mardi, mars 19, 2024

Cheikh Bakhoum sur le hacking à l’ARTP: « aucune entité n’est à l’abri d’un piratage informatique»

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Le Directeur Général de Sénégal Numérique SA s’est prononcé sur  l’attaque informatique qui a secoué récemment  l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes ( ARTP). Cheikh Bakhoum, très conscient des conséquences de l’attaque,  soutient  qu’aucune entité n’est à l’abri d’un piratage. Mais, précise-t-il,  cela doit être un combat national qui doit faire collaborer de nombreuses expertises dans des domaines divers et de manière permanente.

La cybercriminalité est un phénomène très complexe, difficile à cerner. C’est pourquoi, l’Etat du Sénégal mise sur un travail collaboratif de toutes les entités pour faire face  à ce  fléau mondial. C’est ce que semble dire le Directeur général de Sénégal numérique SA. Dans un entretien avec nos confrères de l’Observateur, Cheikh Bakhoum souligne que la cybercriminalité est aujourd’hui un fléau global contre lequel même les plus grandes puissances économiques et militaires ont du mal à faire face.

«Il est presque naturel qu’un pays qui a l’importance géostratégique du Sénégal soit la cible de beaucoup de tentatives. C’est un combat national qui doit faire collaborer de nombreuses expertises dans des domaines divers et de manière permanente.
Ce n’est pas la première fois que cela touche des services de l’Etat.»

Pour l’ingénieur « la  solution à la lutte contre la cybercriminalité est une œuvre commune et inclusive de bien des acteurs. Mais elle réside d’abord dans une coopération internationale accrue et nécessite des moyens financiers et technologiques extrêmement importants dont notre pays ne dispose pas forcément. »

«Sur instruction du Président de la République, Son excellence Monsieur Macky Sall, des avancées significatives ont déjà été enregistrées, notamment, la mise en place d’un cadre national de gestion de la cybersécurité avec l’implication de tous les acteurs concernés, aussi bien étatiques que du privé. Cela a abouti à la mise en place de la Stratégie nationale de cybersécurité Sénégal 2025 ainsi que de la politique nationale de sécurité à destination de toute l’administration sénégalaise. Un programme très important de ce chantier a concerné la formation ainsi que la sensibilisation, qui a abouti à la mise en place de l’école nationale de cybersécurité à vocation régionale. C’est également dans ce cadre que le Sénégal a mis en place un Datacenter à Diamniadio ou Centre de données de l’Etat de type Tier 3 d’une capacité de 2000 To, inauguré le 22 juin 2021 par le Président de la République. Cet important investissement entre dans le cadre du programme smart Sénégal, dont la mise en œuvre technique était confiée à la société nationale Sénégal numérique Sa (Ex-Adie).»

Il ajoute : «cette infrastructure, de dernière génération, logée dans la ville numérique de Diamniadio, ambitionne d’être l’un des plus grands Centres de ressources de l’Afrique de l’Ouest. Sa grande capacité de stockage et sa modernité permettront d’asseoir de  manière pérenne, la souveraineté du Sénégal sur les données. A cet effet, Son Excellence Monsieur le Président de la République avait instruit l’ensemble des administrations publiques d’héberger leurs données dans ce Datacenter pour garantir la sécurité des données de l’Etat. Cela a pour objectif d’aboutir à une véritable culture de la cyber-sécurité dans notre administration.»

Des experts outillés pour faire face aux attaques cyber-criminelles 

Selon Cheikh Bakhoum, le Sénégal dispose de ressources humaines de qualité pour faire face à un tel phénomène, qui constitue une grande préoccupation pour tous les pays, y compris les grandes puissances économiques et technologiques.«Donc effectivement, nous avons des experts et aussi un dispositif assez important mais face aux hackers, on n’est jamais assez outillés tout seul pour faire face aux attaques » dit-il.

Des données personnelles des agents de l’ARTP ont été publiées le 17 octobre dernier, à la suite d’un piratage. L’attaque est revendiquée par le groupe de hackers Karakurt qui réclame 70.000 dollars au gendarme des télécoms. Les hackers ont infiltré le  système informatique  de l’ARTP avant de voler plus  de 149 Go de données   dont 100go ont été déjà divulgués au grand public. Les données concernent des mails, des échanges très confidentiels entre les travailleurs et quelques ministères de la République.