jeudi, mai 2, 2024

Digital littératie : Pourquoi il nous faut un baccalauréat digital au Sénégal ?

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La Direction de la Promotion de l’Économie Numérique et du Partenariat du Sénégal a rédigé en Novembre 2020, un rapport portant sur l’Étude pour l’élaboration d’un plan de diffusion du numérique dans les activités économiques du Sénégal.

Au cours de mes lectures, une note de bas de page a attiré mon attention. Il s’agit surtout des compétences liées aux technologies de l’information et de la communication autrement appelées compétences digitales. La note dit:  » La maîtrise des technologies pour faciliter l’accès à l’information commerciale et la gestion de l’offre de services nous semble essentielles à leur stade de développement« .

Aussitôt, j’ai compris la dynamique de développement qui anime les acteurs institutionnels  à vouloir accompagner les secteurs économiques classiques comme : le commerce, l’agriculture, la pêche, l’artisanat, le transport…. à travers le numérique.

D’ailleurs, si en 2018, l’agriculture employait 35% des actifs et contribuait à hauteur de 17% du PIB, l’industrie employait 20% des actifs et contribuait à hauteur 26% du PIB, et les services employaient 45 % des actifs et contribuaient à hauteur de 54% du PIB (source : CNUCED et  ANSD), avec le numérique ces pourcentages pourraient considérablement être revus  à la hausse.

Avec le numérique, nous pouvons être certain, que ces secteurs pourraient connaître une croissance fulgurante avec l’appui des outils digitaux tels que: agriTech (capteur humidité, système d’arrosage intelligent), l’intelligence artificielle, la domotique, l’e-commerce … Mieux, on pourrait doter chaque secteur d’un système d’information accompagné d’un ERP, CRM qui digitalise la chaîne de valeur.

Cependant, les compétences numériques dans les secteurs d’activités porteuses restent relativement faibles. Si certains pensent que des renforcements de capacités sont nécessaires, je propose une réadaptation des programmes scolaires et des curriculums de l’enseignement supérieur

Personnellement,  Il me semble plus opportun et plus disruptif d’élaborer un nouveau référentiel des profils métiers capable de comprendre et de supporter les projets digitaux. C’est là que nous proposons le baccalauréat digital comme solution de rupture et avant gardiste.

Quelles solutions préconiser?

Alors, notre projet de baccalauréat numérique donnera à tous les lycéens les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXIe siècle. Il va également approfondir les compétences numériques des jeunes ainsi que leurs compréhensions des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (l’intelligence artificielle, le Big data, la nanotechnologies, les neurosciences, la domotique, la protection des données à caractère personnel……bioéthique, etc.).

Toujours est-il que les jeunes qui n’ont pas la chance de décrocher le baccalauréat pourraient, avec les compétences acquises au cours des études secondaires, créer une entreprise ou accompagner les secteurs de production classiques à digitaliser leurs chaînes de valeur ou travailler comme assistant technique à côté des techniciens supérieurs. Ce qui permettrait de moderniser les secteurs porteurs de croissance comme l’agriculture, le transport, l’artisanat, la pêche, l’élevage etc.

Suivez ma logique, cette année au Sénégal sur 151.432 candidats au BACCALAURÉAT, 68.548 ont réussi et devront être orientés dans les universités et ISEP du Sénégal. Leurs compétences générales sont répartis autour de dix-huit (18) séries que compte l’enseignement général. À l’examen du baccalauréat 2021 le taux réussite par série se présente comme suit:

Série technique 4%, soit  2485

Série scientifique 21%, soit 14242

Série littéraire 76% soit 51821.

Nous constatons le faible taux de réussite des jeunes dans les séries techniques et les séries scientifiques ainsi que le pourcentage élevé de réussite dans les séries à vocation littéraire .

En effet, pour mieux accompagner la réflexion émise ci-haut, le baccalauréat digital serait la meilleure solution pour résorber le gap lié à l’employabilité des jeunes afin de lutter contre le chômage également. 

Saviez-vous qu’en 2021 plus 82.884 jeunes ont échoué au BAC? En guise de preuves, on note 41% du taux d’échec scolaire au Sénégal.

Par ailleurs, il est important de comprendre la complexité de l’échec scolaire. Il  désigne la non‐réussite de l’élève à l’école. Cette expression sous-entend plusieurs réalités qui varient selon le contexte et le point de vue que l’on adopte. Auparavant attribué au quotient intellectuel de l’élève, il est aujourd’hui reconnu que l’échec scolaire est multifactoriel. L’élève n’est plus le responsable de son échec, il en devient la victime. La responsabilité s’est automatiquement tournée vers le système éducatif et peut être les (autres) parties prenantes. L’échec scolaire étant multifactoriel, la responsabilité en devient partagée.

Malick FAYE

IT & Digital Project Manager

Enseignant – Formateur

@m6informatique.com