vendredi, avril 26, 2024

Local Open Gouvlab : les collectivités locales à l’école des innovations technologiques

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En vue d’asseoir une bonne gouvernance locale, AfricTivistes a lancé, hier, un projet d’accompagnement des mairies sous le thème “L’Afrique à l’épreuve de la gouvernance locale ouverte”.

Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, la gouvernance participative, symbolisée par une ouverture de l’Administration publique et une implication active des populations, se limite aux déclarations politiques, sans engagements concrets et des textes de loi rarement appliqués. C’est fort de ce constat que l’ONG africaine AfricTivistes a mis sur pied le projet ‘’Local Open Gouvlab’’ ou encore le ‘’Laboratoire d’innovation et de la participation citoyenne pour une gouvernance locale ouverte’’.

L’objectif étant de répondre aux besoins des collectivités territoriales et d’accroître la participation citoyenne dans la gestion de la cité. ‘’Dans cette Afrique que nous voulons, le citoyen ne fera plus de critiques ouvertes pour réclamer des services à sa municipalité, car il accédera à toutes les informations, notamment aux différentes lignes budgétaires de la municipalité. Ce citoyen qui grandit dans un environnement de gouvernance locale ouverte, sera une force de contribution et de proposition. Le monde change et nous devons changer avec. La démocratie participative assure la transparence dans la gestion de la chose publique. La bonne gouvernance est gage de stabilité, de prospérité, de sécurité et de développement’’, indique le président d’AfricTivistes.

Ainsi, il sera question d’accompagner les collectivités locales par un dispositif appelé ‘’Parcours accompagné à la gouvernance locale ouverte’’ porté par un volontaire d’AfricTiviste. Ce dernier va mettre son expertise à la disposition des communes pendant six mois, pour développer des outils d’aide à la modernisation de l’administration locale, former et créer des cadres d’échanges, afin qu’elles comprennent cette nouvelle dynamique de la gouvernance locale ouverte.

Suite à un appel d’offres, sept mairies ont été sélectionnées dans quatre pays africains (les maires de Bissau en Guinée-Bissau, Labé et Kouroussa en Guinée, Dan-Kassari et Matankari au Niger, Rufisque et Gueule Tapée-Fass-Colobane au Sénégal). Selon Cheikh Fall, à terme, ce projet devrait répondre à la problématique de l’état civil à laquelle sont confrontées les populations rurales, surtout les enfants et les jeunes. Le jeune Africain doit pouvoir, à partir de son téléphone, déclencher la procédure sans avoir à se déplacer.

‘’Il nous faut d’abord construire des citoyens conscients’’

AfricTivistes et ses volontaires appuieront les communes pour répondre aux besoins identifiés dans le cadre de quatre grands principes : la transparence, la participation citoyenne, la redevabilité et l’innovation technologique. ‘’On a l’habitude d’avoir des systèmes de gouvernance qui commencent par le haut, à un niveau macro et nous avons la pleine conscience que pour construire des pays démocratiques, des pays ayant le respect des institutions, il nous faut construire, d’abord, des citoyens conscients de leur citoyenneté, de leurs devoirs et de leur rôle de citoyen. Pour cela, il faut aller là où ils sont pendant qu’ils sont jeunes, au niveau des collectivités, dans les quartiers, dans les communes où grandissent les enfants, pour impulser une nouvelle dynamique de citoyenneté, de gouvernance ouverte et de participation citoyenne. Afin que ces enfants, à leur maturité citoyenne, aient une relation différente avec la démocratie, les autorités et la gouvernance. Ils ne seront pas des citoyens qui vont passer leur temps à critiquer, mais ils seront impliqués et auront accès à toutes les informations’’, explique le président d’AfricTivistes.

Si le cadre réglementaire d’une bonne gouvernance locale est déjà mis sur pied, il estime qu’il faut un engagement fort des communes et de la volonté politique pour réaliser cette décentralisation des services étatiques.

D’autre part, les maires s’accordent sur le fait qu’une transparence appelle la mobilisation citoyenne. Tous les efforts seront consentis pour sa réalisation. Une bonne transparence appelle la mobilisation citoyenne. ‘’Aujourd’hui, c’est une exigence pour nous de pratiquer cette gouvernance ouverte, car au niveau des collectivités, on nous confie le développement, mais cette population n’est pas consciente qu’elle doit effectivement participer à son propre développement. Raison pour laquelle nous avons saisi cette opportunité d’AfricTiviste pour impliquer les populations dans le développement des collectivités. Aussi, nous sommes conscients que, comme les textes l’exigent, il y a ce principe de redevabilité. Nous devons rendre compte à ceux qui nous ont mandatés’’, soutient le maire de Labé (Guinée) Mamadou Aliou Diallo.

L’exemple de Fass E

L’autre aspect à ne pas négliger, selon les élus locaux, est de trouver les moyens d’appropriation de ce projet par les ruraux qui, pour la plupart, ne maîtrisent pas l’outil numérique. Dans la mise œuvre, AfricTivistes compte faire partager l’expérience de la commune de Fass-Colobane-Gueule Tapée qui a porté le projet Fass émergent (Fass E). Il aura permis à la commune de dématérialiser les procédures administratives, de faciliter l’accès à une information fiable, grâce à un guichet unique, en plus de la construction d’infrastructures sanitaires et d’un centre de transformation des produits céréaliers. Un exemple à dupliquer partout au Sénégal et en Afrique.

Pour le directeur régional du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), ‘’il importe d’intégrer ce modèle qui est fondé sur une démarche partenariale. Fass émergent (Fass E) a démarré par une vaste campagne de mobilisation des partenaires et a connu une forte adhésion et l’engagement fort des partenaires nationaux et internationaux. Pratiquement, l’ensemble des agences du système des Nations Unies y ont participé. De ce fait, nous voyons ici une synergie entre l’opérationnalisation du dividende démographique (projet Fass E) et votre ambitieux programme ‘’Local Open Gouvlab’’. C’est une opportunité à saisir. On ne peut pas avoir une bonne expérience à Fass et ne pas l’avoir à Keur Massar ou à Guet-Ndar. Cela ne fait pas avancer les choses. Chacune des communes doit l’avoir. Nous devons penser au passage à l’échelle, car nous en avons besoin’’, fait savoir Mabingué Ngom. Qui rappelle que l’Afrique compte 725 millions de jeunes de moins de 25 ans (plus que la population entière de l’Europe) et dans quelques années, ils seront 1,4 milliard, soit quatre fois la population de l’Europe.

AfricTivistes est une organisation africaine de plus de 200 membres dans 40 pays du continent et en Haïti. C’est un réseau d’acteurs de changement, de web-activistes pro-démocratie utilisant le numérique comme outil de transformation civique, sociale et politique. Ses membres entendent, par ce projet, être une force de proposition, en dépit de leur ligne contestataire.

Emmanuella Marame Faye

(Source : Enquête)