme d’opportunités, de ressources, la constante est la récurrence des problèmes. On est loin de ce meilleur des mondes, le « BRAVE NEW WORLD » de Georges Orwell.

Permettez-moi de noter, entre autres :

  • la mutation des médias dits d’etat en médias de service public qui du fait de leur mission, rôle, attributions, mode de financement doivent être perçus comme des ressources nationales, communes, à partager, comme de véritables institutions culturelles et sociales au service de l’intérêt général, à l’abri des soubresauts et contingences politiques, bref des outils de service public au sens du droit administratif

 

  • la disproportion entre les missions assignées et les moyens nécessaires qui pose la mise en place de systèmes cohérents de financement/ par divers moyens à définir. Il convient de souligner les efforts ces dernières années notamment pour la RTS dont le financement a fondamentalement progressé pour l’APS qui, faut-il le remarquer est en pleine et remarquable évolution

 

  • la réduction de fait de la part de l’assiette publicitaire de chaque opérateur vu le nombre croissant d’acteurs et le recours du secteur public et du secteur privé aux mêmes sources publicitaires

C’est le lieu, ici et maintenant, d’évoquer la question de l’élaboration et de l’adoption du code de la publicité. Sa conception requiert que toutes les parties prenantes soient consultées, impliquées sans que la part belle ne soit attribuée d’avance a une quelconque d’entre elles.

Les supports que nous sommes doivent être partie prenante intégrale du processus d’élaboration consensuelle dudit code à l’instar de la démarche du CNRA pour l’établissement de diverses conventions.

Parmi la panoplie des problèmes, il convient d’ajouter  :

l’insuffisancee d’une véritable production nationale en qualité et en quantité, répondant à des besoins identifiés et basés sur des résultats de recherches et études d’auditoires à partir de nos propres méthodes, approches et réalités en sciences sociales
la faiblesse relative d’un réseau national significatif de producteurs bien accompagnés, qui font partie intégrante du paysage face à la tendance à produire tout en interne sans « outsourcing »
• la fragmentation des auditoires qui ont accès à d’autres signaux, plateformes et contenus
• le dévoiement des annonceurs vers d’autres supports notamment internationaux en concurrence directe sur notre territoire sans que la réciprocité soit vraie
• les difficultés de toutes sortes pour les entreprises privées et son corollaire : la précarité des situations sociales des personnels
• l’insuffisance ou la limitation des investissements privés dans les médias où il est question de survie plutôt que d’un hypothétique retour sur investissement
• la nécessité de renforcement des mécanismes et structures d’appui publics directs et indirects notamment la représentation et les prérogatives du Fonds d’Appui au Développement de la Presse
• la persistance de résistances et freins à l’accès à l’information
• des relations souvent heurtées entre professionnels des médias et forces de sécurité évoquées par divers confrères
• la concentration des médias avec une dérivation du monopole public vers le monopole privé
• la question de l’indépendance réelle des médias et de sa relativité

Après un tel constat, quelles réponses ? quelles opportunités ? quelles stratégies ?

Comme avec une pyramide, la base du système est pour une architecture institutionnelle, juridique solide et transparente. C’est ma conviction par déformation académique sans doute en tant que juriste, d’autant plus que mon promotionnaire le Pr. Agrégé Abdoulaye Sakho, ici présent, m’a associé pour dispenser des cours du Master Professionnel de la régulation à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Le droit à l’information plurielle, à la liberté d’expression sous ses diverses formes est garanti par les différentes constitutions nationales, certaines déclarations et des principes internationaux à caractère universel. Par conséquent, le régime de la presse, est fixé par la loi qui instaure un régime de liberté.

La quasi-totalité des chartes modernes des droits prévoient la protection du droit à la liberté d’expression, qui est reconnu comme l’un des droits les plus importants.

« La liberté d’expression conditionne l’exercice de tous les autres droits » disait Robert Badinter dans « Le Monde hors-série » de mars 2015 .

Dans certains cas, la liberté de la presse ou des médias n’est pas mentionnée explicitement, mais se trouve dans le cadre de la garantie générale de la liberté d’expression, alors que dans d’autres cas la protection de la liberté des médias bénéficie d’une reconnaissance explicite.

C’est le cas du Sénégal à l’ article 8 de la constitution qui édicte :

« La république du sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Parmi ces libertés et droits sont notamment énumérées: les libertés civiles et politiques : liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté de la presse, les libertés culturelles, le droit à l’information plurielle »

L’article 10 renchérit :

« Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public. »

Et de poursuivre à article 11 :

« La création d’un organe de presse pour l’information politique, économique, culturelle, sportive, sociale, récréative ou scientifique est libre et n’est soumise à aucune autorisation préalable. le régime de la presse est fixé par la loi. »

L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.

Il existe donc des limites & exceptions relevant de divers ordres et natures

• les exceptions spécifiques statutaires : touchant au statut particulier des personnes (devoir de réserve, par exemple)
• les exceptions relatives à la nature des informations concernées (secret médical, secret défense)
• les exceptions générales : le secret professionnel, le secret des affaires et le secret défense les limites personnelles imposées par soi-même, par l’ autorégulation ou la ligne éditoriale).

Ce qui reste constant ce sont quelques fondements, repères et référentiels :

Le droit international n’accorde pas aux états la latitude de décider de quelle manière ils peuvent restreindre la liberté d’expression car cela équivaudrait à priver de son sens la protection internationale dont ce droit fait l’objet. en effet, si chaque gouvernement pouvait imposer à sa convenance n’importe quelle limitation à la liberté d’expression, ce droit se trouverait totalement vidé de sa substance. au contraire, le droit international prévoit un contrôle strict auquel toute restriction de la liberté d’expression doit être soumise à un contrôle qui est décrit à l’article 19(3) du pidcp, pacte international relatif aux droits civils et politiques

• a. la restriction doit être fixée par la loi.
• b. l’objectif de ladite restriction doit correspondre à l’un des motifs bien precis et cités aux paragraphes a) ou b) de l’article 19(3)
• c. la restriction doit être nécessaire à la protection de ce motif.

Le principe 12 des principes de johannesburg (1995) constitue une autre ligne directrice :
« Un état ne peut pas systématiquement refuser l’accès à toute information concernant la sécurité nationale, mais doit préciser dans la loi les catégories précises et étroites d’information qu’il est nécessaire de ne pas divulguer pour protéger un intérêt légitime de sécurité nationale ».
En outre, en vertu du principe 15 :
« Nul ne peut être condamné pour des raisons de sécurité nationale pour la divulgation d’information si

(1) la divulgation ne porte pas atteinte ou n’est pas susceptible de porter atteinte à un intérêt de sécurité nationale,

ou si
(2) l’intérêt public de connaître cette information est plus important que les dommages liés à sa divulgation. »

Dans un tel contexte les démêlées récentes et fréquentes d’organes et de journalistes avec l’état et la justice auraient pu et peuvent être évités en usant de leviers sur lesquels je reviendrais.
Quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise, l’emprisonnement de journalistes est encore et toujours mal perçu par une partie de l’opinion nationale et internationale.
Quel que soit le crédit que l’on accorde ou pas à « reporters sans frontières », les publications de l’organisation sont consultées, analysées et prises en compte à divers niveaux et structures, y compris par les investisseurs.

C’est l’un des baromètres de la démocratie. C’est aussi et surtout une question de perception.
Les suspensions d’organes, les procès , condamnations, arrestations de journalistes sont perçus comme autant de restrictions à la liberté d’expression quels qu’en soient les motifs.
Au-delà de la perception et au nom de nos valeurs sociales, de nos croyances, de notre foi en partage, je voudrais demander avec déférence et humilité au chef de l’état, S .E le Président Macky Sall, d’user de sa magnanimité et de tout ce qui est en son pouvoir, en tant que clé de voûte des institutions, pour trouver une issue bienveillante à la situation que vivent les professionnels et collaborateurs des médias en détention ou sous condamnation judiciaire.
Mais comment anticiper et éviter ces situations ? Comment mieux organiser notre espace médiatique ?

il est important de veiller à établir des règles principielles et impersonnelles au nom de la démocratie, de la transparence, de la bonne gouvernance, du droit et du devoir d’informer

Des principes généraux essentiels sont à renforcer:

– la réaffirmation comme principe constitutionnel de la liberté absolue de création d’un organe de presse

– les principes de diversité culturelle et linguistique, de liberté de conscience et de respect des convictions religieuses, de non-discrimination, et du respect en général des droits de la personne humaine doivent être consacrés par la loi et scrupuleusement respectés.

– la pleine considération de la carte de presse

Mes 41 ans dans la profession dont 31 ans de direction générale et de leadership au niveau public et privé, national et international, ne m’ont pas soustrait à cette formalite d’obtention de la carte de la presse, comme je m’y étais soumis sous d’autres cieux

– une autorité indépendante de régulation adaptée aux exigences du présent et du futur, habilitée à délivrer, au nom de l’etat les autorisations d’exploitation aux opérateurs du secteur privé après avis technique de l’agence chargée de la régulation des télécommunications

Une telle option met fin à la situation ou l’etat, détenteur de tous les droits, les concède à titre discrétionnaire. la solution idéale consiste à renforcer l’ organe indépendant qui se substitue à l’etat, pour une concession plus transparente de ces droits aux opérateurs du secteur privé dans les conditions prévues par la loi.

Quelle composition , quel fonctionnement, quelles prérogatives de l’autorité de régulation audiovisuelle ?

Divers scenarii sont possibles et seront examinés et proposés

L’apparition de nouveaux circuits de création, de production, de distribution et de diffusion, l’informatisation, la diversification des métiers, la convergence des technologies dans uN paysage global de plus en plus ouvert et adossé à des technologies de plus en plus souples, accessibles et évolutives, change fondamentalement la donne. la pratique des métiers change, la manière de faire n’est plus la même avec des structures intégrées, offshore, dotées de moyens , cumulant à travers des départements spécialisés l’audiovisuel, les télécommunications et l’informatique.

• un renforcement des pouvoirs de coercition du CORED et des mécanismes d’anticipation, de saisine et de règlement des différends comme structure de première instance. Le tribunal des pairs renforcé dans ses moyens, accompagné par des experts de divers domaines et profils peut aider à anticiper, à prévenir, à corriger, à orienter , a apaiser et à professionnaliser davantage en veillant scrupuleusement aux règles éthiques et déontologiques.

Je voudrais formuler des propositions concrètes à l’endroit de diverses parties prenantes.

ETAT – POUVOIRS PUBLICS

Aujourd’hui, la libéralisation répond à des impératifs de développement, à des défis et demandes multiples d’ordre social, démocratique, éthique, déontologique et économique conformément a l’esprit et a la lettre de toute constitution consacrant les libertés publiques et de la personne humaine, les droits économiques et sociaux et les droits collectifs.

Tout pouvoir public, soucieux de veiller a l’effectivité de ces droits et conscients des multiples enjeux, du dynamisme et des effets structurants de la communication doit marquer ainsi sa volonté de créer un cadre nouveau propice à la coexistence et au développement harmonieux du secteur public et du secteur privé avec des règles claires et applicables à tous les opérateurs.

Ces règles qui marquent le souci d’une rationalisation du paysage médiatique national se fondent sur des principes institutionnels et des objectifs fondamentaux que sont :

• La liberté comme principe directeur
• L’accomplissement de formalités d’autorisation ou de déclaration des activités visées par la loi.
• L’institution d’une autorité indépendante de régulation a compétences élargies
• L’élargissement des attributions et pouvoirs de la structure d’autorégulation
• La mise en place d’un cadre juridique efficace, transparent, garantissant la liberté de la communication et favorisant une concurrence loyale entre les divers opérateurs au bénéfice du public.
• La prévention des concentrations et abus de position dominante
• L’égalité de traitement des opérateurs et des usagers et la non-discrimination
• L’application de sanctions pout tout manquement aux dispositions légales et réglementaires
• La nécessité d’une prise en charge accrue des problèmes culturels et des cibles fragiles et sensibles ; enfance, handicapés, personnes âgées
• La ferme volonté de stimuler l’émergence d’une production audiovisuelle nationale suffisante et de qualité pouvant contribuer à l’essor des industries culturelles
• L’émergence et le développement d’informations , de programmes et services contribuant à l’éducation, à l’épanouissement culturel, scientifique, moral, social et économique du public.
• La fourniture d’un service et d’une offre médiatique de qualité à tout le public sur l’ensemble du territoire national, dans les langues principales.
• La création d’emplois et de nouveaux métiers directement ou indirectement liés au secteur
• Un statut valorisant pour toutes les catégories de personnels, tenant en compte les exigences et contraintes d’un secteur h24, 365 ou 366 jours l’an.

Je pense en particulier à tous ces jeunes qui ont la passion des médias, qui ont choisi ce métier oh combien exaltant mais avec ses risques.

je pense a la multitude d’opportunités qu’offre le secteur dans toutes ses ramifications, dans tous ses démembrements et qui peut absorber beaucoup de demandeurs d’emplois, avec l’assistance de l’état, sous la forme de contrats plans et divers autres mécanismes.

OPÉRATEURS :

Les opérateurs des médias doivent respecter le principe d’égalité de traitement du public, de pluralisme et de non-discrimination.

Ils doivent publier les tarifs relatifs à la publicité et veiller a leur application sincère et effective.

Ils doivent élaborer et faire appliquer des règles déontologiques internes inspirées des us des professions tant journalistiques qu’artistiques et autres liées à l’activité principale de l’entreprise, des principes des lois régissant les organes de la communication et les professions de journaliste, technicien et assimilés ainsi que toute charte élaborée par les structures professionnelles chargées de l’éthique et de la déontologie.

Ils doivent veiller à la vérification de l’information, à son honnêteté, au respect des droits de la personne, en particulier de la vie privée, de l’honneur et des intérêts des cibles dites sensibles.

À défaut de nommer un médiateur, la structure d’autorégulation pourrait être dotée des moyens nécessaires et servir d’interface entre les diverses structures et le public.

La réflexion devra également porter sur les dispositions anticoncentration :

De manière à limiter la concentration des pouvoirs économiques sur une même catégorie de services ou sur l’ensemble du système médiatique, quelques règles ne devraient-elles pas être applicables ?

• Le nombre d’autorisation (s) / licence (s) par type d’exploitation pour tout opérateur, personne physique ou morale ?

• La prise de participations financières pour une même personne physique ou morale de plus de 50% dans plus de deux sociétés ou entreprises titulaires d’autorisations différentes ?

• La détention par des étrangers de plus de 50% des actions d’une société ou entreprise titulaire d’une licence. ?

S’AGISSANT DU FINANCEMENT

Le service public doit être financé principalement sur les fonds publics et sur une redevance audiovisuelle avec diverses formules possibles, cumulatives du reste.

Le niveau de financement public doit couvrir les charges relatives aux mandats des entités du secteur public. Une telle disposition permettrait de déterminer des quotas de financement public et de recettes publicitaires classiques et revenus divers. Un juste équilibre doit être trouvé entre le droit du secteur public à ouvrir ses espaces et générer des revenus publicitaires et l’objectif de renforcement des moyens du secteur privé qui accomplit également des missions de service public.

CONCERNANT LES DISPOSITIONS RELATIVES À L’INFORMATION

L’opérateur audiovisuel titulaire d’une licence/autorisation doit assurer l’honnêteté et le pluralisme de l’information.

Les émissions d’informations, sous toutes leurs formes (journaux, reportages, magazines, talk-shows,…) doivent respecter les principes d’expression pluraliste et d’équilibre entre les divers courants d’opinion et diverses familles de croyances et de pensée.

Dans le contexte actuel de plus de 300 partis, il est a priori difficile de trouver la formule magique permettant une présence plurielle et rotative des partis politiques mais des approches thématiques peuvent être des formules utiles et régulières a expérimenter notamment au niveau du secteur public.

Les rencontres et évènements statutaires et majeurs doivent bénéficier de couvertures.

Les opérateurs audiovisuels publics et privés assurant une diffusion publique et non cryptée de leurs programmes doivent s’abstenir de diffuser des émissions dont le contenu et la nature portent atteinte aux us, coutumes, traditions et bonnes mœurs, notamment à la pudeur des enfants, adolescents et personnes âgées. Les émissions incitant à la violence, à la discrimination sont à proscrire.

Les opérateurs du service public sont tenus d’assurer un service minimum de l’information les jours de grève au nom du principe de la continuité du service.

Les opérateurs audiovisuels publics et prives doivent satisfaire les obligations prévues aux cahiers des charges en matière d’informations générales.

L’obligation d’informer le public s’exerce dans le respect des droits des personnes privées notamment le respect a la vie privée et des droits a l’image.

Les médias ont le droit d’accès égal a l’information indépendamment de leur support et leur nature juridique au nom de la liberté d’information et de rendre compte des manifestations publiques autres que sportifs nécessitant l’acquisition de droits. Cette question mérite également discussion afin d’éviter les conflits éventuels, de trouver un modus operandi pour les évènements majeurs et fort prisés par le public.

La liberté de l’information est également soumise à des restrictions en matière de secret de l’instruction en matière pénale, de sécurité et de défense nationales, de prévention du crime, de protection de la santé ou de la morale.

POUR LE FINANCEMENT DE LA PRODUCTION

Les divers fonds d’aide doivent évoluer à la hauteur de nos ambitions et stratégies médiatiques. Ils doivent être financés par l’état mais aussi par des contributions, dons, legs volontaires de personnes physiques et morales, publiques et privées, déductibles des impôts pour un pourcentage à fixer selon les règles requises.

À hauteur de 1% du budget national il couvrirait tant le financement des structures publiques que les activités et projets énumérés, changeant progressivement et fondamentalement la donne médiatique.

Il pourrait même englober ce que j’appelle le projet de politique audiovisuelle extérieure qui sera proposé en détails lors des sessions ultérieures. Une telle décision permettrait de faire renaître des titres qui n’auraient jamais dû disparaître, à d’autres de qualité incontestable de se positionner au niveau panafricain et international. Je pense à « Nouvel Horizon », au « Cafard libéré », aux publications sportives dont le Sénégal est un champion en Afrique et même ailleurs , au nombre de titres quotidiens, à des magazines spécialisés comme « Réussir » etc. ; etc. Je pense à l’initiateur de la « REVUE DES TITRES », au quotidien, que tous reprennent dans les médias et groupes. J’ai nommé Mamadou LY qui, dès l’aube, nous alimente tous

Ce faisant, les dividendes sont multiples :

– la capacité de dépasser un certain « amateurisme » pour aller vers une véritable stratégie de performance économique, dans une logique et une stratégie d’émergence des industries culturelles ;

– l’entrée dans la modernité, par la maîtrise et l’exploitation des technologies émergentes et une claire perception du phénomène de la convergence et de son train d’opportunités

– la formation professionnelle et le renforcement des capacités dans un secteur à fort potentiel de création d’emplois ;

– la mise en place de réseaux de coopération à différentes échelles –locale, nationale, sous régionale et internationale ;

Mesdames, Messieurs,

Quid de l’incontournable question des réseaux sociaux ?

La notion de « réseau social – social network» a fait sa 1ère apparition dans un article de l’anthropologue britannique John a. banes en 1954 avant de se répandre largement dans les sciences sociales, en tant qu’ensemble de relations entre des entités sociales (individus – groupes) grâce à des équipements interconnectés qui servent à acheminer un flux d’informations autour des mêmes centres d’intérêt.

Ces médias alternatifs sont ancrés, incrustés dans le paysage médiatique à la faveur de la culture numérique d’une population africaine dont 77% ont 35 ans et moins.

Même les médias classiques s’y adaptent et y développent des contenus et nouveaux formats médiatiques. L’écran est devenu portatif, mobile, smart et intelligent

Dominique Wolton et Louis Lepigeon le présageaient à la fin des années 70 dans un texte pour le moins prémonitoire, déplorant les insuffisances prospectives des entreprises de presse en France.

C’est le règne de l’information en ligne, citoyenne, participative, caractéristique d’un nouvel écosystème qui amuse, dérange avec ses activistes, dissidents, son caractère personnalisé, participatif et partagé.

Il faut prendre fait et connaissance qu’aujourd’hui, il est possible d’utiliser et de créer l’information partout et tout le temps avec des appareils mobiles et puissants permettant le « Breaking news », l’immédiateté du traitement des informations par des journalistes nomades que sont potentiellement tous les détenteurs de smartphones.

WhatsApp, Facebook, Twitter, You tube, Tik tok , Instagram et autres sont devenus le point de convergence de publics avides d’actualités, d’information, et parfois de rumeurs, de sensationnel, de buzz avec son lot de « fake news » au sens anglais « truqué » , cher Ibrahima Sané, plutôt que « faux ».

Comme pour les maladies silencieuses, il faut apprendre à vivre avec.

La censure, les interdictions contournables du reste, n’y feront rien.

Je voudrais, à ce stade, envisager quelques pistes de positionnement du Sénégal dans quelques domaines clés où concentrer nos réflexions et énergies :

À l’instar d’autres pays du continent, le Sénégal gagnerait à se positionner sur le terrain des mesures et analyses d’audiences.

Le lancement d’un nouveau service de mesure de l’audience avec des informations sans précédent sur les habitudes de plus de 300 millions des téléspectateurs s’est fait en Afrique de l’Est. la plus grande plateforme de sondage mobile en temps réel au monde a lancé son service de mesure d’audience à nairobi (kenya) et a offert les premières côtes d’audience tv quotidiennes jamais réalisées dans plusieurs marchés africains. le nouveau service de geopoll comble une lacune essentielle dans les études de marchés, fournissant des données d’audience tv dans le jour qui suit, et ce à commencer par 5 pays au départ dont le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la Tanzanie et l’Afrique du sud.

L’économie numérique africaine vaudrait 712 milliards $ d’ici 2050, soit 8,5 % du PIB continental. un secteur porteur qui justifie la mise en œuvre d’initiatives pour la transformation numérique dans plusieurs pays d’afrique. Une aubaine à saisir !

Le projet du parc numérique de Diamniadio que vous avez visité récemment , Monsieur le Ministre, entre parfaitement dans cette perspective.

Autre secteur à enjeu : la distribution et la commercialisation des chaînes :

L’Afrique, pourvoyeuse de contenus ne peut être absente de cette activité lucrative et pour laquelle , elle constitue un marché porteur. S’il est vrai que la sud-africaine Multichoice figure parmi les principaux opérateurs, il nous faut développer nos propres plateformes et aller à l’assaut de tous les publics.

Mesdames, Messieurs,

Le présent et l’ avenir : ce sont les industries culturelles !

La culture est un élément fondamental de la vie de chaque individu et de chaque communauté. l’un des principaux buts du développement est l’épanouissement de l’homme.

En lançant la «décennie mondiale du développement culturel» en janvier 1988, Mr Javier Pérez de Cuéllar, alors Secrétaire Génértal des Nations Unies, avait fait observer que «les efforts en faveur du développement avaient souvent échoué, parce que de nombreux projets de développement avaient sous-estimé l’importance du facteur humain, cet écheveau complexe de relations et de croyances, de valeurs et de motivations, qui est au coeur même d’une culture».

La politique de développement culturel doit donc être centrée sur l’homme et enracinée dans la culture de notre peuple. c’est pourquoi la dimension humaine et culturelle doit être centrale dans les politiques publiques et imprégner tous les secteurs et se refléter dans tout projet ou programme de développement, ce qui nécessite une vision multisectorielle des orientations stratégiques des politiques culturelles, les médias en étant à la fois une composante et un catalyseur.

En effet, la « convention de l’unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles », entrée en vigueur le 18 mars 2007, réaffirme l’importance du lien entre culture et développement.
L’article 2 alinéa 5 de la convention, en posant le principe de la complémentarité des aspects économiques et culturels du développement vient ainsi rappeler qu’il ne peut y avoir développement économique sans développement culturel.
Cela justifie la légitimité des puissances publiques à intervenir dans le champ plus spécifique des industries culturelles, à savoir un secteur relevant pleinement de l’économie marchande ou du tourisme. faire se rencontrer les enjeux économiques et la diversité culturelle apparaît comme essentiel pour conduire une stratégie moderne de l’action publique qui réponde au mieux aux ambitions culturelles légitimes des collectivités en cohérence avec la réalité du monde d’aujourd’hui.

Mesdames, Messieurs,
Il nous faut de nouvelles approches qui intègrent davantage la dimension économique de la culture.
Le concept de développement durable innove dans l’approche du développement, par l’optimisation des dynamiques fonctionnelles des fondamentaux culturels des communautés de base, où le rapport de l’homme à la nature, caractéristique de la culture, recèle les aptitudes à la gestion et à la sauvegarde des ressources communautaires, gestion qui fonde l’action participative des populations à leur propre développement.

Cette approche novatrice induit une politique culturelle articulée sur les objectifs d’un développement durable et humain et sur une vision d’une gestion de proximité, émancipatrice d’un processus d’accroissement des potentialités de communautés de base, ce qui implique la déclinaison de la politique culturelle nationale en politiques locales de développement culturel.

Les interactions entre culture et développement, révèlatrices de la dimension économique de la culture, sont illustrées dans l’économie de la culture, dans laquelle les activités se développent dans un ensemble de facteurs économiques fondamentaux, générateurs de valeur ajoutée et d’emplois.

Les industries culturelles, qui sont les outils du secteur de l’économie de la culture, permettront la mise en oeuvre des orientations stratégiques de la politique culturelle, par des articulations intersectorielles, dans une vision intégrée des objectifs et des moyens. Comme par exemple le développement de pôles de branches d’industries culturelles regroupant: les programmes de sauvegarde des sites et monuments historiques, de sauvegarde et de valorisation des savoir-faire traditionnels, des technologies endogènes, avec le programme de développement touristique, avec ses effets multipicateurs en termes d’infrastructures; les programmes d’acquisiton de manuels scolaires et de matériel didactique, avec le développement de l’industrie de l’édition; le développement de l’audiovisuel, qui a un fort potentiel de création d’emplois et de valeur ajoutée, avec la politique d’insertion des jeunes et d’appropriation des nouvelles technologies, etc.

Le plus grand défi que l’humanité est appelée à relever consiste à adopter de nouvelles formes de pensée, de nouveaux modes d’action, de nouvelles manières de s’organiser en société.

La mondialisation a développé un phénomène de conflits de valeurs caractérisé par la prégnance des effets d’aculturation générés par les produits véhiculés par les moyens de communication de masse, qui suppriment et redimentionnent les espaces culturels; développent une logique d’exclusion et de marginalisation de tous ceux qui ne disposent pas d’outils de régulation de cette logique.

Face à ce phénomène, notre pays, par une approche structurante de développement d’industries culturelles, peut et doit renforcer ses moyens d’accès et de présence continue dans les espaces d’expression et d’affirmation des identités culturelles, par une optimisation de nos atouts majeurs dont:

– un patrimoine culturel national riche et diversifié, facteur de différentiels attractifs dans la créativité et les contenus de biens et services;

– un fonds local de ressources humaines de qualité, garant d’une capacité d’adaptation aux exigences de créativité et de qualification professionnelle induites par les techniques et les technologies émergentes;

– une communauté sénégalaise et africaine, disséminée à travers le monde, qui est vecteur dynamique pour la promotion de la diversité culturelle africaine.

L’approche consiste à asseoir une interaction et les imbrications nécessaires avec l’industrie de la création et de l’intelligence (industries culturelles, jeux, jouets, édition), le tourisme (artisanat d’art et divers produits d’exportation et d’identification), les sports et loisirs (traditions – patrimoine), la diplomatie et le rayonnement international, les TIC.

Ces différents secteurs, à structurer en grappes d’unités de production, illustrent le potentiel économique de la culture.

La recherche d’interactions vise à donner plus de cohérence et à développer des économies d’échelles .

La culture devient ainsi un moyen d’expression plurielle et en même temps de prise de conscience de l’appartenance à une communauté, d’unification.

Il s’agit d’un vaste chantier de politique de développement culturel.
l’approche sera innovante et structurée autour des objectifs d’action et des axes prioritaires dont:

– le renforcement des capacités créatrices des acteurs culturels;
– la promotion des identités culturelles;
– la valorisation des savoir-faire et des technologies endogènes
– le développement d’une masse critique d’industries culturelles, à fort potentiel de création d’emplois et d’innovations technologiques.

L’accent serait mis sur les axes prioritaires suivants:

– la création d’infrastructures et de structures pour la promotion des artistes;
– la formation de spécialistes dans les nouveaux métiers de la culture
– le développement de pôles de développement de projets et programmes
intersectoriels, dans une vision intégrée d’objectifs, d’outils et de moyens.

Par ailleurs, il pourra être étudié la possibilité de la création, à l’instar des statuts des zones franches et des points francs, d’un domaine des industries culturelles une action pionnière en Afrique.

Le contexte de la mondialisation développe des effets d’aculturation générés par les produits de divertissement et de loisirs qui impactent les attitudes comportementales des enfants et des adolescents, des jeunes, confrontés à une problématique de corpus de valeurs de référence.

L’UNESCO a adopté lors de sa 32ème session en 2003, la «convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel». cette convention ratifiée par notre pays, met l’accent sur «la necessité de faire prendre conscience parmi les jeunes générations de l’importance du patrimoine culturel immatériel et de sa sauvegarde».

La démarche devra s’articuler sur le système éducatif formel et évolutif, par l’identification de pistes d’exploitation de la pédagogie et de la didactique des jeux africains dans les apprentissages. cette approche induit la production de matériels didactiques spécifiques, à inclure dans les politiques de développement de l’édition qui se trouve dans les « pôles prioritaires ».

La préfiguration et le développement d’une industrie africaine du jeu et des jouets est à notre portée, accompagnée par les « médias de la connaissance ».
Cela passe par la promotion, le cadre réglementaire, l’appui aux industries culturelles, les infrastructures culturelles, l’exploitation des accords de coopération bilatéraux et multilatéraux, la labellisation de produits culturels (exemple: les fixes sous verre – tapisseries), l’interaction culture/tourisme/diplomatie (relais par les ambassades– journées économiques et culturelles) etc.

La Côte d’Ivoire, par exemple qui ambitionne de devenir un hub d’entrepreneuriat dans le domaine des industries culturelles et créatives (icc) en afrique de l’ouest, compte plus de 600 entreprises actives dans ce secteur et va former 1600 jeunes dans les métiers des icc en les faisant sortir de l’informel. aujourd’hui l’état met en place des mécanismes pour les accompagner et les financer. Les ICC apportent au pays 143 milliards de FCFA.

Sur le même registre, Newzoo, entreprise spécialisée dans l’analyse du secteur des jeux vidéo, a publié ses prédictions 2023, caractérisees par une hausse des résultats. le secteur pourra compter sur l’émergence du Moyen-Orient et de l’Afrique dans les années à venir.

Selon les estimations 2023, le marché mondial du jeu vidéo générera 187,7 milliards de dollars cette année soit environ 112 000 milliards FCFA. Le nombre de joueurs devrait augmenter de 6 % dépassant les 3,38 milliards de personnes, tandis que le nombre de joueurs qui dépensent de l’argent pour se divertir sera en hausse atteignant le cap de 1,5 milliard de personnes.

La moitié de ces dépenses proviennent des États-Unis et de la Chine. pourtant, le pays asiatique est l’un de ceux qui régulent le plus son industrie du jeu vidéo. Le gouvernement chinois interdit à sa population d’avoir accès à certains jeux, notamment occidentaux. Les sorties sont très réglementées, il faut obtenir une licence, les mineurs ont des temps d’écrans limités…
À défaut d’un boulevard, n’est-ce pas là une piste à explorer et exploiter avec la lutte par exemple, non seulement en Chine mais aussi au Japon, pays du sumo ?
Et partout ailleurs car les goûts de consommation se forgent à défaut d’être innés.
Le marché asiatique reste le plus gros du monde, avec près de 85 milliards de dollars générés, loin devant celui de l’amérique du nord. le marché européen se classe troisième avec 34,4 milliards de dollars, tandis que le marché sud-américain et celui du moyen-orient et de l’afrique (mea) sont loin derrière avec respectivement 8,8 milliards et 7,2 milliards de dollars générés (4 320 milliards FCFA).

Que captons-nous ? que devons-nous faire ?

D’ici 2026, les spécialistes estiment que les revenus générés par le secteur du jeu vidéo atteindront 212 milliards d’euros soit 139 000 milliards FCFA pour près de 3,8 milliards de joueurs, une hausse qui s’expliquerait notamment par la croissance de la région MEA.

Elle a enregistré une hausse record du nombre de joueurs, la plus grande de l’année 2023 toutes régions confondues avec une augmentation de 12,3 % cette année, pour un total de 574 millions de joueurs.
De la même manière que le Nigéria , avec Nollywood, a pu se hisser en quelques années à la seconde place mondiale en matière de production audiovisuelle et cinématographique, derrière Bollywood (INDE) et devant Hollywood (USA), « the sky is the limit » (le ciel est la limite) si nous y croyons et mettons en place et en œuvre la stratégie adéquate et les moyens minimaux nécessaires (1% du budget national).

Le grand défi médiatique, culturel, industriel est par conséquent celui des contenus.
La stratégie idoine consistera à garder, élargir, attirer et fidéliser un public divers d’homo zappens, de plus en plus significatif ou encore de ceux que les anglophones appellent le « in-car population » (le monde automobiliste) avec les Dashboard (tableaux de bord) intelligents, combinant le son, et projetant textes et images et cerise sur le gâteau l’internet disponible a bord. dts autostage combine la diffusion radio and l’internet metadata, métadonnée en français qui est une « donnée qui fournit de l’information sur une autre donnée ».

Ce n’est pas après demain , c’est déjà aujourd’hui.

Google, en mai dernier a introduit un certain nombre de services et nouveautés conçus pour les voitures : la video conference, les jeux et youtube.
Tik Tok se fraie également un chemin dans l’automobile avec une version mise a jour du systeme d’info-divertissement personnalise du constructeur du véhicule.
Volkswagen, Audi et Porsche développent leur propre  in-car app store.
“Les vehicules se transformant en ce que le sociologue urbain americain ray oldenburg appelle ‘the third place’ — a home away from home, a separate place from home and workplace, one with a playful mood,” (le troisième lieu — une maison loin de la maison, un endroit séparé de la maison et du lieu de travail, un endroit avec une humeur ludique).
Le challenge essentiel sera donc de constituer et retenir le public le plus large possible avec des formats adaptés et évolutifs comme les productions pour la jeunesse ou les documentaires de création, les produits d’appels dignes d’intérêt et susceptibles de contribuer à l’œuvre de reconquête de nos publics et d’attraction d’un nouveau public, bien au-delà de nos frontières.

Cela nécessite une convergence de plusieurs facteurs:
• L’expression d’une volonté politique sans équivoque,
• L’existence et le renforcement de talents réels, la naissance de vocations qui permettent d’assurer la relève
• Des possibilités de formation nouvelles aux divers métiers de l’audiovisuel, offertes localement jusque dans les rédactions et services de production
• L’émergence d’une nouvelle vague de réalisateurs, vidéastes, scénaristes, agents technico -artistiques, créateurs de contenus, régisseurs et gestionnaires à identifier, accompagner et valoriser
• la prise en compte d’un public scolaire et universitaire de plus en plus connecté (jonction et initiatives fédérées avec les ministères et structures concernées)
• L’existence de cibles et autres niches: tourisme
• La diversification des supports et diffuseurs potentiels dont un e-marche
• L’existence de quelques expériences et initiatives porteuses en matière de festivals et rencontres culturelles
• Les possibilités et opportunités de jonction avec le secteur porteur de la musique
• L’enseignement artistique
• L’élaboration de règles de l’enseignement des matières artistiques dans l’enseignement primaire, secondaire; modalités de reconnaissance des établissements d’enseignement artistique et des diplômes
• L’édition avec le développement de l’industrie du livre et des ouvrages de jeunesse (bandes dessinées et produits dérivés)

Dans cette démarche, il est d’ores et déjà important d’intégrer l’intelligence artificielle qui s’affirme comme un nouveau moteur du développement dans la région africaine, a la fois comme puissant catalyseur de développement et ouverture de nouvelles perspectives.
selon le rapport de l’UNESCO intitulé « l’intelligence artificielle en afrique : progrès, défis et perspectives », : « il existe plus de 600 startups liées à l’ia en afrique, ainsi que 470 centres de recherche et laboratoires sur l’ia. aujourd’hui, les solutions basées sur l’ia sont très demandées en afrique dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’agriculture et de l’environnement. le développement de solutions de haute technologie et le soutien au développement de l’enseignement, de la science, des infrastructures, d’une réglementation souple et de l’éthique permettront d’améliorer qualitativement la vie des citoyens et de créer un environnement favorable à la croissance de l’économie et du secteur social du continent africain ».

Dans cette perspective , l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR) envisage d’organiser une rencontre internationale sur ce thème en 2024.

C’est pourquoi j’insisterais sur la formation pluridisciplinaire, sur le renforcement continu des capacités en ayant recours tant au dynamisme innovant de la jeune génération qu’au talent , au savoir-faire a la sagesse de doyens , seniors et icônes ayant des vécus quotidiens, des années d’expérience dans les médias , dans la production.

Mesdames, Messieurs,

Tous ensemble, nous pouvons susciter une visibilité et un rayonnement local et international dans une saine émulation.

Tous ensemble, nous pouvons et devons privilégier l’interaction, tisser la synergie nécessaire et mettre en place des mécanismes de collaboration qui seront les fondements de ces industries culturelles que nous appelons de tous nos vœux.

Dimanche, dernier, au deuxième jour du forum des médias des pays formant l’alliance brésil, russie, inde, chine et afrique du sud (BRICS), les participants ont planché sur le rôle des médias dans la formation d’un nouvel ordre mondial.
Ils ont souligné la nécessité de produire un narratif médiatique permettant de faire prévaloir la vision et le point de vue de ces cinq puissances émergentes dans la perspective de l’avènement d’un nouvel ordre international. Le Sénégal, l’Afrique ne peuvent être absents de cette dynamique.
Nous devons, nous aussi, exploiter toutes les potentialités et opportunités qu’offre l’économie médiatique, avec un ancrage local et une ouverture aux diverses aires géographiques et culturelles, notamment en direction des diasporas, ces contributeurs et régulateurs nationaux exceptionnels.
Nos atouts, la forte demande expresse ou latente en termes de divertissements et contenus originaux et pertinents, relayés à temps réel grâce au confort et aux technologies du 21°siècle, l’émergence d’une classe moyenne jeune, sont des éléments objectifs qui confortent la mise en place et l’exploitation d’un projet médiatique régional mobilisateur des professionnels et des investisseurs pour la satisfaction des audiences, des annonceurs et opérateurs économiques et qui contribuent au développement du continent.
L’Afrique, malgré les clichés est au devant de la scène internationale, sur plusieurs plans : sportif, culturel, politique, économique, institutionnel, sanitaire. c’est donc tout naturellement, dans le cadre de cette évolution plurielle, multiforme et démocratique, que notre continent est appelé à la fois à multiplier et à diversifier ses moyens de communication d’une part, à les fédérer et à les rendre plus visibles d’autre part.
Le Sénégal d’ici, de la diaspora, de ses élites et compétences à travers le monde, de ses artistes et créateurs, de ses sportifs, de sa diplomatie légendaire, de ses nombreux « gorgorlou », le Sénégal du capital humain a assurément une carte maîtresse à jouer en concevant une véritable stratégie médiatique extérieure dans un partenariat public- privé innovant, fédérateur et structurant.
De la même manière, cela est nécessaire au niveau de la presse avec des publications a vocation internationale.
Les professionnels africains et sénégalais en ont les ambitions, les talents et le savoir-faire et peuvent le réussir avec l’accompagnement décisif et pragmatique des pouvoirs publics et du secteur privé dans la paix et la concorde.
La paix tout simplement parce que là où elle est absente les médias sont parmi les premiers à en faire les frais.
Par atavisme, pour l’universitaire que je suis, qui a démarré sa carrière à ce qui est devenu l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), rien ne peut et ne doit justifier l’attaque contre une institution de formation panafricaine comme le CESTI, ou encore d’institutions universitaires qui sont un patrimoine national et panafricain. Ces biens, équipements et institutions, comme d’autres sont notre patrimoine commun, financé par des générations de contribuables sénégalais.
Dans un souci de décrispation, d’apaisement général du climat socio-politique dans notre pays avec ses incidences économiques immédiates ou futures, je voudrais demander également au père de la nation de rester fidèle à son esprit d’ouverture et de dialogue, de maintenir la main tendue à tous, de privilégier son credo en l’éducation, au civisme et à la citoyenneté, d’œuvrer selon les modalités et procédures qu’il lui conviendra d’envisager pour élargir les mesures sollicitées pour nos consœurs et confrères à ces nombreux compatriotes sous les liens de la détention.
Notre société a suffisamment de ressources, de ressorts, de valeurs, de tremplins qui peuvent conduire à l’apaisement souhaité par toutes et tous.

Qu’Allah SWT l’inspire davantage et lui insuffle mansuétude et magnanimité !
Que dieu le miséricordieux cultive en chacun de nous un esprit de discernement, de mesure, de discipline et de compassion dans la vérité et la justice !
Dans un tel élan de concertation, de pardon, de réconciliation et de générosité, l’avenir du Sénégal peut et doit s’écrire en plume lumineuse et radieuse.
« En nous organisant mieux », disait le président Macky Sall, « nous pouvons réussir le contenu local parce que nous avons beaucoup de potentialités pour participer activement dans les activités connexes du pétrole et du gaz ».
C’est ma conviction que le contenu local dans toutes ses déclinaisons est la solution, aussi et surtout au niveau des médias.
Là est l’essentiel avec le vœu de mise en place effective du fonds d’appui au développement du contenu local dont le principal objectif est de soutenir durablement le renforcement des capacités techniques et financières des entreprises et ressources humaines locales.
Les médias en font partie.
Si le pétrole et le gaz doivent être le carburant de l’émergence, les médias doivent en être le catalyseur.
Gageons que ces assises soient le point d’un nouveau départ pour un paysage médiatique sénégalais hautement professionnel, économiquement viable, autrement plus sophistiqué, porteur de plus-value technologique, cognitive, démocratique et sociale.
Merci pour votre confiance et votre aimable attention